Église Orthodoxe - French Flowers of Orthodoxy 1

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The Flowers of Orthodoxy









Église Orthodoxe


French Flowers of Orthodoxy 1


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Conversion de meurtriers à la Confession Divine

Le défunt Prédicateur et Père Confesseur, l'Archimandrite Venedictos Petrakis (+1961), rapporte ce qui suit :

"Grâce à la prédication et au sacrement de la Confession, au moins dix meurtres planifiés ont été évités !

L'un de ceux qui a renoncé à ses projets meurtriers, dès qu'il est sorti de l'église après la confession, a commencé à dire à ceux qui se trouvaient sur la place : "Courez tous chez le Père Confesseur pour vous rendre humains ! Lui-même, non seulement a renié le meurtre et pardonné à ses ennemis, mais il a réussi à les amener à se confesser.

Dans un autre village, une vieille femme, dont le fils unique avait été tué, a quitté l'église immédiatement après la confession, s'est précipitée dans le magasin, s'est approchée du meurtrier de son enfant et lui a pardonné.  En fait, elle l'a exhorté à se confesser ! Le meurtrier, profondément ému, s'est rendu en larmes au sacrement de la Confession !

Dans un autre village de la même région, certaines personnes qui étaient venues avec l'ordre et la décision de m'exécuter, se sont repenties et se sont confessées...".

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La conversion du Père Nikolaοs Loudovikos de l'athéisme à l'Orthodoxie avec l'aide de Saint Porphyrios

Le Père Nikolaos Loudovikos:

Quand j'avais 20 ans, j'étais anarchiste...
J'avais les cheveux longs, des boucles d'oreilles et j'étais tyrannique envers les personnes spirituelles, mes professeurs...
Ils m'ont envoyé dans un internat chrétien et j'ai créé le chaos...
Un jour, à l'instigation d'un oncle, j'ai décidé de rendre visite au Père Porphyrios...
Je pensais rencontrer un vieil homme naïf, mais je me suis vite trompé...!!!!
Dès que l'Ancien m'a vu, il m'a dit:
"Eh bien, tu veux croire, mais ton esprit fort ne te le permet pas...!
Mais d'une manière ou d'une autre, sache qu'il t'aime, que le Christ t'attend et qu'il te gagnera un jour...!!!
Hé, viens demain et on en reparlera!"
Le lendemain, je suis allé lui parler...!
Dès que l'Ancien m'a vu, il m'a dit:
"Hé, tu aimes les poème? Parce que moi aussi je suis poète.
Si nous allions dans la forêt pour te réciter des poèmes ?"
Il m'a pris par la main et a commencé à réciter des poèmes...!
En l'écoutant, j'ai fondu en larmes et j'ai pleuré. Pourquoi?
Parce que les poèmes que l'Ancien récitait étaient mes poèmes...!!!
Ceux que j'avais écrits et cachés dans un carnet, croyant qu'un jour je les publierais...
J'étais choqué !

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Un jeune homme, qui se trouvait à Athènes, Grèce, en 1963 pendant les mois d'été, fut tenté par la chair au-delà de ses forces. Il décida de mettre fin à ses luttes pour la tempérance car, disait-il, il ne pouvait plus supporter le fardeau de la chair. Il pensa à son Ancien, Amphilochios Makris de Patmos, mais il était trop loin pour l'aider. Il quitta la maison et se dirigea vers le centre d'Athènes. La nuit commençait à tomber. Le trajet a duré une heure. Il a continué à prier, mais la flamme de la chair ne se calmait pas. Alors le jeune homme, qui n'était jamais allé au cinéma, se dit : "Je vais commencer par un film interdit", qui était alors projeté au cinéma Rex. Il a acheté le billet et s'est tenu devant les affiches publicitaires. Inexpérimenté, il ne comprenait presque rien. Après avoir plissé les yeux pour regarder, il tourna la tête au cas où quelqu'un qu' il connaissait le verrait. Et à côté de lui se trouvait la silhouette d' Ancien Amphilochios en larmes! Tout s'arrêta là. Il retourna chez lui et pleura amèrement comme Pierre.

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"Poèmes des feuilles..."

Abel-Tasos Gkiouzelis



Comme les rivières
qui rencontrent 
la mer, enfin. 


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Poèmes courent dans la mer
comme des jardins 
sur la plage. 


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Moments crépusculaires
en écoutant de la musique 
dans le son du silence. 


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Tu peines
l'aquarelle de ton cœur
en ce moment. 


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Un peu d'espace
dans le cœur
pour cet amour aux couleurs profondes. 


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Un voyage
de notre cœur 
dans le cœur de Dieu. 


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L'eau rencontre
le lac 
de souvenirs. 


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Nid d'hirondelle
de plumes rouges
souriant. 


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C'est plein de
calices de fleurs 
le cœur de Dieu. 


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Chaque grand guignol
Dieu le transforme
en un magnifique Grand-Canyon. 


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Dieu dit
viens dans mon cœur
Mon petit coeur. 


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La mélodicité
des jardins de roses viola
le parfum de l'âme. 


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Do re mi notes
des jardins de roses
en harmonie. 


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Des poèmes qui
commencent par un vœu
de fleurs. 


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Dans un amour
de cœur à cœur
face à face.  


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Poèmes pour
les oiseaux pour les forêts
pour les peintres.  


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Poèmes pour
les rivières pour Toi
pour les larmes. 


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Une sonate bleue
en verre de cristal 
une lamprophonie. 


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Dans le jardin de Gethsémani,
tu remplis des verres avec
des poèmes de prière. 


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Un peu loin du fond
de ton âme
une source de cristal.  


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La quête de l'Orthodoxie

Père Seraphim Rose, Platina, Californie, USA (+1982)

Dans de nombreux endroits et de nombreuses manières différentes, les gens cherchent et trouvent aujourd'hui les racines du Christianisme dans l'Orthodoxie. Des choses que nous tenons pour acquises sont pour eux des découvertes surprenantes, comme les suivantes: La grandeur de nos Divines Liturgies, dont l'origine remonte aux premiers temps du Christianisme, et qui sont éminemment adaptées au besoin de l'âme humaine d'adorer Dieu en esprit et en vérité. La profondeur de l'enseignement spirituel, contenue dans les écrits des Saints Pères. Tout simplement, la continuité avec le passé du Christianisme, puisque nous ne tirons pas nos origines d'un maître relativement récent, mais du Christ Lui-même et de Ses Apôtres ; et nos évêques et prêtres ont reçu leur ordination en ligne directe,  remontant jusqu'aux Apôtres. Avec ces racines, si nous vivons consciemment la vie chrétienne, nous pouvons être d'une grande aide pour ceux qui sont fatigués des interprétations personnelles du Christianisme et qui désirent de tout leur coeur le "vrai vieux Christianisme", l'Orthodoxie.

* * *

Toute la politique se dirige vers un gouvernement mondial qui ne peut être qu'un esclavage mondial.

* * *

Aujourd'hui, les gens cherchent la vérité, ils cherchent le Christ, ils cherchent l'Orthodoxie. Nous, qui sommes déjà orthodoxes, pouvons contribuer à la leur donner.

* * *

Tout dans cette vie va et vient. Il ne reste que Dieu. Ce n'est que pour Lui que cela vaut la peine de se battre. Nous avons le choix suivant : soit suivre le chemin de ce monde, de la société qui nous entoure et nous retrouver si loin de Dieu ; ou choisir le chemin de la vie, choisir Dieu Qui nous appelle et que notre cœur cherche. Suivons le chemin de Saint Germain d'Alaska et mettons dans nos cœurs la décision profonde : à partir de ce jour, de cette heure, de cette minute, aimons Dieu par-dessus tout.

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Marc-Elie Seraphim, France: Comment suis-je devenu orthodoxe?

C’est sans doute la question qui m’a été posée le plus souvent ces dernières années. N’aimant guère parler de moi-même, j’ai généralement noyé le poisson dans quelques vagues généralités.

Aujourd’hui, après de longues hésitations, j’ai consenti à répondre.

Pourtant, alors que je prends la plume, je me dis que j’ai été bien imprudent, inconscient même, d’accepter un exercice aussi difficile, délicat et périlleux. Difficile, parce qu’il est, au fond, impossible de raconter en quelques pages ce qui est le fruit d’années de cheminement.

Délicat, parce qu’il y a dans ce parcours – comme dans tout cheminement spirituel – un mystère proprement indicible, une dimension si profonde et personnelle qu’on ne peut qu’avoir énormément de réticence à en parler.  Mais, si ma main frémit, c’est surtout que j’ai peur de parler davantage pour ma propre gloire que pour la gloire de Dieu.

Je viens d’utiliser le mot « cheminement ». J’aurais aussi pu parler d’une série de passages – au sens de Pâques –, d’une succession de morts-résurrections. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Je vois vraiment non seulement mon itinéraire spirituel, mais toute la vie comme une marche ininterrompue, un pèlerinage intérieur et une ascension toujours recommencée vers le Royaume des cieux, qui est au milieu de nous et en nous. Sur ce chemin, il y a tout ce dont l’existence est faite, mais surtout des rencontres, des personnes à travers lesquelles – sans que j’en sois toujours conscient – Dieu est venu à ma rencontre et m’a montré la voie.

Que dire de mon itinéraire spirituel et de ses différentes étapes ?

D’abord, il y a eu le temps de l’enfance, dans une famille catholique plutôt pieuse mais non rigoriste, avec le catéchisme et la messe plus ou moins « obligatoires ».

Ensuite, juste après ma confirmation, est venu le temps de la révolte de l’adolescence contre une Église jugée – à tort ou à raison – comme pharisienne, hypocrite, moralisatrice, culpabilisante. Rébellion qui va m’amener à jeter le bébé (le Christ) avec l’eau du bain (l’institution et ses dogmes).

À partir de 15 ans, je peux dire que j’étais agnostique, mais travaillé en profondeur par les grandes questions métaphysiques: qui suis-je ? quel est le but de la vie ? pourquoi la souffrance et la mort ? etc.  

Le temps de la quête avait commencé. Lecture des grands auteurs existentialistes,  études de sociologie et engagement journalistique, tout cela m’exaltait, mais rien ne me satisfaisait complètement. Il restait au fond de moi comme une béance secrète. J’avais, intuitivement, le sentiment que l’homme ne peut pas être à lui-même son propre sens, la source de sa propre vie.

Taraudé par ce manque, fatigué par « les petites éternités de jouissance » dont je relevais mon quotidien, je décidai en 1983 – terme de ma formation journalistique – de prendre une année sabbatique pour réaliser un vieux rêve : le voyage en Orient. Je passerai, de fait, quelque neuf mois dans le sous-continent indien.

Ce voyage, si riche et bouleversant que je n’ai toujours pas fini de le digérer, fut un temps de l’éveil. L’un des moments capitaux eut lieu dans le désert de Thar (Rajasthan). Le corps limé et l’âme polie par la route, j’étais descendu au petit matin au bord d’un étang dans lequel se mirait un temple.

Là, dans le silence et la solitude de l’aube, dans cette transparence cristalline de l’eau et de l’air, j’ai été soudain comme submergé par une force de paix, de plénitude, de lumière.  Les larmes, abondantes, coulaient sans raison. Entre le monde et moi, tout soudain était communion, amour, harmonie.

Cette expérience était-elle une illusion – je me méfie plutôt des états mystico-extatiques – ou une manifestation de la Gloire divine qui irradie en permanence les êtres et les choses? Je ne sais pas et je préfère ne pas me prononcer. Peu importe d’ailleurs.

L’essentiel – ce dont je suis sûr – c’est qu’après rien n’était plus comme avant. Mon cœur avait été touché, une autre dimension de la conscience s’était ouverte en moi. Oui, il y a au plus profond de l’être et du monde une force, un Etre, une Présence infinie, au-delà du temps et de l’espace, qui transcende le réel et qui le fonde.

Oui, l’homme est un mélange de finitude et d’infini, de temporel et d’éternel. A ce moment-là, cet Être, ce Tout-Autre était encore impersonnel. Il n’avait ni nom, ni visage. Je n’osais pas encore l’appeler Dieu. Mais il était.

De retour en Suisse s’imposa le temps du questionnement.  L’existence de ce Tout-Autre dont j’avais eu l’intuition remettait tout en cause. Les questions se bousculaient dans mon esprit: quelles conséquences dois-je en tirer pour ma vie ?

Puis-je simplement continuer comme avant, reproduire le même bonheur facile et superficiel ?  Un désir d’infini et d’éternité brûlait en moi. Je ressentais comme une indicible nostalgie de cette paix et de cette unité à laquelle il m’avait été donné de goûter.

Des auteurs comme Karlfried Graf Dürckheim et René Guénon me permirent de comprendre, de mettre des mots sur ce qui m’arrivait. Tout devenait clair: pour rester en contact avec cet Etre suprême, Principe de toute existence, il fallait me rendre « transparent », me libérer de mon ego et de ses illusions. Pour cela, les livres ne servaient à rien. Je devais me mettre en chemin. Il fallait une pratique de transformation spirituelle. Différentes rencontres, certaines affinités esthétiques firent le reste: le temps du zen pouvait commencer.

Laïc, sans dogmes ni croyances, « neutre » donc universel, centré sur l’expérience immédiate de l’esprit humain et non sur l’étude des textes, le zen me convenait très bien. Je m’y engageai avec beaucoup de zèle, notamment au sein d’une communauté réunie autour d’un centre de rencontres spirituelles et de méditation dans le Jura neuchâtelois. Par sa rigueur et ses exigences alliées à une étonnante fraîcheur, cette pratique a été fondatrice pour toute la suite de mon cheminement.

Ce travail de vidage et de vidange du moi, d’ouverture intérieure, de dépouillement et d’approfondissement, allait paradoxalement, secrètement, permettre à la grâce de mon baptême de se réactiver. Un jour, en pleine session zen, la figure du Christ remonta ainsi à la surface, resurgit des profondeurs de l’être.

Fabuleux humour de Dieu qui écrit droit avec des lignes courbes: cet Etre impersonnel et abstrait dont j’avais pris conscience en Inde prenait, par la pratique d’une forme impersonnelle de méditation, un visage et un Nom personnels: Jésus-Christ. Comme saint Augustin, j’avais envie de crier : « Mais toi, Seigneur, tu étais plus intérieur que ce qu’il y a en moi de plus intérieur, et plus élevé que ce qu’il y a en moi de plus élevé ».

Alors, je partis à la recherche de mes racines chrétiennes. Avec cette question, lancinante: existait-il dans le christianisme une voie offrant les éléments que la spiritualité orientale m’avait montrés comme essentiels à tout cheminement: des pratiques de transformation intérieure, une vraie «tradition», une relation maître-disciple vivante ?

René Guénon – qui mentionne l’hésychasme comme «voie initiatique» –, diverses rencontres à la faveur notamment d’une enquête journalistique sur les conversions, un reportage en Egypte chez les Coptes m’amenèrent tous à la même réponse: une telle voie existait dans le christianisme oriental.

Étrangement, une conversation que j’avais eue avec une amie deux ans auparavant me revint en mémoire avec une intensité et une insistance inhabituelles. Elle m’avait parlé alors d’un monastère « extraordinaire », fondé en Angleterre par l’archimandrite Sophrony (1896-1993), un moine orthodoxe – disciple du starets Silouane (1866-1938), canonisé en 1987 par la Patriarcat œcuménique de Constantinople – qui avait vécu plus de vingt ans au mont Athos, notamment comme ermite et père spirituel de plusieurs communautés. Ce souvenir m’obséda tellement que je finis par me rendre en Grande-Bretagne.

Le séjour au monastère Saint-Jean-Baptiste (Essex) fut absolument bouleversant. Outre l’accueil réservé à chaque visiteur (véritablement reçu comme le Christ) et la proximité entre moines, moniales et pèlerins qui se côtoyaient en toute simplicité, partageant les mêmes espaces de vie, trois choses m’ont frappé lors de ce premier séjour.

D’abord, l’extrême attention accordée à la personne, le respect absolu de son unicité. De ce respect naissait visiblement une étonnante liberté, laquelle prenait son sens et sa consistance dans le don et l’oubli de soi pour le service de l’autre.  Je découvrais ce que signifie «vivre en Église», mode d’existence qui fait – ou devrait faire – de l’Église autre chose qu’une société simplement humaine.

Ensuite, l’office de la prière de Jésus. Je me souviendrai toujours quand, dans la fraîcheur du petit matin, je suis entré pour la première fois dans l’Église Saint-Silouane.  

Tout baignait dans une lumineuse pénombre, irradiée par les veilleuses devant les icônes. Le silence régnait, rehaussé par le chant des oiseaux qui filtrait à travers les impostes.

Et pendant deux heures, cette prière psalmodiée en d’innombrables langues, slavon, grec, français, anglais: « Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, aie pitié de nous ».  Si je l’ai récitée au début quasiment comme un «mantra», cette prière allait devenir, au fil du temps, un face-à-Face personnel, vivant, pacifiant, purificateur, avec le Christ.

Dans le tréfonds du cœur, un moyen de communion avec Dieu, mais aussi un combat ardu et souvent épuisant contre les passions et pensées parasites. J’étais fasciné à l’idée que cette prière était née dans le désert d’Egypte au IVe siècle.

Cette première rencontre avec l’orthodoxie était donc aussi un retour aux racines du christianisme et de l’Europe, à l’Église une et indivise des premiers siècles.

Enfin, j’ai été bien sûr touché par la beauté des offices liturgiques, célébrés avec une profondeur qui – je le compris plus tard – était l’expression simultanée de la joie pascale et de la douleur de la Croix.

Que ce soit dans la prière de Jésus ou dans la liturgie, j’ai été immédiatement fasciné par la place donnée au corps, mobilisé dans tous ses sens – la vue par les icônes et les bougies, l’ouïe par les chants, l’odorat par l’encens, etc. – et par une série de gestes: signes de croix, prosternations (métanies)...

L’Inde, par le choc avec sa réalité nue, m’avait fait découvrir non seulement que j’avais un corps, mais que j’étais un corps. L’orthodoxie, à travers ses offices liturgiques, ses jeûnes fréquents, sa tradition ascétique, allait m’apprendre que la rencontre et l’union à Dieu passe aussi par le corps.

Pendant ce séjour, il ne me fut pas possible de voir le père Sophrony, malade. Juste avant de partir, l’un des moines me donna un tchotki à cent nœuds, un chapelet de laine noir confectionné au mont Athos. Je le reçus comme un signe non seulement d’encouragement à la prière, mais aussi de lien spirituel.

Je passerai sous silence ce qu’il me fut donné de vivre à mon retour. Je dirai simplement que mon cœur était blessé d’amour et qu’une porte s’était entrouverte, révélant mon néant et mes ténèbres intérieures devant Dieu.

« Repentez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche » (Mt 4,17), dit le Christ au début de son Evangile. Sans doute n’ai-je pas encore commencé à me repentir, mais j’ai appris que cette métanoïa est la clé de la vie spirituelle. Indissociable de l’humilité, elle est le moteur de la transformation du vieil homme en homme nouveau, de l’ouverture à l’Esprit.  

Oui, ce n’est qu’en reconnaissant mes faiblesses, mes imperfections, la poubelle qu’est mon âme, que je peux m’ouvrir à la miséricorde de Dieu, à l’amour qui est pardon et patience.  C’est cet amour, cette compassion qui change la substance même des choses, qu’il m’a été donné de découvrir d’emblée dans l’Église orthodoxe.

Ayant très naturellement abandonné le zen pour la prière de Jésus, je me plongeai avec passion dans les lectures qui m’avaient été recommandées au monastère: outre l’Evangile et les Psaumes, notamment le livre du père Sophrony sur le starets Silouane, un ouvrage sur la prière de Jésus de saint Ignace Briantchaninov et l’Essai sur la théologie mystique de l’Église d’Orient de Vladimir Lossky. Les finesses théologiques, bien sûr, m’échappaient, mais deux points résonnèrent tout de suite puissamment en moi.

D’abord, l’unité profonde, indissociable, entre théologie et mystique, exprimée par la formule célèbre d’Evagre le Pontique: « Si tu es théologien, tu prieras vraiment, et si tu pries vraiment, tu es théologien ». Autrement dit, il n’y a pas de vraie théologie sans connaissance du mystère de Dieu. Et connaître ce mystère, c’est le vivre, dans une expérience de l’Esprit saint qui dépasse, crucifie et transfigure la raison.

Le deuxième point qui me parla très fort, c’est la conception orthodoxe du salut. Non pas comme «rachat» ou «rédemption», mais comme «transfiguration» et «déification». «Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu», déclare saint Athanase d’Alexandrie.  

Chez les pères orthodoxes, l’être humain est toujours vu d’abord en référence l’image divine qui est en lui et non par rapport à son péché. Et le péché n’est pas défini comme la transgression juridique d’une norme éthique, mais comme le refus de l’amour du Père,  l’éloignement de Dieu dû à l’orgueil et aux maladies spirituelles de l’âme et du corps.

D’où une approche thérapeutique et non culpabilisante du péché, ainsi qu’une vision ontologique de la sainteté: « Saint n’est pas celui qui a atteint un degré élevé dans le domaine de la morale humaine ou dans une vie d’ascèse et même de prière (les pharisiens aussi jeûnaient et disaient de "longues" prières), mais celui qui porte en lui le Saint-Esprit », dit le père Sophrony.

Je comprenais ainsi que le christianisme n’est pas d’abord une éthique, mais un mode d’être spirituel, une voie d’union à Dieu, une vie crucifiée et ressuscitée qui fait de nous une créature nouvelle.

Les commandements du Christ ne sont pas des lois sur le mode d’un «tu feras, tu ne feras pas», mais des «énergies divines» par lesquelles nous pouvons devenir – dans notre vie, notre conscience et notre pensée – semblables au Christ.

Quant à l’Église, elle n’est pas d’abord une instance morale, ni une agence caritative ou humanitaire, mais le grand hôpital de l’âme, le lieu où nous sommes sûrs de pouvoir recevoir le Dieu vivant et participer à son Royaume.

Peu à peu, je découvrais un autre visage du christianisme que celui dont j’avais le souvenir. Un visage qui me séduisait, m’enchantait. Surtout, loin d’être une abstraction, une belle vision de l’esprit, ce christianisme était vécu, incarné – imparfaitement sans doute, mais non moins réellement – par des communautés et des personnes.

De retour au monastère Saint-Jean-Baptiste quelques mois après ma première visite, j’eus la grâce infinie de rencontrer l’archimandrite Sophrony.

Une rencontre qui marque, à l’évidence, un tournant dans mon existence.

Il y aurait mille choses à dire sur cet homme de Dieu, reconnu par tous comme un authentique starets. Mais, selon son désir, je resterai discret. Je ne dirai qu’une seule chose, capitale pour mon cheminement: j’avais sous les yeux un témoin de la vie en Christ, de la connaissance de la Trinité.

Je voyais dans cet ancien ce qu’était une « personne », un être de communion avec Dieu et les autres.  Devant tant d’amour et de liberté, de lumière et de vitalité créatrice, je pouvais donc avoir confiance dans la voie, la tradition dont il était porteur.

J’ai « flirté » ainsi, si je puis dire, intensément pendant plus de deux ans avec l’orthodoxie, me familiarisant avec ses rites, sa théologie, visitant régulièrement le monastère Saint-Jean-Baptiste, commençant à fréquenter les paroisses orthodoxes de Fribourg et de Chambésy.  Je passais de la croyance héritée de mon enfance à la foi, c’est-à-dire à une relation vivante, personnelle, avec le Christ.

Assez vite, je manifestai le désir de devenir orthodoxe. Mais le père Sophrony freina mon élan, estimant que je devais « simplement » (!) m’efforcer de « passer mes journées sans péché » et que cela pouvait se faire n’importe où (à cet égard, je ne crois pas qu’il y ait moins prosélyte que l’Église orthodoxe).

 Il m’a donc fallu attendre plus de deux ans pour pouvoir faire le pas. Avec le recul, je pense que cette attitude de réserve, d’appel à la patience, était pleine de sagesse.

Ce temps de l’attente, véritable kénose, s’est donc révélé très profitable, fécond. Il m’a permis d’approfondir ma foi, d’aller au bout de certaines questions, d’affronter certains doutes, de faire ma catéchèse, de perdre d’emblée certaines illusions sur l’Église orthodoxe, de mettre à l’épreuve la profondeur de mon désir. Il m’a permis également de régler la question de mes origines catholiques.

Devant la fin de non-recevoir du père Sophrony, j’ai en effet essayé de renouer avec ma tradition d’origine.  Malgré ces efforts, les personnes remarquables que j’ai rencontrées, la mayonnaise, comme on dit, n’a pas pris. J’étais déjà ailleurs, irrésistiblement attiré par la spiritualité chrétienne orientale où je respirais avec ampleur.

Et puis, autant je me sentais en symbiose avec la théologie et l’ecclésiologie orthodoxes, autant je butais sur certains aspects du catholicisme romain, notamment l’institution du pape, la conception de l’Esprit saint, un certain juridisme ambiant...

En 1990, je vécus la Semaine Sainte au monastère Saint-Jean-Baptiste. Une véritable mort-résurrection avec le Christ qui rendit mon « passage » – au sens de Pâque – à l’orthodoxie aussi évident qu’inéluctable.

Ce « passage » – j’en étais sûr maintenant – n’était ni une affaire de convenance, ni un choix esthétique purement subjectif, mais une nécessité intérieure. J’aurais envie de dire: une question de vie et de mort.

Le père Sophrony le comprit et, quelques semaines plus tard, j’entrais dans la communion sacramentelle de l’Église orthodoxe au monastère. Afin de marquer cette Pâque personnelle, de manifester ce désir d’entrer dans une vie nouvelle, le père Sophrony me donna le prénom de Maxime, me plaçant sous le patronage de saint Maxime le Confesseur, disciple de saint Sophrone de Jérusalem.

On l’aura compris. Mon «passage» à l’orthodoxie n’est pas le résultat d’une réflexion intellectuelle ou d’une fascination plus ou moins exotique, mais le fruit d’un long cheminement spirituel. Il n’y a en lui ni rejet, ni reniement, ni trahison d’une autre confession.  

Vu mon long éloignement de l’Église catholique, il ne s’agissait ni d’un changement – encore moins d’une rupture –, mais d’une réintégration, ailleurs, dans le corps du Christ qui est l’unique Église. Je n’ai pas choisi une confession par opposition à une autre, après un savante comparaison de leurs vertus et degrés de vérité respectifs.

Non, j’ai simplement suivi le chemin qui s’ouvrait et se déroulait sous mes pas, obéi à un attrait très fort, irrésistible même, pour une Lumière à l’éclat et à la pureté extraordinaires. En ce sens, ma conversion est essentiellement de l’ordre de l’accomplissement.

En fait, je ne me suis pas converti à l’orthodoxie, mais au Christ, qui est le chemin et la vérité.  Il faut ici clairement distinguer entre être orthodoxe et vivre en orthodoxe, c’est-à-dire en chrétien.

Autrement dit, on est orthodoxe par son «incorporation» sacramentelle et la foi que l’on confesse, mais on devient chrétien par sa vie, par l’acquisition de l’Esprit saint à travers l’assimilation et la mise en pratique de l’Evangile.

Entrer dans cette vision-là, c’est évidemment tout le contraire d’une affirmation confessionnelle autosatisfaite, exclusive, nationaliste, ethnique ou triomphaliste.

Personnellement, je me sens chrétien avant d’être orthodoxe. Ou plutôt je ne conçois l’orthodoxie que comme synonyme de la vie chrétienne, évangélique, en plénitude. En ce sens, devenir orthodoxe, ce n’est pas seulement se couvrir d’un nouveau manteau tissé de rites et de formulations théologiques, c’est revêtir le Christ lui-même. Mais revêtir le Nouvel Adam, qu’est-ce sinon accepter de mourir au vieil Adam, changer de peau et de vie ?

J’ai dit que mon entrée dans la communion sacramentelle de l’Église orthodoxe était un accomplissement. En conclusion, j’aurais envie d’ajouter qu’elle est en réalité un commencement.

Car la vraie conversion – la seule qui compte, au-delà de toute appartenance ecclésiale –, c’est la métanoïa dont parle Jésus au début de l’Évangile, le retournement de tout notre être, de notre cœur le plus profond, par lequel « notre pauvreté humaine se tourne vers la grâce de Dieu » (André Louf). Or, dans la mesure où je reste pécheur, cette révolution intérieure n’est jamais faite une fois pour toutes.

Elle ne s’interrompt ni ne se termine jamais. Elle est un mouvement infini, un devenir qui n’en finit pas d’advenir. Elle est le chemin à la suite de Celui qui est le Chemin, qui chemine avec moi et en moi: le Christ qui fait toutes choses nouvelles.

Être orthodoxe, pour moi, c’est me dire chaque matin comme saint Antoine: «Aujourd’hui je commence».

Article paru dans la revue
Itinéraires : Recherches chrétiennes d'ouverture
No. 23, Été 1998 (Association Itinéraires, 
1052 Le-Mont-sur-Lausanne, Suisse).


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Staritza Marie Madeleine Le Beller, Ermite du Sinaï ( +2013)


La très vénérable staritza, Marie Madeleine La Beller, connue dans le monde sous le nom de Marie Madeleine Le Beller, venait de Paris et elle alla en pèlerinage en Terre Sainte et fut baptisée chrétienne orthodoxe en 1986 au Jourdain, quand elle avait quarante ans. Là, elle pria saint Jean Climaque, pour qu'il lui montre le chemin de son salut et le lieu de sa vie solitaire de dévouement total à Dieu. Elle se rendit dans le désert du Sinaï, et vécut près de la grotte de saint Jean Climaque dans la vallée de Tholas (Wadi Et-Tlah) à environ 8 km du monastère Sainte Catherine au pied du mont Sinaï (à environ 100 minutes de marche du monastère).

Pendant les six premiers mois au Sinaï, Marie-Madeleine dormit dehors parmi les énormes rochers et les pierres, n'ayant qu'un sac de couchage, avec pour seuls compagnons, des scorpions et des serpents venimeux. Beaucoup la considéraient comme une femme folle et délirante. Elle avait vendu sa maison à Paris et acheté un terrain à un bédouin juste en dessous de la grotte de saint Jean-Climaque. Il y avait déjà un caroubier et un puits. Elle construisit cinq cellules, une petite chapelle sur le rocher, planta des oliviers et quelques pommiers, une vigne, un jardin, et construisit une petite citerne. Elle construisit aussi un mur tout autour. En ce lieu, Marie-Madeleine mena une vie simple, s'occupant de son jardin, fabriquant des chapelets de prière, et plus tard dans sa vie, elle s'occupa à faire des sculptures sur bois qu'elle utilisait pour décorer d'icônes sa chapelle. Au début, elle allait au monastère tous les dimanches, mais plus tard, elle y allait tous les quinze jours et les grands jours de fête pour recevoir la Sainte Communion.

Quelques pères du monastère de Sainte Catherine eurent pitié d'elle et la protégèrent, mais beaucoup la rejetèrent et lui rendirent la vie difficile. Un jour, ils interdirent au Père Pavlos d'accepter sa confession et ne lui permirent pas d'avoir l'hospitalité gratuite au foyer pour femmes. Elle avait une foi profonde et se souvenait de la bénédiction d'être là qu'elle avait reçue du staretz Sophrony, de saint Porphyrios et de Matoushka Loubouska la folle-en-Christ de Saint Petersbourg. Il semble que les Pères qui ne l'aimaient pas pensaient qu'elle ne devait pas vivre seule dans le désert, et qu'elle aurait dû rester au monastère féminin de Faran, où elle aurait dû d'abord vivre au moins un an et demi en obéissance. Saint Païssios l'Athonite, lors de sa dernière visite au Sinaï, lorsqu'il visita le monastère de Faran, donna à la moniale Marie-Madeleine sa bénédiction pour vivre dans le désert après l'avoir examinée et avoir béni sa règle de prière.

Elle allait à Jérusalem toutes les semaines saintes et les semaines lumineuses, puis retournait dans sa cellule du Sinaï. Après la Pâque de 2009, elle ne se rendit plus à Jérusalem.

Le 18 novembre 2012, un dimanche, elle se rendit en Crète pour être examinée à l'hôpital Venizelos, et on lui diagnostiqua un cancer avancé de l'intestin.

De là, elle se rendit à Moscou où elle connut l'évêque qui supervisait l'hôpital de l'Église russe. Là, ils firent des examens médicaux prolongés et lui demandèrent de subir une chirurgie et une chimiothérapie dans le plus grand centre médical contre le cancer en Russie. Mais elle n'accepta pas, désirant mourir dans sa skite bien-aimée. Elle se rendit à l'ermitage de Saint Séraphim de Sarov, se lava à la source [miraculeuse du saint], et prit un grand courage.

Elle retourna au Sinaï via l'Italie, où elle visita l'église Saint-Nicolas à Bari, où elle rencontra une femme russe nommée Euphrosyne, à qui elle demanda de s'occuper d'elle au Sinaï. Euphrosyne répondit positivement et l'accompagna au Sinaï, où elle s'occupa gracieusement de la staritza jusqu'à la fin. Euphrosyne était un don de Dieu parce qu'elle ne parlait que le russe, que Marie parlait et comprenait à peine. Mais elles eurent une excellente coopération et elle fut une bonne gardienne pour elle (pendant une dizaine de mois), gagnant l'amour et le respect des Pères.

Après Pâques de 2013, Marie pouvait à peine bouger, encore moins aller au monastère, mais elle portait la croix de sa maladie douloureuse avec beaucoup de courage et de patience, sans assistance médicale ni soins hospitaliers.

Le 12 décembre 2013, un jeudi, à 13 heures, la Sœur Marie reposa dans le Seigneur dans sa cellule, près de la grotte de saint Jean Climaque. Le Père Pavlos du Sinaï se précipita vers elle et servit une Divine Liturgie dans sa skite pour la communier avant son bienheureux repos en Christ.

Le lendemain, après que le Père Pavlos eut servi une autre Divine Liturgie, ils firent amener son corps à l'hôpital local pour confirmer sa mort. Elle y resta en chambre froide jusqu'à la délivrance d'un permis d'inhumation par le consulat de France. Puis une chose étrange se produisit, qui suscita l'admiration de ceux qui étaient là. Une tempête de neige s'abattit couvrant la région sous la neige blanche. Le monastère envoya donc quatorze ouvriers, tous chrétiens coptes, pour transporter son corps sur le terrain accidenté au milieu d'un blizzard jusqu'à sa skite. Bien qu'il faille deux heures pour atteindre sa skite depuis l'autoroute (ce qui, dans des conditions normales, prendrait une heure), lorsqu'ils soulevèrent sa relique sacrée, il ne leur a fallu que 45 minutes pour parcourir la même distance, et un flocon de neige ne les toucha même jamais. Lorsque son corps fut placé dans la voiture, quelques minutes plus tard, la tempête de neige recommença.

La permission de l'enterrer fut donnée dans la nuit du 17 décembre 2013. Elle fut enterrée le lendemain, un mercredi, au cimetière du monastère féminin du prophète Moïse à Faran, selon la volonté des Pères du monastère de Sainte Catherine, même si son désir était d'être enterrée à sa skite. Personne qui lui était cher ou proche d'elle np'assista à son ensevelissement si ce n'est
Euphrosyne, qui l'avait servie avec beaucoup d'abnégation. Une obstétricienne allemande qu'elle connaissait changea ses vêtements pour l'enterrement et resta debout toute la nuit pour lire le Psautier sur son corps, mais elle partit pour Jérusalem avant les funérailles.

L'archevêque Damianos du Sinaï et les hiéromoines Michael et Eugenios célébrèrent les funérailles, avec quatre moniales du monastère de Faran.



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Sur la vigilance

Saint Ignace Briantchaninov (+1867)
 
L'âme de toutes les pratiques pour le Seigneur est la vigilance. Sans vigilance, toutes ces pratiques sont infructueuses. Celui qui désire se sauver doit s'établir de telle sorte qu'il puisse rester constamment vigilant envers lui-même, non seulement dans la solitude, mais aussi dans des conditions de distraction, dans lesquelles il est parfois involontairement entraîné par les circonstances.

Sur la vigilance 
écrite pour un certain laïc à la suite de son désir 
de vivre une vie vigilante dans le monde 

Que la crainte de Dieu l'emporte sur toutes les autres sensations sur la balance de votre cœur; et alors il vous conviendra d'être vigilant envers vous-même, à la fois dans le silence de votre kellia [cellule] et au milieu du bruit qui vous entoure de toutes parts.

Une modération bien raisonnée dans les denrées alimentaires, diminuant la chaleur passionnée de son sang, tend grandement à faciliter votre capacité à vous occuper de vous-même; tandis que la passion de votre sang, issue comme elle d'une consommation excessive de denrées alimentaires, de mouvements corporels extrêmes et intensifiés, de l'inflammation de la colère, étant entêtante de vanité, et en raison d'autres causes, donne lieu à un multitude de pensées et de rêveries - en d'autres termes, à la distraction. Les Saints Pères, tout d'abord, attribuent à celui qui désire s'occuper de lui-même une abstention modérée, uniformément mesurée et constante de la nourriture. (Dobrotoliubiye [Philokalia], Pt. II, Ch. De Saint Filofei [Philotheus] du Sinaï)

Au réveil du sommeil - image du réveil des morts, qui attend tous les hommes - dirigez vos pensées vers Dieu, en lui offrant les premières pensées de votre esprit, qui ne s'est pas encore imprégné de vaines impressions.

Après avoir soigneusement rempli tous les besoins de la chair au sortir du sommeil, lisez tranquillement votre règle habituelle de prière, en ne vous souciant pas tant de la quantité de votre expression de prière que de sa qualité; c'est-à-dire, faites-le avec attention, afin que, grâce à votre attention, votre cœur puisse être éclairé et animé par un sentiment de prière et de consolation. Après avoir conclu votre règle de prière, dirigez à nouveau toutes vos forces vers la lecture attentive du Nouveau Testament, principalement de l'Évangile. Au cours de cette lecture, prenez attentivement note de toutes les instructions et commandements du Christ, afin que vous puissiez diriger toutes vos actions - à la fois manifestes et voilées - conformément à elles.

La quantité de lecture est déterminée par sa force et par ses circonstances. Il n'est pas nécessaire de peser sur son esprit avec une lecture excessive des prières et des Écritures; de même, n'est-il pas nécessaire de négliger ses besoins pour pratiquer une prière et une lecture immodérées. De même que l'usage excessif de denrées alimentaires trouble et affaiblit le ventre, l'usage immodéré de la nourriture spirituelle affaiblit l'esprit et crée en lui une répulsion aux pratiques pieuses, le conduisant au désespoir. ([Saint] Isaac le Syrien, "Sermon 71")

Pour le novice, les Saints Pères suggèrent des prières fréquentes - mais brèves. Quand l'esprit mûrit avec l'âge spirituel, devenant plus fort et plus viril, alors on sera en bonne condition pour prier sans cesse. C'est à ces chrétiens qui ont atteint la maturité dans le Seigneur que se rapportent les paroles de l'apôtre Paul:

"Je désire donc que les hommes prient partout, en levant des mains saintes, sans colère ni reproche." (I Tim. II, 8) c'est-à-dire sans passion et sans aucune distraction ni inconstance. Car ce qui est naturel à l'homme n'est pas encore naturel à l'enfant.

Éclairé, par la prière et la lecture, par notre Seigneur, Jésus-Christ, le Soleil de la Justice, on peut alors sortir pour mener à bien les affaires de son cours quotidien, en veillant avec vigilance à ce que dans toutes ses actions et paroles, dans tout son être, la volonté sainte de Dieu puisse prévaloir, telle qu'elle fut révélée et expliquée aux hommes dans les commandements de l'Évangile.

S'il y a des moments libres au cours de la journée, utilisez-les pour lire attentivement certaines prières choisies, ou certaines parties choisies de l'Écriture; et, au moyen de celles-ci, fortifiez les pouvoirs de votre âme, qui se sont épuisés par l'activité au milieu d'un monde de vanités.

S'il n'y avait pas de tels moments en or, il faut regretter leur perte, comme s'il s'agissait de la perte d'un précieux trésor. Ce qui est gaspillé aujourd'hui ne doit pas être perdu le lendemain, car notre cœur se livre commodément à la négligence et à l'oubli, qui conduisent à cette sombre ignorance, si ruineuse de l'activité divine, de l'activité du salut de l'homme.

Si vous avez la chance de dire ou de faire quelque chose qui est contraire aux commandements de Dieu, traitez immédiatement votre faute par la repentance; et, au moyen d'une contrition sincère, revenez sur la Voie de Dieu, dont vous vous êtes écarté par votre violation de la volonté de Dieu. Ne vous attardez pas en dehors de la Voie de Dieu! Répondez avec foi et humilité aux pensées, rêveries et sensations pécheresses en leur opposant les commandements de l'Évangile et en disant, avec le saint patriarche Joseph:

«Comment prononcerai-je cette mauvaise parole et ce péché devant Dieu? (Genèse XXX, 9)

Celui qui est vigilant envers soi-même doit se refuser toute rêverie, en général, quelle que soit son attrait et son apparence, car toute rêverie est l'errance de l'esprit, qui le flatte et le trompe, tout en étant hors de la vérité, dans le pays des fantômes inexistants, et incapable de réalisation. Les conséquences de la rêverie sont: perte de vigilance envers soi-même, dissipation de l'esprit, dureté du cœur pendant la prière, d'où vient la détresse de l'âme.

Le soir, partant dans le sommeil - qui, par rapport au jour qui vient de s'écouler, est la mort - examinez vos actions au cours de cette journée. Un tel [auto-] examen n'est pas difficile, car, en menant une vie attentive et attentive, cet oubli qui est si naturel à un homme distrait est détruit par la vigilance envers soi-même. Et ainsi, après avoir rappelé tous vos péchés, que ce soit par acte, ou parole, ou pensée, ou sensation, offrez votre repentir à Dieu pour eux, avec à la fois la disposition et le gage sincère de l'auto-amendement. Plus tard, après avoir lu la règle de prière, concluez la journée qui a commencé en méditant sur Dieu, en méditant, une fois de plus, sur Dieu. Où partent-ils - toutes les pensées et les sentiments d'un homme endormi? Quel mystérieux état d'être est ce sommeil, pendant lequel l'âme et le corps sont à la fois vivants et non vivants, aliéné de la conscience de sa vie, comme mort? Le sommeil est aussi incompréhensible que la mort. Au cours de celui-ci, l'âme se repose, oubliant les afflictions et les calamités terrestres les plus cruelles qui l'ont assaillie, en imaginant son éternel repos; tandis que son corps (!!)... s'il se lève du sommeil, se lèvera aussi, inévitablement, des morts.

Le grand AgaThon a dit: "Il est impossible de réussir dans la vertu sans faire preuve de vigilance envers soi-même." (Le Patericon de Scété)

Amen.

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2017: Apparition de la Mère de Dieu au Vietnam

Le Père Georges Maximov, un prêtre de Moscou qui officie souvent lors de voyages missionnaires à travers l'Asie, a posté sur sa page Facebook les paroles d'une Vietnamienne qui s'est convertie à l'Orthodoxie après que la Mère de Dieu lui soit apparue.

La femme, Nguyen Thi Mai Anh, ancienne bouddhiste vivant et travaillant à V?ng Tàu, au Vietnam, a été baptisée dans la sainte Orthodoxie le Samedi Saint de cette année.

Elle écrit qu'il s'est passé quelque chose d'incroyable dans sa vie il y a environ un an : "J'étais dans le coma à l'hôpital. Pendant ce temps, j'ai vu un rayonnement, une lumière vive, et directement devant moi apparut la Vierge Marie,  la Mère de Dieu. Elle m'a donné une bouteille d'eau et m'a donné à boire. Dès que j'ai bu l'eau, la lumière et la Mère de Dieu ont disparu ont disparu."

"Le lendemain matin, poursuit-elle, je suis soudain sortie du coma après être restée inconsciente si longtemps. Mme Nguyen a survécu, et elle a commencé à prier le Seigneur Jésus-Christ et Sa Mère pour un prompt rétablissement, et elle a décidé qu'elle deviendrait chrétienne à son retour chez elle.

"Quelques jours plus tard, une autre vision m'est apparue dans un rêve, qu'il y aurait un homme qui me conduirait à l'Église, et que j'y mangerais du pain et boirais de l'eau bénite avec tout le monde, et que je marcherais dans l'église, " poursuit-elle.

Après sasortie de l'hôpital et son retour à la maison, une amie vint à elle, portant une icône de la Mère de Dieu avec le Sauveur. "Je fus incroyablement heureuse, parce que c'était la même image que j'avais vue dans mon rêve. J'étais très heureuse et j'ai raconté à mon ami ce que j'avais vu dans le rêve, et il m'a emmené dans une église orthodoxe où les Russes prient dans le 5ème arrondissement de la ville de V?ng Tàu, pour y rencontrer le Seigneur et la Mère de Dieu," se souvient Nguyen.

La femme fut ensuite baptisée dans la même église et "née de nouveau sous la protection de la Très Sainte Mère de Dieu et par la grâce du Seigneur".

"Je suis infiniment heureuse ! s'exclame-t-elle, continuant, "Merci à Toi, Seigneur et à Toi, ô Mère de Dieu, pour ma "seconde naissance" et le don de la Fontaine de Vie !

Le Père Georges note qu'elle s'est cassé la jambe juste avant son baptême, mais cela ne l'a pas découragée. Elle a été baptisée sous le nom d'Anna et elle lit maintenant les prières en vietnamien pendant les offices.

Source:


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Saint Nicomède de la Sainte Montagne de l’Athos, Grèce: La piété à l’Eglise

Je sais que beaucoup de chrétiens parmi vous, pensent que c’est une grande bénédiction et une grande cause de fierté que d’aller à Jérusalem et de vénérer avec respect et componction, les Lieux Saints de pèlerinage là-bas, à savoir le vivifiant Tombeau du Seigneur, le saint Golgotha, la ville sacrée de Bethléem, et le reste.

Beaucoup d’entre vous voyagent vers des endroits éloignés, sur terre et mer, faisant de grands efforts afin de vénérer pieusement les reliques sacrées de nombreux saints…

En effet, un tel pèlerinage, une telle piété et un tel voyage sont bons et louables. Mais ne devriez-vous pas, frères, avoir sinon une piété plus grande, au moins la même quantité de piété et de révérence, quand vous allez assister aux offices de l’Eglise du Christ, où tous les lieux de pèlerinage trouvés à Jérusalem sont présents symboliquement?

Ne devriez-vous pas montrer la même componction et le même bon ordre et respect lorsque vous assistez à la redoutable Divine Liturgie dans laquelle vous trouvez présente, non pas la relique de tel ou tel saint, mais les Très Vivifiants, Divins et Immaculés Corps et Sang de notre Seigneur Jésus-Christ, le Saint des Saints? 


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Vivre la Divine Liturgie

Père Stéphane Anagnostopoulos

Avant propos à l'édition française

PROTOPRESBYTRE STÉPHANE ANAGNOSTOPOULOS

VIVRE LA DIVINE LITURGIE

La divine liturgie orthodoxe interprétée et

commentée selon la Tradition et les expériences de

nombreux prêtres, moines et laïcs orthodoxes

LE PIRÉE 2011

Traduit du grec
par l’archimandrite

Éphrem Triantaphyllópoulos
Vicaire Général du Saint Évêché de Sissánion et de Siatista
CP 503 00 Siatista, Grèce.

Tél. 00302465021365 ou 00306977179788 mob.
Fax : 00302465021204

Source:


AVANT PROPOS À L’ÉDITION FRANÇAISE

C’est avec une joie en Jésus-Christ très profonde et pour la gloire de notre Dieu Trinitaire que nous donnons l’autorisation de traduire en français notre ét ude modeste, «Expériences Liturgiques».

Cette analyse de la Divine Liturgie offre aux pieux lecteurs, non seulement quelques connaissances de base, mais aussi l’expérience vécue, dans l’histoire, du sacrifice sur la Croix du Fils et Verbe de Dieu qui s’est incarné «du Saint-Esprit et de la Vierge Marie», en la Personne de notre Sauveur Jésus-Christ.

Les orthodoxes de partout, de toutes les nations et de toutes les langues, qui participent au sacrement suprême de la sainte eucharistie avec crainte de Dieu, un vrai repentir, une foi fervente et un amour agissant, c’est-à-dire dignement, sont divinement changés et incompréhensible ment transfigurés, car ils communient «au Corps et au Sang du Christ pour la rémission des péchés et la vie éternelle».

Et alors …

C’est le débordement de la grâce divine!

C’est la plénitude de l’amour divin!

C’est la fête céleste et splendide!

C’est l’éclat spirituel et l’allégresse divine!

C’est l’embellissement angélique de l’âme!

Le fait que notre nature pervertie, déchue, se mêle à l’âme de Jésus-Christ, le Dieu-Homme et que notre corps misérable, notre sang souillé par le péché et notre intellect enténébré se mêlent à son Corps tout saint, à son Sang immaculé et à l’Intellect infini de la Divinité de triple éclat, constitue un grand miracle, un miracle inouï!

Tout cela n’est qu’une expérience; c’est la manifestation de la vie, de la puissance, de la lumière, non seulement dans la vie ascétique des saints de l’Église Orthodoxe, mais aussi chez des prêtres serviteurs du Très-Haut œuvrant dans le monde et, en outre, chez certains fidèles chrétiens orthodoxes qui aiment Dieu, qui ont revêtu la robe de la sainte humilité et que transfigure sans égarement l’observation des commandements.

Ce miracle rédempteur témoigne de la venue de la Divinité Trinitaire dans notre cœur, selon la parole évangélique «nous viendrons à lui et nous établirons en lui notre demeure».(Jean 14, 23)

Je souhaite humblement que le cœur de tout prêtre célébrant orthodoxe (de quelque rang qu’il soit), français ou francophone, devienne un buisson ardent par le feu de la Divinité et qu’il vive en même temps l’union incompréhensible entre l’Autel céleste et l’Autel terrestre en une unité indivise, car il n’y a qu’un seul troupeau et qu’un seul berger, notre Seigneur, le Christ !

Je souhaite aussi que tout chrétien orthodoxe qui participe à la Divine Liturgie et qui communie aux Saints Mystères, vive de toute son âme et de tout son corps la descente du charbon ardent du Saint-Esprit qui lui offre, par la grâce, la rémission des péchés, la délivrance et la sanctification afin que son cœur crie triomphalement «Abba, Père». Priez pour moi, prêtre pécheur Stéphane, pour ma femme Hélène, mes enfants, mes petits enfants et mes arrière-petits-enfants.

Chers frères et sœurs,

recevez tout mon amour en Christ,

Protopresbytre Stéphane Anagnostópoulos



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La vérité

Ils aiment ses lumières,
mais ils ne peuvent souffrir ses censures.
Elle leur plaît quand elle se découvre,
parce qu'elle est belle;
elle commence à les choquer
quand elle les découvre eux-mêmes,
parce qu'elle leur montre qu'ils sont difformes.

—Saint Augustin, Confessions, X,23 Traduction de Bossuet

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De l’Himalaya jusqu’au Christ


Récit d’une ascension par le moine ressophore Adrien

A la decouverte du Dieu personnel

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Enseignements

Saint Syméon de Dajbabe, Monténégro (+1941)

101
Une mouche dans le lait et un mensonge dans un discours, sont tous deux odieux pour l'homme pieux.

102
Les gens obtiennent de l'eau des puits profonds avec une corde, tout commee les secrets sont obtenus des hommes frivoles par un discours flatteur.

103
Ne crains pas l'éclair près d'un paratonnerre, ni le juge lorsque tu n'as rien fait de mal.

104
Tout comme il y a des poissons ailleurs qu'en mer, le bonheur existe sans la richesse.

105
Ne joue pas avec les ordures d'un autre, et ne te préoccupe pas des affaires des autres, afin de ne pas perdre ton âme et ton temps.

106
Les lapins ont une terrible faiblesse: quand ils s'enfuient, ils s'arrêtent et écoutent, ce qui est agréable au chasseur. Beaucoup de gens sont morts pour cette raison, à la foi corporellement et spirituellement.

107
L'homme est fasciné par la force et le vol des aigles et par la manière qu'ils ont de régner dans le ciel, même si lui-même peut vaincre n'importe quel piège démoniaque. Tout comme un aigle fond sur une charogne, l'homme descend depuis sa dignité jusques dans la boue du vice. Et de même qu'un aigle s'envole à nouveau, l'homme peut dominer ses passions, et ceci est plus grand que toute puissance ou gloire terrestres.

108
Comme une mite qui tourne au-dessus de la flamme d'une chandelle peut à n'importe quel moment se brûler les ailes, l'homme perdu dans ses passions peut aussi perdre son âme.

109
De même que lorsque coule un bateau, même s'accrocher à de la mousse est bon, quand un homme pèche, ses larmes peuvent le sauver.

110
Ceux qui vont dans des avions pour voler, sont suivis par des regards curieux, tandis que ceux qui se tournent vers Dieu sont jugés par d'autres avec envie.

111
La bière semble amère à qui n'est pas habitué, tout comme la piété semble ennuyeuse à celui qui est immoral. Mais la bière peut devenir plus douce, et une personne immorale peut se repentir, si elle a le désir ardent de le faire.

112
Si la coquille d'un œuf se brise, il n'en sortira pas un poussin. Et si un chrétien ne vainc pas ses désirs pécheurs,, il ne ressuscitera pas pour la vie éternelle.

113
Comme les sœurs se réjouissent au mariage de leur frère, les anges le font lorsqu'un pécheur se repent.

114
Ne cache pas ta douleur au médecin et ton péché au prêtre, ainsi tu seras sain de corsp et d'esprit.

115
Si le toit de ta maison est fragile, enlève la neige, et si ton âme t'est chère, ne cache pas ton péché.

116
Comme l'eau éteint le feu, les larmes sincères éteignent tous les péchés.

117
Pleure pour tes péchés et fais des efforts pour le salut, afin que le repentir efface toutes tes dettes envers Dieu et envers les hommes.

118
Comme l'or est purifié par le feu, l'âme est purifiée par le repentir.

119
Chaque jour un marchand compte son profit et ses pertes. S'il se soucie autant d'une si misérable chose, comment se fait-il que tu ne te soucies point du salut éternel.

120
Comme une armée a besoin du clairon, les gens ont besoin de sermons.

* * *

Version française Claude Lopez-Ginisty



d'après

The Life and Works of Our Venerable Father Symeon of Dajbabe:
Collected Writings of Saint Symeon
(Podgorica: Dajbabe Monastery, 2004)
in
Orthodox Word N°270-271
St. Herman of Alaska Brotherhood,
Platina, California,
USA

Source:


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Des dizaines de passereaux et d’autres oiseaux entraient et sortaient et au dehors de l’église par les fen êtres ouvertes de la coupole, gazouillant et chantant avec vivacité

Père Stéphane Anagnostopoulos:

Un fidèle m’a raconté un événement similaire qui a eu lieu à l’église de la Mère de Dieu qui s’appelle «Ecatontapyliani» et qui se trouve à Paros (dans les Cyclades, Grèce), pendant la Divine Liturgie de la veille de l’Épiphanie, en 1998.

Des dizaines de passereaux et d’autres oiseaux entraient et sortaient et au dehors de l’église par les fen êtres ouvertes de la coupole, gazouillant et chantant avec vivacité. Pourtant, à l’heure de la consécration des saints dons, ils se sont tus et immobilis és tous pour recommencer après l’ecphonèse: «Et en premier lieu pour notre très sainte…» [Notes personnelles de l’auteur].

Les propres paroles du Seigneur «Ceci est mon corps…ceci est mon sang…» (Marc 14, 22-24) à la sainte Cène, le soir du jeudi saint, témoignent de cette réalité du Changement du pain et du vin en Corps et en Sang du Christ. La constitution donc du saint sacrement est divine. C’est le Christ lui même qui en est l’auteur.

Les signes visibles du saint sacrement sont le pain au levain, le vin et la prière secrète «envoie ton Saint-Esprit sur nous et sur ces Dons…». Ce n’est pas seulement la grâce du Christ qui est transmise par la sainte communion comme c’est le cas d’ ailleurs pour d’autres sacrements, mais c’est le Christ, le Seigneur lui-même. Les fidèles qui reçoivent dignement le Corps et le Sang du Christ, s’ y intègrent, ayant les mêmes corps et sang que Lui. L’adhésion au Corps de l’église, c’est-à-dire l’incorporation, commence par le saint Baptême et s’achève avec la sainte communion, c’est-à-dire l’intégration. Cela veut dire que notre être tout entier reçoit d’une façon mystique la Vie-même, notre Seigneur et Rédempteur et l’incorpore.

Père Stéphane Anagnostopoulos, Vivre la Divine Liturgie, Expériences Liturgiques, Le Pirée 2011



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Quelques réflexions sur la Divine Liturgie

Père Georges Tsetsis

Le fidèle orthodoxe reçoit de l'Église et dans l'Église tout ce qui façonne sa physionomie spirituelle et tout ce qui nourrit sa vie. Il est en effet appelé à s'épanouir dans une spiritualité ecclésiale et liturgique. En l'Église il se trouve constamment en contact avec les vérités fondamentales de la vie chrétienne et, en particulier, avec les grands dogmes trinitaires et christologiques du christianisme.
L' atmosphère sacrale des offices byzantins, la continuelle méditation des grandes vérités dogmatiques, des perspectives les plus essentielles de la vie spirituelle évoquées par les hymnes, font de la vie liturgique une magnifique catéchèse christologique et trinitaire. L'Église apparaît ainsi comme une présence vivante, livrant pour la nourriture de ses enfants les éléments constructifs de sa tradition, les textes de la Liturgie et les écrits des Pères.

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Saint Aaron d’Aleth, France, du pays de Galles (+552)

21 et 22 june

Saint Aaron d’Aleth est né probablement au pays de Galles. Il devint ermite dans une petite île en face de la cité d’Aleth (devenu le quartier de Saint-Servan). L’île de saint Aaron est aujourd’hui raccordée au continent : c’est la cité de Saint-Malo.

Saint Aaron fut le fondateur du monastère d’Aleth. Il est aidé dans sa tâche par un autre moine gallois qui venait de le rejoindre : Maclow ou saint Malo, qui le choisira comme père spirituel.

Il est mort vers 552.

Fête le 21 juin à Saint-Malo et le 22 juin ailleurs.

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Le Prêtre et la touriste Américaine en Grèce

Hiérimoine Tryphon, Washington, É.-U.A.

Une femme protestante de Tacoma (état de Washington), était en vacances avec son mari dans la ville grecque d’Athènes. Chaque jour, elle se rendait dans un petit café près de l’hôtel pour prendre son café et regardait les habitants passer. L’un de ces habitants était un prêtre orthodoxe qui passait près du café en allant à son église paroissiale. La femme souriait et le prêtre hochait la tête, souriait et continuait son chemin.

Un jour, ce prêtre grec, qui parlait anglais, remarqua que la femme américaine avait un regard triste sur son visage et il s’approcha de sa table et demanda si quelque chose la troublait. Elle éclata en sanglots et raconta au prêtre les problèmes médicaux de son mari, et qu’elle craignait pour le pire. Le prêtre s’est assis avec elle et a prié pour elle et son mari. Chaque jour, il s’arrêtait pour s’asseoir à sa table, priant pour le rétablissement de son mari.

Quelques semaines se sont passées et le mari a récupéré de sa maladie et est revenu aux États-Unis avec sa femme. Le souvenir de la compassion de ce prêtre pour une femme étrangère est resté dans sa mémoire toutes ces nombreuses années. Elle a partagé ce souvenir avec son médecin, qui est un de mes amis, et je partage (N.d.T c’est-à-dire l’hieromoine Tryphon) ce souvenir avec vous.

Quel véritable disciple et serviteur du Seigneur était ce prêtre généreux ! Puissions-nous, comme ce prêtre, être à l’écoute de ceux qui en ont besoin et que le Seigneur nous met sur nos chemins . Puissions-nous avec des cœurs ouverts toucher et apporter la guérison à ceux qui souffrent, leur faire savoir que nous nous soucions pour eux et qu’ils ont un ami pendant leur temps de chagrin, de besoin et de désespoir.

Avec l’amour en Christ,

Hiérimoine Tryphon.


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Sainte Pharaïlde de Belgique et de Bruay-sur-l’Escaut, France (+740)

Sœur de Ste Gudule et nièce de Ste Gertrude de Nivelles, Pharaïlde voit le jour dans la région de Gand (Belgique). Malgré son désir de se consacrer à Dieu, ses parents l’obligent à épouser un jeune seigneur prénommé Guy. Elle devient rapidement veuve et profite de sa liberté pour se consacrer entièrement à la prière et à la charité.

Plusieurs miracles lui sont attribués, dont celui, d’une oie à qui elle aurait rendu la vie alors qu’elle avait déjà été tuée et plumée. Ses reliques ont reposé temporairement dan l’abbaye Saint-Bavon de Gand, avant d’être plusieurs fois transférées en divers lieux pour échapper aux dévastations causées par les guerres.

* * *

Sainte Pharaïlde, ou Veerle en néerlandais, est une sainte ayant vécu de 650 à 740 – ce qui est une exception pour l’époque. Elle est née en Belgique, dans l’actuel Brabant, et a vécu à Steenockerzeel en Belgique et à Bruay-sur-l’Escaut dans le nord de la France.

Le début de sa vie

Elle est née en 650 en Gaule septentrionale. Sa famille possédait beaucoup de biens dans ce qui est actuellement le Hainaut et le Brabant ; certains historiens désignent le domaine de Geetbroek et celui de Gherbroek, près du château de Ham, entre Bruxelles et Malines. Son père s’appelait Thierri (Duiderik en Flamand), c’était un noble qui accompagnait le roi dans ses campagnes et, en temps de paix, vivait dans ses domaines et villas. Comme toutes les filles de bonnes familles de l’époque, elle reçut une solide éducation religieuse au monastère de Nivelle dirigée par Sainte Gertrude.

Sa vie à Bruay-sur-l’Escaut, France

Fille noble, elle ne choisit pas son mari ; on la maria avec Guy, le fils d’Othon, le chef d’une tribu saxonne établie à Bruay sur l’Escaut. Guy se blessa gravement lors d’une partie de chasse à cheval, Pharaïlde le soigna et il se remit lentement mais mourut de maladie. Veuve et seule très vite, elle rendit d’innombrables services à la population, elle avait les moyens et le savoir pour cela.

Les miracles

À Bruay-sur-l’Escaut, elle fit jaillir une source en frappant le sol de son fuseau pour étancher la soif des ouvriers qui travaillaient aux champs et qui n’avaient rien à boire.

Dans un de ses domaines de Bruay ou de Steenockerzeel, suivant les versions des historiens, une troupe d’oies sauvages vint se poser. Un domestique en captura une et la mangea en famille. Pharaïlde l’apprenant, demanda qu’on lui apporte les restes de l’oie et lui rendit la vie.

La fin de sa vie

Elle mourut à l’âge de 90 ans en 740, ayant rendu d’innombrables services de son vivant. Elle est inhumée dans la chapelle dédiée à Saint Jean-Baptiste qu’elle avait construite. Cette chapelle devint l’église Sainte Pharaïlde, probablement à Bruay-sur-l’Escaut. Les personnes commencèrent à la prier juste après sa mort car ils la considéraient comme une sainte et c’est grâce à eux que sa sainteté éclata. Son culte est ratifié en 754. En 810, on parle du sanctuaire de Pharaïlde dans une vie de Saint Saulve, martyrisé à Beuvrage. En 914, dans une charte du Roi Robert, on parle d’une Basilica beatae Pharaïldis qui a été détruite par les Normands pendant leur invasion de 879-883.


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Le cheminement secret d'un chef amérindien Mohawk vers l'Orthodoxie

Samedi soir. Très peu de lumières étaient allumées. Dans la cathédrale russe de Saints Pierre et Paul, les vêpres venaient de commencer. Les silhouettes sombres de quelques fidèles qui assistaient au service étaient devenues plus distinctes car des cierges avaient été allumés, un à un, sur leurs supports. L'iconostase de l'autel était très imposant, il avait été sculpté par des artisans expérimentés, au début du siècle...
C'était la deuxième fois que je venais aux Vêpres, il y a de cela des années... Les paroles de la prière "Lumière joyeuse" en slavon donnaient une sensation de paix intérieure et de détente. Tout semblait être en prière à ce moment-là, dans ce jour qui était fini et ce jour qui devait venir. Après la folie de la journée, ce refuge de louange calmait effectivement les bêtes sauvages de l'esprit...
Dans la faible pénombre, je pouvais distinguer quelques-uns des profils de ceux qui étaient là: une vieille dame russe avec sa petite-fille, un homme grand et maigre d'âge moyen, une jeune fille de près de quinze ans, une jeune famille avec ses deux enfants... Et soudain, mon attention fut attirée par un personnage près de la grande fenêtre. Directement au-dessous, je distinguai une silhouette qui était complètement différente de toutes les autres. Il s'agissait d'un Indien de cinquante ans, vigoureux, aux traits caractéristiques, avec des cheveux longs attachés en queue de cheval qui atteignaient sa taille. Mon regard s'arrêta sur lui... Quel étrange personnage ! J'imaginai que c'était seulement un visiteur.
À la fin de l'office, je ne pus pas lutter contre l'envie de savoir. Je m'approchai de lui, désireux de le rencontrer.
-Yannis, lui ai-je dit en anglais. Bienvenue...
- Vladimir, répondit-il.
- Je suis grec. Et vous? Lui ai-je demandé.
- Moi aussi, répondit-il.
J'étais abasourdi... C'était la dernière chose que je m'attendais à entendre!
- Parlez-vous grec? Demandai-je.
Il fit une pause pour réfléchir un moment, puis il cita [le prologue de l'Evangile de saint Jean] en grec:
- "Au commencement était le Logos et le Logos était avec Dieu, et le Logos était Dieu."
En finissant cette phrase, il éclata de rire. Je ne savais quoi dire.
- Je suis indien, dit-il brusquement. Mais de toute façon, je me sens aussi russe et grec et serbe et roumain, parce que... je suis orthodoxe...
Une lueur apparut dans son œil, comme dans mon coeur ...
C'est ainsi que Vladimir et moi nous nous sommes rencontrés. Son vrai nom était Frank Natawe, avant de devenir orthodoxe et d'être baptisé sous le nom de Vladimir. Je mourrais d'envie d'entendre l'histoire de sa vie, à la fois par curiosité ainsi que par intérêt véritable...
Beaucoup plus tard, nous sommes devenus amis. Nous avons partagé de nombreuses conversations et promenades ensemble, en particulier dans son village indien. Il m'a montré des voies et des manières de faire totalement inconnues pour nous les blancs. Et toujours de manière simple et sans prétention. Sans aucune trace d'arrogance. Quand j'étais avec lui, j'ai toujours eu la forte sensation d'être à l'école, et chaque fois que j'ai admis cela devant lui, il m'a toujours dit que toutes les belles choses étaient à tous...
Cette première période est devenue inoubliable: quand j'étais emporté par mon enthousiasme juvénile et que je n'arrêtais pas de lui poser des questions difficiles, il répondait toujours calmement:
- Je ne sais pas - peux-tu me le dire?
Un jour, quand j'en eu assez d'entendre "Je ne sais pas", je le priai de me dire quelque chose, alors, il montra un peu de pitié et dit:
- Eh bien, si tu insistes, je vais te le dire, après que j'aie d'abord demandé à mon amie.
Il bondit et puis se coucha sur le sol, plaça son oreille contre la terre.
- Que fais-tu? Demandai-je.
- Je demande à la terre, dit-il, et avant que je puisse me remettre de ma surprise, il ajouta un peu hésitant:
- Comme Aliocha Karamazov.
Je n'ai jamais insisté à nouveau pour avoir des réponses. Je pense qu'avec lui, je vivais tout la surprise d'un éclair soudain qui donne naissance à une douce pluie qui nourrit la terre...
Cela fait quelque temps maintenant, que Vladimir nous a quittés. Son décès (ainsi que ses dernières volontés et son testament) m'a bouleversé. Maintenant que le sentiment de sa présence, loin de disparaître dans l'oubli, apparaît devant moi de temps en temps, j'ai pensé que je devrais mettre par écrit l'ensemble de ses incidents, images, souvenirs, paroles et expressions, pour esquisser un portrait de sa présence parmi nous... Espérons donc que mon oreille percevra aussi... le silence tumultueux de la terre mère de Vladimir, Karamazov pour moi...
Il est né dans la réserve indienne de Caughnawaga, juste à l'extérieur de Montréal, où il a vécu toute sa vie, jusques au jour de sa mort. Son village compte 5.000 Indiens aujourd'hui. Il a été construit par le gouvernement, à côté de la rivière, et abrite la plus grande partie des Indiens de cette région. Les Indiens, comme seuls vrais autochtones d'Amérique, avec les Esquimaux, jouissent de privilèges et de soins spéciaux, en raison du fait qu'ils ont cédé de vastes zones de leur "mère la terre", comme ils le disent, à leurs frères de race blanche.
Ces privilèges (comme le fait de n'avoir pas besoin d'un passeport tout en bénéficiant de l'Etat-providence) sont parfois interprétés comme une tentative intentionnelle des Blancs pour garder les Indiens sans instruction, ce qui peut-être observé sur une grande échelle. Le pourcentage d'alcoolisme est très élevé. La lutte pour la survie en tant que groupe, est leur souci quotidien, ainsi que la préservation de leurs traditions, dont ils sont très fiers. Ils sont régis d'une manière unique, qui aurait beaucoup à apprendre à la politique "civilisée" et aux structures sociales.
L'autorité suprême est la confédération de toutes les tribus indiennes. Il existe un respect envers toutes les tribus indiennes. Il existe un respect envers les chefs et les anciens, et les femmes âgées de chaque tribu, de génération en génération. Leur amour et leur respect pour l'autre est le fondement de la Confédération.
Dans le village de Caughnawaga il y a essentiellement trois tribus indiennes. La plupart sont cependant Mohawks. Le village existe depuis environ 1600 et abrite le centre principal de la tribu des Mohawks. Les dernières générations sont le plus souvent impliquées dans la construction métallique et le bâtiment.
"Notre" village, m'a dit Vladimir, "ainsi que d'autres réserves indiennes a été transformé de façon à former un protectorat catholique romain au 18ème siècle. Les missionnaires catholiques ont effectivement essayé par tous les moyens de convertir par la force notre communauté tout entière. Pas avec l'amour, mais avec un nœud coulant autour du cou. Ils ont foulé aux pieds les traditions séculaires et ils ont utilisé les autres comme autant de tremplins pour leurs propres desseins. Moi-même, à l'âge de 32 ans, j'étais resté sur ce chemin. Comme ma mère avait l'habitude de le dire (c'était un chef tribal des personnes âgées de notre tribu)"Pendant le jour, [sois] catholique romain aux yeux du monde et de nuit, [sois] Indien, pour les yeux de l'âme." Mais à cet âge de 32 ans, Je ne pouvais pas tolérer ce genre de restriction, ce nœud coulant que je portais autour du cou, aussi je me suis révolté à ma façon... J'ai fait des recherches sur nos racines, j'ai appris toutes nos langues maternelles, j'ai étudié dans les universités de l'homme blanc (ce qui, pour un Indien de ma génération, était une chose très inhabituelle). Pendant des années, ils m'ont eu comme maître de conférence itinérante de linguistique comparée. Assez souvent, j'ai été assez malhonnête de jouer au clown à leurs jeux universitaires, car pour eux, j'étais une espèce d'oiseau rare, exotique, avec un autre type de plumage. J'avais l'habitude de comparer nos mots avec leurs équivalents français ou anglais, nos habitudes avec les leurs. Il y avait des fois où je me sentais observé comme des archéologues observent des fossiles. Pour moi, cependant, ces réunions, ces rencontres culturelles quelle qu'en ait été l'issue, étaient à la fois joie et douleur. Ma révolution tonnait encore en moi, parce qu'elle était rendue muette, comme le pas d'un lapin... Ma mère, pilier de notre communauté, a été pour moi une source de sagesse et de douleur immense. Elle était mon ... staretz Zossime indien..."
(Il prit une respiration profonde et constante...)
"Mon chemin vers l'Église orthodoxe a été un cheminement "secret", comme on dit dans notre langue. Il vint un moment, que j'ai été pris dans son filet, et depuis lors, j'ai cheminé très discrètement, portant une croix très lourde. Ce passage s'est fait pour moi par la linguistique. Elle a toujours été le sujet qui m'a le plus impressionné. En prenant des cours de linguistique, j'ai été impressionné, et quand il m'est arrivé de lire la vie des Saints Cyrille and Méthode, qui sont connus comme Apôtres des Slaves, j'ai été particulièrement intrigué par l'alphabet cyrillique et par voie de conséquence, par la langue slavonne. J'ai demandé à mon professeur, s'il n'y avait une chance je puisse entendre parler le slavon. Il a suggéré que je me rende dans l'une des églises russes. J'ai appelé l'une d'elle, mais je n'ai entendu que le répondeur. J'ai téléphoné le lendemain, et une voix amicale m'a informé que les vêpres avaient lieu à 7 heures du soir, et que le le service du dimanche avait lieu à 10 heures du matin. J'ai demandé si je pouvais y assister. Il m'a répondu bien sûr que je pouvais le faire. Je lui ai dit que je n'étais ni russe, ni orthodoxe. Il m'a répondu que la Liturgie orthodoxe n'était pas seulement pour les Russes ou seulement pour les orthodoxes, mais pour tous les peuples. Alors, j'ai pris mon courage et je suis allé un samedi soir pour écouter le slavon parlé et rencontrer le prêtre, qui avait parlé si agréablement. C'était un hiéromoine du Monténégro en Serbie. Son nom était Père Antoine... Il mort maintenant... Eh bien, donc le premier samedi pendant lequel j'ai assisté aux vêpres orthodoxes dans la cathédrale des saints Pierre et Paul, j'ai ressenti quelque chose qui était sans précédent. En regardant les icônes, en écoutant les mélodies, en observant la enclins de pénitence et les prosternations, le parfum de l'encens qui flottait dans l'atmosphère, tout me rappelait que j'avais découvert "la Voie secrète... "
"Vous n'allez pas le croire, mais, de temps en temps, je peux percevoir des parallèles entre les traditions indiennes et la tradition orthodoxe. Quelque part en moi, cette découverte a rempli ma culture indienne et l'a complétée. Au début, je flottais sur les nuages. Au cours de ma première Liturgie, j'ai demandé si je pouvais rester, après les bénédictions pour les catéchumènes... Ils m'ont dit: vous pouvez rester. Alors je me suis assis comme un chien indien! Depuis lors, j'ai commencé à y aller plus fréquemment. Dans un premier temps, le dimanche seulement, puis le samedi, et plus tard, en semaine, quand il y avait des fêtes importantes. Ce n'est que peu de temps plus tard que j'ai remarqué que la confession avait lieu le soir, après les vêpres. C'était la période du Carême. A la fin, ils ont tous demandé pardon au prêtre. Il a placé son étole sur la tête et les a bénis avec le signe de la croix. J'étais dans la file, mais ils ont dit:
-Tu ne peux pas, tu n'es pas orthodoxe. Il s'agit d'un sacrement.
- Mais notre vie entière est un sacrement, ai-je dit.
Je réfléchis encore, et leur demandai:
- Alors, comment puis-je devenir orthodoxe?
- Parles-en avec le prêtre, ont-ils suggéré.
Peu de temps s'était écoulé, lorsque j'ai décidé que je voulais devenir orthodoxe. Le jour où cela devait avoir lieu, il y avait une tempête de neige qui ne me permit pas de quitter le village. Cela fut reporté à la fête de l'Entrée au Temple de la Mère de Dieu. Et voilà comment c'est finalement arrivé... On m'a donné le nom de Vladimir.
Beaucoup plus tard, quand je me souvins de mon entrée dans l'Eglise orthodoxe, je retrouvai dans mes souvenirs la figure imposante d'un prêtre serbe, qui avait visité notre village, quand j'étais jeune. Son apparence et son attitude avaient laissé une impression profonde en moi. Je me souviens de ma mère qui avait fait cette remarque:
-" Maintenant, voilà quelqu'un qui ne fait pas de propagande avec sa vérité..."
Beaucoup de temps s'était écoulé, lorsque je décidai de lui rendre visite à nouveau. Cette fois, j'y suis allé avec deux de mes amis dans une petite voiture. Equipés de magnétophones et de microphones, nous sommes partis par un matin ensoleillé pour son village de Caughnawaga. Il avait suggéré que l'on se rencontre à la station de radio des Indiens car il était animateur à la radio depuis plusieurs années, et il nous avait promis des promenades et des conversations sur leur territoire.
Nous l'avons trouvé à la station de radio du village, avec des écouteurs sur les oreilles, faisant la lecture de la prière du matin dans chaque langue indienne. Puis en français et en anglais. Naturellement son auditoire n'a pas... pu détecter qu'il faisait le signe de croix orthodoxe.
Nous avons attendu avec respect qu'il ait fini... Il a enlevé son casque et s'est approché de nous ... Il était plus bavard que d'habitude, et plein d'entrain.
- Que voudriez-vous que je vous dise? A-t-il demandé chaleureusement. Et que pourriez-vous jamais avoir eu envie d'apprendre de moi?
- Dis-nous ce que tu veux, a répondu Gregory. Disons, par exemple, quelque chose sur ton peuple, tes fêtes, ta mission...
- Tu vas trop vite, interrompit-il. Une chose à la fois. Eh bien, mon peuple ...
Il lui a fallu un certain temps pour formuler sa réponse. Il était assis dans un fauteuil, mais a estimé qu'il n'était pas confortable pour lui... il l'a abandonné et s'est assis sur le porche avec nous... il préférait être sur le même plan que nous...
"Mon peuple est simple, comme sa nourriture. Le chef de la tribu est un homme, mais il est élu par le conseil des femmes agées de la tribu. Tous nos rituels de groupe ont lieu dans la "longue maison". Elle a deux portes. Les hommes entrent par la porte de l'Est et les femmes par celle de l'Ouest. Il s'agit d'un édifice simple, comme le sont la plupart de nos rituels. Lors de nos mariages, la bénédiction des anciens fait partie intégrante du rituel. Au cours de nos funérailles, tant pour les hommes que pour les femmes, lorsqu'ils sont amenés dans la "longue maison" ils entrent par des portes distinctes, mais la tête du défunt fait toujours face à l'Est. Après neuf jours, nous préparons le repas de funérailles, mais sans sel... "
Tout à coup il se leva brusquement, parce que le disque qu'il avait choisi pour être joué à la radio était bloqué. Il a mis un autre disque, a fait une annonce, et il est revenu vers nous...
"De quoi parlait-on? Ah, oui! Les rituels. Je vais vous montrer la longue maison, avant qu'il ne fasse trop sombre... Alors, nos célébrations... L'année entière est une célébration (il éclate de rire). Nous avons la fête de la moitié de l'hiver (qui dure quatre jours), nous avons le Festival de la neige, le festival de la première floraison, de la première récolte, c'est-à-dire des baies, le festival de la moisson abondante (Thanksgiving), le festival du battage (4 jours), le festival du surplus, de la pluie et des semailles, et le cycle recommence... C'est quelque chose comme un calendrier ecclésiastique de notre terre sainte... "
Il prit une autre respiration profonde et continua:
"Nous ne parlons pas beaucoup, et nous ne mangeons pas beaucoup, nous ne vous fâchons pas souvent, nous aimons ce qui nous a été donné et nous remercions en permanence pour les dons généreux..."
- Est-ce que par hasard tu aurais du tabac? M'a-t-il demandé.
- Non, dis-je.
- Vous savez, nous mâchons notre tabac, en d'autres termes, nous le mangeons. Nous ne le fumons pas. Lorsqu'on le fume, il se transforme en air, tandis que si on le mange, il devient un avec nous, et l'on bénit la terre qui nous l'a donné... Maintenant, que m'as-tu demandé d'autre? Ah, oui! A propos de ma mission...
"Que puis-je dire? Mon peuple en a eu assez des missionnaires. Ils viennent ici depuis des années, principalement pour prendre plutôt que pour donner... Ils n'ont jamais montré aucun intérêt à ce que nous avons. Ils ont juste apporté leur rouleau compresseur, ils ont tout aplati, puis ils se sont embarqués pour faire leurs ... semis évangéliques.
Mais ce Serbe était différent. Il a effectivement donné quelque chose par sa présence... Il n'a rien pris de nous, sauf un morceau de notre cœur. C'est ce que j'ai aimé, quand j'ai lu plus tard, l'histoire de saint Germain d'Alaska et des missionnaires orthodoxes parmi les Eskimaux... il est impossible pour l'esprit de ne pas faire de comparaisons... quand bien même il essaierait de toutes ses forces de ne pas le faire.
Je me souviens encore de ce jésuite, qui m'a dit en face qu'on lui avait demandé d'enseigner la spiritualité. Quand il a quitté notre maison, ma mère a secoué la tête en signe de désapprobation, en disant: "Nous, mon enfant sommes un peuple spirituel, tandis que lui, même si son Christ venait à lui lui, il Le ferait s'asseoir pour lui prêcher..."
- Y a-t-il d'autres orthodoxes parmi les Indiens? A demandé à nouveau Gregory.
- J'ai rencontré un Esquimau orthodoxe à Plattsburg et un de plus - un très grand Mis Mac. Il y en a peut-être d'autres, je ne suis pas au courant. Mais à l'hôpital indien nous avons deux médecins serbes, les Moscovitch. Ces gens sont de véritables joyaux, ils ont un amour particulier pour notre monde, et ils offrent toute leur aide. "
Lesley le regarda droit dans les yeux.
- Parle-nous si tu le veux de cette histoire avec les masques indiens *. C'était dans tous les journaux et ils ont tous évoqué ton nom. Qu'est-il arrivé exactement?
Vladimir assis, les jambes croisées, et après avoir pris quelques minutes pour réfléchir, me répondit:
"Pour nous, ces masques sont sacrés. Nous les gardons toujours dans l'obscurité, et nous les protégeons avec un tissu de soie. Ils représentent... le personnage saint que nous recherchons. Nous le trouvons dans le silence, dans l'obscurité, où l'on trouve aussi la lumière de notre âme. Notre âme n'est jamais affichée dans des expositions, ou en éclairage artificiel... Ceux qui ont organisé l'exposition ont perdu tout sens de ce qui est sacré, et c'est pourquoi ils s'efforcent de "doucement" le supprimer de nos âmes aussi... Nous aimons la terre, parce qu'elle sait se taire et être fructueuse. Nous avons appris à l'aimer avec humilité, et à l'honorer... C'est quelque chose comme la Sainte Mère de l'Orthodoxie... puisque vous aimez les analogies. Mais, j' en ai trop dit... Levez-vous à présent, et je vais vous montrer mon village... "
Nous sommes montés dans la petite voiture, et je me suis assis à la place du chauffeur. Vladimir était copilote. Il a commencé à nous montrer tous les points de repère:
«Ici, dans le centre du village, vous pouvez voir l'église catholique. Elle est dédiée à Sainte Kateri Tekekwitha, une femme indienne que le prêtre a proclamé sainte. Nous gardons ses os dans cette église, ils accomplissent des miracles. Il s'agit d'un pèlerinage pour les laïcs. Sa vie est belle comme un conte de fées... Pour moi, c'était une folle-en-Christ... C'était une folle pleine de grâce... Elle se roulait dans la neige pour purifier son cœur... Mes compatriotes du village qui sont devenus catholiques ne sont pas particulièrement friands de la propagande catholique, mais ils montrent révérence à leur sainte, c'est leur pression sur le Vatican qui a amené sa béatification...
A côté de l'église, il y a un petit musée. Là-dedans, vous trouverez une carte de la confédération, qui décrit en détail l'ensemble des tribus indiennes, les symboles, les chiffres, les endroits d'où ils proviennent, leur parcours historique, leurs langues... Tout est devenu une partie du... musée... Maintenant tourne à droite, ici... c'est notre Centre Culturel. Au-dessus, il y a la station de radio où nous nous sommes rencontrés... C'est de là que j'émets... Maintenant, pendant la période du Triode, et ensuite, pendant le Carême, je joue beaucoup de musique spirituelle de l'Occident et, peu à peu, j'inclus certaines parties orthodoxes, mais tout juste assez pour ne pas être provocateur. La musique spirituelle indienne n'est pas autorisée à la radio. Ce n'est que pour la "longue maison". Le centre culturel est soutenu financièrement par le gouvernement blanc. Les puissances extérieures, du monde "civilisé", veulent nous aider, mais uniquement sur le papier, en réalité, ils veulent nous noyer, nous humilier, nous épuiser, pas tellement nous, mais nos âmes et tout ce que nous portons. Ils veulent faire de nous des masques pour les musées, des clowns lors de fêtes, de la recherche pour les archéologues... Ils n'ont pas pris une bouffée de notre tabac, et ils ne se savent quel genre de... tabac nous préférons. "
Il éclata de rire. Je perdis presque le contrôle du volant... je continuai à rouler en suivant ses instructions - gauche-droite - tout droit etc... Jusqu'à ce que, dans un virage de la route, nous ayons vu une structure moderne mais de forme très inhabituelle...
«C'est notre école, école élémentaire et secondaire. Elle a un bon programme, je l'aime. Elle est vraiment indienne. Outre les sujets classiques de l'éducation de "blanc", nous avons beaucoup d'autres matières qui sont probablement inconnues des Blancs. Nous ne les appelons pas "coutumes" ou "culture", mais les manières "Indiennes", "les voies indiennes" (les sons de la terre), les danses indiennes, les chants et les cris indiens (comme un drame antique), la loi indienne, et d'autres choses. Les terrains qui entourent l'école sont sacrés. Nous avons aussi une "chambre noire", mais pas pour les photos... c'est pour la fabrication du... masque à l'intérieur de nous "
- Va maintenant tout droit, vers l'Est. Continue, jusqu'à ce que tu trouves la route. A deux-trois kilomètres d'ici...
"Voici notre hôpital. C'est un bâtiment neuf et c'est une idée nouvelle pour nous. Quelque chose de salutaire, je l'espère. Il a été construit en 1985. Avant cela, nous avions nos propres hommes-médecine, ou nous avions recours à des hôpitaux de l'homme blanc. Mais... ils étaient difficiles... La plupart de leur personnel n'était pas habitué à nos manières, il était difficile pour eux de s'occuper de nos vieux. Ils doivent être à notre place, afin d'essayer de comprendre... Beaucoup d'entre eux essaient de le faire. D'ailleurs, on peut dire qui aime vraiment et qui peut être discerné parmi les professionnels habituels..."
Vladimir Natawe était le chef de sa tribu, il était leur chef spirituel. C'est lui qui récitait les textes à leurs funérailles et à leurs mariages, il était quelque chose comme un prêtre pour eux. Dans la soirée, il restait assis les jambes croisées dans la "longue maison", à l'écoute des problèmes de son peuple, pour les résoudre avec les conseils qu'il offrait. Il avait le rôle d'un juge, ce qui était l'une des traditions les plus puissantes. C'était un poète et un traducteur, mais aussi un philosophe. Il connaissait leurs problèmes mieux que quiconque, il connaissait aussi les lois strictes qui régissaient leurs tribus. Ceux qui reniaient leurs principes ancestraux et devenaient chrétiens étaient autorisés à rester dans le village, mais on ne leur donnait aucune position. Ils devaient quitter le Conseil des sages, des vieillards, ils "perdaient leur destin", comme on l'a décrit à leur manière spéciale, ils étaient désavoués. Tout cela pouvait ne pas être d'une grande signification pour un Indien ordinaire, mais pour un chef...
Personne dans le village n'a jamais su, jusques en ce jour où il est mort, que leur chef était chrétien orthodoxe. Et Vladimir, qui était Frank pour eux, a vécu et travaillé avec eux, pour eux, avec la crainte toujours présente qu'ils pourraient le découvrir. Il a dû être perpétuellement modéré, attentif, flexible, sinon son image aurait été brisée en eux. Il était en charge de la station de radio pendant des années, et il a également travaillé à leur centre culturel. Il était considéré comme une autorité sur les sujets concernant la tradition, et il était incroyablement touché, chaque fois qu'il trouvait des "parallèles", comme il les appelait, dans la tradition orthodoxe. Il partagea beaucoup de ses expériences avec nous, parce qu'il ne pouvait pas les partager avec son propre peuple. Quelle lourde croix à porter...
Chaque fois que je le voyais sortir du sanctuaire de la petite église orthodoxe de la Mère de Dieu, qui avait des offices en anglais et en français, habillé en servant et tenant un cierge devant les prêtres et les évêques, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander quel genre de cœur ce vieux loup indien avait en lui, qui lui disait en permanence: "Dieu le sait". Et il se prosternait toujours sur le sol, afin que Dieu lui donne l'illumination de gouverner son peuple à travers les tempêtes et les épreuves, et lui donne la force de tenir la lourde charge qui lui avait été donnée, jusques à la fin.
Les années passèrent. Chaque ami qui nous rendait visite à Montréal devait faire le voyage obligatoire vers ce village indien pour rencontrer Vladimir. Et beaucoup d'entre eux m'ont dit qu'ils avaient mis sur le papier leurs propres expériences là-bas.
Un matin, j'ai reçu un appel téléphonique à Montréal, me disant que Vladimir était décédé dans son village. La question qui surgit dans mon esprit était: qui va l'enterrer, que va-t-il advenir de lui? Il avait toutefois laissé des instructions, écrites et précises pour tous les rituels à faire dans la tradition indienne dans la "longue maison" et pour qu'un prêtre orthodoxe lise des bénédictions sur son corps. Naturellement, les Indiens n'avaient aucune idée de ce qu'il entendait par "un prêtre orthodoxe", mais il avait laissé quelques numéros de téléphone aussi.

Ils ont effectivement téléphoné, et un prêtre orthodoxe est venu réciter le service funèbre avant qu'ils ne portent Vladimir dans la longue maison.
Malheureusement je n'ai pas eu l'occasion d'assister au rituel dans la longue maison, mais un ami commun qui ont assisté à l'enterrement m'a transmis les détails.
Deux jours après les funérailles, ce même ami, Michael, m'a apporté les nouvelles, et un paquet. Il m'a dit qu'il avait assisté à tout le rituel. C'était vraiment impressionnant. Quand ils vont à la longue maison, les Indiens mettent des vêtements qui correspondent à leur rang dans le village. Le rituel, qui était bien sûr dans leurs propres langues, avait une forme particulière, un peu comme l'ancien type byzantin. À la fin, le testament du chef de tribu a été donné en lecture à haute voix, devant toute la tribu. Dans son testament, il a mentionné où il laissait chacun de ses biens. Vladimir avait 75 ans tout au au plus. Il avait des enfants, des petits-enfants et des arrière petits-enfants. Il laissa quelque chose à chacun des membres de sa famille. À un moment, l'indien qui donnait lecture du testament a éprouvé quelques difficultés à lire un nom qui n'était pas indien et, après avoir grimacé un peu, il a mis ses lunettes et a prononcé le nom, d'une manière déformée de la façon suivante: "Ya-nis Ha-dji-ni-ko-la-ou ". Mon ami Michael leva la main et on lui donna le paquet, qu'à son tour il m'a donné.
Quand j'ai ouvert le paquet, j'ai vu ce qui était à l'intérieur: c'était un livre, "La Divine Liturgie", en grec et en anglais, que je lui avais donné il y a de nombreuses années. A l'intérieur, sur la première page, il y avait écrit: "Pour Yanni", et en dessous, en grec: ""Καλή αντάμωση"(A nos retrouvailles!/ Au revoir!)- Vladimir Natawe". J'ai pris cela comme un geste très aimable de sa part, il avait en effet inséré ces mots avant son départ définitif, peut-être parce qu'il avait senti que sa mort était proche. Il avait écrit en grec les mots pour dire "au revoir". Bien entendu, la surprise ne s'arrêtait pas là: il y avait encore autre chose. Lorsque j'ai feuilleté le livre, j'ai été stupéfait, bouche bée... Il avait traduit l'intégralité du texte de la Liturgie en langue mohawk, au-dessus des lignes du texte anglais! Bien sûr, je ne peux pas lire le mohawk, mais je tiens à ce livre comme à un souvenir, cette Liturgie orthodoxe traduite par Vladimir en langue indienne, toute la Liturgie de Saint Jean Chrysostome... Si Dieu m'accorde cet honneur, peut-être que je la publierai une jour...
Des histoires contemporaines comme celle-ci peuvent sembler être comme un conte de fées, parce que notre vie semble également fugitive. Et pourtant, ces histoires sont remplies d'une lumière sans déclin, elles sont les témoignages modernes de cette bienheureuse "folie", de cette levure qui fait lever toute la pâte, de la petite église au sommet d'un îlot de la mer Egée, aux lointaines réserves indiennes du Canada.
Au revoir Vladimir... Karamazov...

Version française: Claude Lopez-Ginisty



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Saint Stylianos de Paphlagonie, Asie Mineure

26 Novembre

Choisi par Dieu depuis le sein de sa mère, Saint Stylianos se détacha des illusions de ce monde, distribua ses biens aux pauvres et embrassa la vie monastique. Il s’illustra avec vaillance dans les combats de l’ascèse et, au bout de quelques années de vie commune, partit pour mener la vie solitaire dans une grotte. Il y recevait sa nourriture de la main d’un Ange et devint bientôt intercesseur efficace auprès de Dieu pour le soulagement des malades: en particulier pour la guérison des maladies infantiles et pour la délivrance des femmes restées stériles. C’est dans ces circonstances que la prière du Saint reste toujours efficace pour ceux qui l’invoquent avec foi de nos jours.

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Devenir et rester un Chrétien Orthodoxe

Prêtre Andrew Phillips 

INTRODUCTION

Nous entendons parfois des gens raconter comment ils en sont venus à rejoindre l'Eglise Orthodoxe. Bien que chaque histoire soit intéressante, et parfois même extraordinaire, je pense que les histoires racontant comment des gens sont restés de fidèles Chrétiens Orthodoxes malgré les tentations seront de plus grande utilité. Comme il est écrit dans l'Evangile : "C'est à votre constance que vous devrez votre salut" (Luc 21,19).

De plus, je n'ai pas intitulé cet entretien "Comment entrer dans l'Eglise Orthodoxe" mais "Comment devenir et rester un Chrétien Orthodoxe."

Car rejoindre l'Eglise Orthodoxe ou devenir un membre de l'Eglise Orthodoxe, cela concerne des changements externes, et ce n'est pas la même chose que "devenir un Chrétien Orthodoxe," qui concerne des changements intérieurs. Et rester un Chrétien Orthodoxe est encore plus important, c'est pourquoi j'ai consacré 3 fois plus de temps à cette partie-là qu'à comment devenir Chrétien Orthodoxe.

DEVENIR ORTHODOXE – CONVERSION ET INTÉGRATION

Définissons d'abord nos termes en parlant d'un nombre de mots qui sont utilisés dans ce contexte. Tout d'abord, il y a la phrase nulle "Orthodoxe de naissance." Cela n'existe pas. Personne n'est "né Orthodoxe", nous sommes tous nés païens. C'est pour cela que nous exorcisons d'abord puis baptisons. Plus acceptables sont les termes, "né dans une famille Orthodoxe" et "Orthodoxe depuis le berceau". Il est intéressant de noter que les gens qui utilisent avec condescendance des termes comme "Orthodoxe de naissance" appellent les enfants des "convertis".. des "convertis". En fait, bien sûr, dans leur langage erroné, les enfants de "convertis" sont "Orthodoxes de naissance"!
Ensuite il y a le mot "converti." Lorsque des gens disent qu'ils sont convertis, je leur demande d'abord : "Convertis à quoi?" Au folklore grec? A l'alimentation russe? Au pharisianisme? A la nostalgie d'un Anglicanisme ou d'un Catholicisme-romain démodés? A un passe-temps intellectuel de syncrétisme?

Il est vrai, en un sens, que nous sommes tous, toujours, des convertis, parce que nous avons tous à constamment nous convertir au Christ. C'est le sens du Psaume 50. Le roi-prophète David aussi fut un converti, un "né de nouveau", après son grand péché. Hélas, le mot "converti" n'est en général pas utilisé dans ce sens spirituel mais dans un sens séculier.

J'espère que quand les gens s'appellent eux-mêmes "convertis", ils veulent dire qu'ils sont convertis au Christianisme (qui est le mot correct pour Orthodoxie). J'espère aussi que quand ils disent qu'ils sont "convertis", cela signifie qu'ils ont été très récemment reçus dans l'Eglise. Hélas, je dois admettre que ce n'est pas toujours le cas. Les années passant, j'ai rencontré des gens qui étaient entrés dans l'Eglise Orthodoxe 10, 20, 30 ans auparavant voire plus, et qui étaient encore des "convertis" et même qui s'appelaient eux-mêmes "convertis". Et ceci même dans le cas de certains clercs, prématurément ordonnés.

Ca me dépasse, car cela signifie que même après des années comme membres "de nom" de l'Eglise Orthodoxe, ils ne sont pas encore devenus Chrétiens Orthodoxes, ils n'ont pas encore intégré l'Eglise, ils n'ont pas encore grandit naturellement dans l'Orthodoxie, et il ne mènent toujours pas un genre de vie Orthodoxe, ils n'ont pas encore acquis cet instinct d'Orthodoxie, qui signifie que l'Orthodoxie est leur unique demeure spirituelle, qu'elle est leur os et leur sang, qu'ils respirent l'Orthodoxie parce que leurs âmes sont Orthodoxes. Ils souffrent de l'affliction spirituelle de la "convertitis". Ils sont restés néophytes. Ils n'ont accompli que ce que le diable voulaient qu'ils accomplissent – être incomplets. C'est pourquoi les Russes, faisant un jeu de mot sur le mot russe "konvert", qui signifie une enveloppe, disent plutôt vrai en parlant de certains convertis : "le problème avec le 'konvert', c'est qu'il est soit souvent vide, ou souvent décollé."

Il peut y avoir bien des raisons à cet état de convertitis. Ce peuvent être des gens qui sont rentrés dans l'Eglise Orthodoxe et n'ont pas trouvé de paroisse où aller, au moins avec des Offices dans une langue qu'ils pourraient comprendre. Par exemple, j'ai rencontré des gens qui avaient été Orthodoxes depuis 40 ans mais n'avaient jamais participé à une Vigile Pascale dans leur propre langue! J'ai rencontré des gens qui étaient Orthodoxes depuis 5 ans et n'avaient jamais assisté à la moindre Vigile Pascale, parce que leur communauté Orthodoxe locale n'a que 10 Liturgies par an et uniquement des samedis matin! J'ai rencontré des gens qui étaient Orthodoxes depuis 60 ans et n'avaient jamais été à des Vêpres ou un Office de Vigile! En d'autres mots, de telles personnes n'ont jamais eu l'opportunité d'apprendre et de s'intégrer. Cependant, il y a malheureusement aussi d'autres raisons pour lesquelles des gens ne s'intègrent pas dans la vie de l'Eglise.

LES MOTIFS DE CONVERSION

En principe, le clergé ne devrait recevoir quelqu'un au sein de l'Eglise Orthodoxe que pour des raisons positives. Le fait est qu'il y a des gens qui souhaitent rejoindre l'Eglise Orthodoxe pour des raisons négatives, par exemple par dégoût pour une dénomination ou un membre de son clergé. C'est de la psychologie, pas de la théologie, et en plus, pas très saine, ni très Chrétienne, comme psychologie.

Je me souviens comment dans les années 1970, celui qui est à présent l'évêque Kallistos me raconta comment un groupe de convertis lui avaient demandé d'écrire un livre dénonçant toutes les hérésies de l'Anglicanisme. Les convertis en question, et ils étaient en effet convertis, étaient bien entendu tous des ex-Anglicans! Ils n'avaient pas compris que leur motivation, à tous, provenait de leurs problèmes psychologique personnel, de leur réaction, qu'ils étaient occupés à masquer derrière leur zèle passionné. C'est fort justement que l'évêque Kallistos refusa d'écrire quelque chose de négatif. En tout cas, aucun Orthodoxe n'aurait acheté le bouquin, parce qu'il n'aurait pu être de quelqu'utilité que ce soit pour des néophytes ex-Anglicans. Ce fut un livre en moins à réduire en pâte.

Habituellement, un prêtre sait découvrir si les motivations de ceux qui souhaitent rejoindre l'Eglise Orthodoxe sont négatives rien qu'en attendant de voir si ces gens viennent aux Offices religieux. Habituellement, ces gens super-zélés qui aiment lire à propos de la Foi ou parler de la Foi dans des forum ou ailleurs, sont ces mêmes personnes qui font de l'absentéisme à l'église. Leur zèle se passe tout dans la tête ou dans leurs émotions, pas dans leur coeur et âme, et dès lors pas dans leur vie et leur pratique.

Ensuite, il y a ceux qui ont été attirés à l'Eglise par une découverte durant un voyage. J'appelle ces gens des "Orthodoxes de Vacances." Leur attirance n'est souvent pas vers le Christ, mais vers une culture étrangère et exotique – et au plus exotique, au mieux c'est. Menant une vie très monotone, l'Eglise Orthodoxe leur donne quelque chose pour rêver, habituellement leurs prochaines vacances en Crête ou quelque part du genre. A nouveau, un prêtre sait facilement découvrir si leur intérêt est sérieux en regardant s'ils viennent à l'église. En général, ils ne viennent pas, parce qu'ils ne sont pas en vacances! Hélas, certains d'entre eux ont été reçus dans l'Eglise par des prêtres manquant de discernement, dans leur lieu de villégiature, que ce soit en Roumanie, Russie, Grèce, Chypre, au Mont Athos ou ailleurs.

Ne connaissant rien de la Foi Orthodoxe, ils se présentent sur le pas de votre porte et vous avez à leur expliquer que bien qu'ils soient membres de l'Eglise Orthodoxe, ils ne sont en réalité pas encore devenus Orthodoxes. Souvent, de toute manière, de telles personnes peuvent bien vous téléphoner, mais en général ne viendront jamais à un Office à l'église, parce qu'ils auront cessé de pratiquer avant de s'être préparés à venir à l'église.

Ensuite il y a ces gens qui viennent avec leur propre agenda, souvent des "je-sait-tout", qui ont lu tous les livres existant sous le soleil, mais n'ont pas encore la moindre idée de la lettre A de l'ABC Chrétien. Et ils arrivent avec leurs desiderata qu'ils souhaiteraient imposer! "Oui, je veux rejoindre l'Eglise Orthodoxe, mais à condition qu'elle aie d'abord été 'réformée' et 'modernisée'!" - "Oui, c'est bon ainsi, mais je voudrais qu'on rajoute quelques hymnes occidentaux avant le Canon!", ou "Je ne rejoindrai l'Eglise Orthodoxe que lorsqu'elle célébrera Pâque en même temps que ma tante Suzanne qui est Protestante!", ou "Tout est parfait sauf que vous utilisez beaucoup trop de cierges. Retirez ces cierges et je rejoindrai l'Eglise Orthodoxe." "Je ne deviendrai Orthodoxe que si vous avez une icône de st. François d'Assise!" "Je ne rejoindrai l'Eglise Orthodoxe qu'à condition que tout le monde y vote pour le parti politique XYZ et aille en vacances en Toscane!". Ce sont peut-être des exemples extrêmes, mais ce sont des exemples authentiques. Ce sont tous des exemples de manque d'humilité. Aucun prêtre ne devrait recevoir des gens pareils au sein de l'Eglise pour la simple raison qu'ils n'aiment pas et n'acceptent pas l'Eglise et Son Maître le Christ.

Il n'y a qu'un seul critère pour entrer dans l'Eglise Orthodoxe, et c'est parce que vous êtes convaincus que c'est pour votre Salut personnel, pour votre survie spirituelle, parce que c'est la sainte Volonté de Dieu pour vous, parce que vous savez que c'est votre demeure spirituelle, et que quelqu'en soit le prix, vous ne pourrez jamais être rien d'autre.

COMMENT RESTER ORTHODOXE – L'ATTACHEMENT AUX APPARENCES

Récemment, un prêtre qui avait reçu des gens dans l'Eglise au cours des 20 dernières années me raconta que la liste de gens qu'il avait reçu et qui avaient fait défection était plus longue que celle de ceux qu'il avait reçus et qui avaient persévéré. Ce prêtre est relativement prudent quand il s'agit de recevoir les gens, mais je connais 2 autres paroisses où la liste des défections est au moins 20 fois plus longue que celle des persévérants. Dans les 2 cas, je doit admettre que c'est la politique de la paroisse qui est à remettre en cause. Présentez-vous y et demandez, et vous serez automatiquement reçus dans l'Eglise endéans les 2 semaines, sans la moindre instruction.

Mais pourquoi alors est-ce que des gens abandonnent la pratique de la Foi à laquelle ils ont choisit d'appartenir de leur plein gré? Si nous examinons cette question, peut-être pourrons-nous apprendre quelques leçons qui sont utiles pour nous et qui pourrons nous aider à rester un fidèle Orthodoxe.

Tout d'abord, nous devons nous examiner nous-mêmes. A quoi sommes-nous en fait attachés dans l'Eglise? Il y en a qui disent : "C'était si merveilleux à l'église aujourd'hui! Le chant était si beau, l'encens sentait si bon!" Des paroles pareilles me font penser qu'il est peu probable que cette personne revienne. De telles personnes semblent avoir un feu intérieur qui éclate dans un jaillissement d'enthousiasme et d'émotion. Mais comme tous les feux vifs, ils brûlent vite et ne laissent que des cendres froides. Cet attachement aux apparences et à l'exotisme est dangereux, parce que nous passons à côté de l'essentiel.

L'attachement aux apparences peut s'étendre aux vêtements, langues, nourriture et folklore étrangers. Je me souviens d'une paroisse russe en Belgique, on savait directement qui y étaient les convertis; les hommes portaient des barbes de paysans Russes du 19ème siècle, et les femmes portaient des longues jupes sans élégance et semblaient porter une nappe de table sur la tête. Vous saviez qui étaient les Russes parce qu'ils étaient habillés normalement. Dans une paroisse grecque ici, il y avait 2 prêtres, un Grec et un converti. Vous reconnaissiez directement qui était le convertit parce qu'il portait d'énormes robes à large manches et un énorme chapeau-cheminée sur sa tête. Le Grec ne portait qu'une tunique.

Dans une autre paroisse russe, les Russes parlaient toujours de chanter, de Noël et de Pâques, mais les "convertis" (et c'est bien ce qu'ils étaient) parlaient de "psalmodier" et "La Nativité" et "Pascha." Un vrai Russe, né en Union Soviétique, me raconta un peu cruellement pourquoi il aimait le convertit de sa paroisse "parce qu'il me fait marrer avec tout son folklore." Le zèle non-éclairé est toujours ridicule. Le zèle doit être canalisé afin d'atteindre quelque chose de positif.

J'ai un ami Chypriote Grec, né et élevé à Londres, qui me raconta que son plat préféré était le steak et la tourte aux rognons, et que c'était la première chose qu'il mangeait à Pâques lorsque le jeûne était finit. Je lui ai demandé s'il mangeait parfois dans un restaurant grec. Il répondit : "Oh non, ça c'est juste bon pour les Anglais." Il me raconta aussi comment à Londres, dans les mariages entre Chypriotes, les invités avaient l'habitude d'attacher des billets de banque aux vêtements du nouveau couple, une sorte de cadeau de mariage. Lorsque pour la première fois il vit un mariage à Chypre, alors qu'il avait 25 ans, les gens là-bas ne firent pas cela. Pourquoi? Parce qu'ils avaient cessé de le faire dans les années 1960, considérant cela comme une sorte de coutume paysanne primitive. En d'autres termes, ils avaient cessé de le faire après que la plupart de leurs compatriotes Chypriotes Grecs avaient émigrés à Londres, mais ceux à Londres avaient conservé la vieille coutume des années 1950. Et voilà que les convertis veulent imiter cette coutume morte.

A cet égard, j'ai rencontré récemment un autre "convertit" qui venait de rentrer de vacances en Grèce, et en parlait avec beaucoup d'enthousiasme comme étant une "terre sainte" pleine de "saintes personnes," parce que "les Orthodoxes sont saints". Hé bien, je ne peux que supposer qu'il a dû passer tout son séjour dans d'excellents monastères – en passant, tous les monastères ne sont pas excellents. Je recommanderais à de telles personnes d'aller visiter les prisons grecques. Elles sont pleines d'Orthodoxes – des voleurs, des assassins, des violeurs, des proxénètes, des escrocs Orthodoxes. Vous pouvez le dire, ils sont tous Orthodoxes! Voyez-vous, la nature humaine est la même dans le monde entier.

Ce que je veux dire c'est que si nous nous attachons aux apparences, alors nous devrions d'abord nous demander à nous-mêmes : à quelles apparences sommes-nous donc attachés? Si nous ne faisons pas preuve de discernement, nous pourrons en effet avoir l'air fort bête. Toutes les apparences ne sont naturelles que si elles reflètent ce qui est en nous. Si le Christianisme Orthodoxe est en nous, alors nos apparences seront celles de tout Chrétien Orthodoxe. Nous gagnerions certainement à prendre l'habitude de visiter d'autres paroisses Orthodoxes, des pays où il y a beaucoup d'églises Orthodoxes, observant et analysant notre aspiration à l'authenticité. La pire des choses ce sont ces petites communautés de "convertis", refermées sur elles-mêmes, et qui ne voient jamais rien d'autre. Ils peuvent finir par avoir des pratiques qui n'existent nulle part ailleurs sur terre, et cependant penser être "plus Orthodoxes" que qui que ce soit d'autre! A nouveau, l'humilité est la solution pour guérir cette maladie, et l'humilité commence avec le réalisme, pas avec la fantaisie. Aucune spiritualité n'a jamais été fondée sur de la fantaisie. Sans une sobre humilité, il y a toujours l'illusion, qui est suivie par le découragement et la dépression. C'est la loi spirituelle.

Voir la réalité d'églises Orthodoxes est un excellent remède contre la maladie des fantaisies. Se rappeler que certaines Eglises Orthodoxes sont des Eglises d'Etat, et que bien d'autres ont des mentalités d'Eglise d'Etat. Une expérience qui donne à réfléchir, c'est la rencontre avec un certain nombre de ces diacres, prêtres et évêques qui se vantent de combien "ils gagnent" comme salaire, qui sont "hors service" à partir de 17h et les lundis et jeudis, et qui ne peuvent dès lors pas y célébrer de funérailles, qui disent qu'être dans le clergé c'est un bien meilleur boulot que ce qu'ils auraient autrement dû faire parce qu'ils n'étaient pas trop brillants à l'école et que l'alternative c'était être larbin dans une usine.. Mais c'est la réalité. Le contact avec cette réalité peut être de grand secours pour mettre un terme au zèle non-éclairé, aux ghettos de convertis, à tout ce que j'appelle "l'effet de serre".

Cela ramène les gens les pieds sur terre, et cela leur rappelle que c'est là où il devrait se trouver, car notre religion est la religion de l'Incarnation. Ce que les autres pensent et font, ce ne sont pas nos affaires, notre tâche c'est le salut de notre propre âme.

A cet égard, une des principales raisons pour laquelle certains convertis ne cessent pas d'être des convertis et ne deviennent pas Orthodoxes, c'est parce qu'ils n'ont pas de travail. Le besoin de gagner votre pain quotidien, d'être avec d'autres personnes, est un excellent moyen pour que les gens commencent à vivre leur Foi (au lieu de juste y réfléchir). Ceci peut éviter ce qu'on appelle les tentations de la gauche et de la droite. Les tentations de gauche sont le laxisme, la faiblesse, le compromis, l'indifférence. Les tentations de droite sont : juger sévèrement les autres, le zèle méprisant du Pharisien, "le zèle non-éclairé." Ces tentations sont d'un danger équivalent et doivent être autant combattues les unes que les autres. Toutes amènent à un gaspillage d'une quantité énorme de temps et d'énergie dans des distractions telles que la discussion sur des problèmes sans intérêt genre l'oecuménisme, plutôt que de prier. Vivre dans la société est le moyen qui nous permet d'apprendre à nous connaître nous-mêmes, voir nos défauts et éviter de nous fourvoyer dans des problèmes théoriques.


INTÉRÊT SUPERFICIEL

Certains sont vraiment imbus d'eux-mêmes! Certains sont vraiment pleins de suffisance et se gonflent. D'abord – si vous le leur permettez – ils vont vous détailler l'histoire de leur vie, et ensuite ils vont vous raconter les derniers ragots à propos du prêtre X, de l'évêque Y, et ensuite de la juridiction Z. Et cela quand bien même ils ne connaîtraient pas l'ABC de la Foi d'un enfant. Cependant, le fait est que le Christianisme, et c'est ce dont nous parlons, ce n'est rien de tout cela. Si vous n'avez pas de contact avec la réalité, alors vous n'apprendrez jamais les choses réelles. La vie de l'Eglise n'a rien à voir avec toute cette absurdité. Il n'y a rien de plus ennuyeux que de discuter de la personnalité et des activités d'autrui, clergé ou laïc, sauf bien sûr du péché les concernant, car le péché est toujours ennuyeux, c'est toujours la même chose. Posez la question à quelqu'un qui écoute des confessions.

La vie d'Eglise, c'est : qui va faire le café? Qui va faire la vaisselle? Qui va s'occuper des fleurs? Qui va tondre la pelouse? Qui va préparer et cuire les prosphores? Qui va nettoyer les toilettes? Saint Nectaire accomplissait cette dernière tâche alors qu'il enseignait à Athènes, quand bien même il portait l'imposant titre de "métropolite de Pentapole". Alors comment pourrions-nous nous en plaindre? Après tout, c'est une des premières tâches confiées aux novices dans les monastères.

Bien entendu, ce ne sont pas les principales tâches dans la vie de l'Eglise. Continuons :
La vie d'Eglise, c'est : Qui va apprendre à chanter? Qui va venir à tous les Offices à l'église? Qui va respecter tous les jeûnes de l'Eglise? Qui va lire chaque jour ses prières matinales et vespérales? Qui va se préparer consciencieusement pour la confession et la Communion? Qui va lire tous les jours les lectures prévues de l'Evangile et de l'Epître?

Et en fait, si vous voulez la réalité brute, qui choquera certains "convertis":
La vie d'Eglise c'est aussi : qui paiera les factures?

Oui, la vie d'Eglise, cela concerne l'engagement, la chose qui manque le plus dans notre culture actuelle, tiédasse et médiocre. Etre un Chrétien, et je vous le rappelle, c'est tout ce que le mot "Orthodoxe" signifie, c'est très difficile.
Depuis le Christ, personne n'a jamais dit autre chose. Sans un engagement ferme, nous ne resterons jamais Orthodoxe. Etre Chrétien, c'est aimer Dieu et aimer son prochain. Si nous ne sommes pas préparés à ne fut-ce qu'à l'essayer et le mettre en pratique, alors ça n'ira jamais. Malheureusement, certains pensent qu'être un Chrétien Orthodoxe – je sais, c'est un raisonnement vide, un cercle vicieux – ça ne concerne pas l'amour de Dieu et de son prochain. Ils pensent qu'il s'agit de lire des bouquins, d'avoir des opinions, de condamner autrui, de manger de la nourriture étrange, d'être intolérant, ou de porter des vêtements bizarres. Notre Seigneur n'a jamais rien dit de tout cela. Il a dit : "Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres" (Jean 13,34).

Le fait est que tous les Chrétiens étaient autrefois Chrétiens Orthodoxes, mais la plupart n'ont pas compris et ont chuté.
Le Christianisme Orthodoxe, ce n'est pas être reçu dans l'Eglise Orthodoxe et puis dire : "Ca y est, j'y suis arrivé."

C'est entrer dans l'Arène, c'est se trouver sur la Croix. J'ai souvent entendu des Anglicans dire : "Je sais que l'Orthodoxie, c'est l'authentique, mais je n'y parviendrais jamais." Je suppose que cela a au moins le mérite de l'honnêteté. Je pense toujours à ces paroles de ce saint prêtre, Clément d'Alexandrie, au 3ème siècle : "Si l'homme n'est pas couronné par le martyre, veillez à ce qu'il ne soit pas loin de ceux qui le sont."

La solution, c'est de lire l'Evangile selon saint Jean, d'avoir une règle de prière quotidienne. "Le Royaume des Cieux est pris par la force", dit l'Evangile.

NOSTALGIE

La nostalgie se définit par un attachement au passé. Ce n'est pas Chrétien, quand bien même nous trouverions naturel et humain d'avoir de l'indulgence envers nous-mêmes de temps à autres. Le problème est que cela nous détourne de vivre dans la réalité du temps présent, ce que nous sommes supposés faire.
Certains par exemple vous dirons qu'ils ne peuvent pas rester Orthodoxes parce que cela signifie qu'ils ne pourraient plus faire ce qu'ils avaient l'habitude de faire – aller au bistrot les samedis soirs, ne plus manger de viande les Dimanches durant les jeûnes. D'autres vous diront qu'ils trouvent non-hygiénique le fait d'embrasser des Icônes, des reliques, la main du prêtre (et même prendre la Communion) – ils n'ont jamais eu l'habitude de le faire. On se demande pourquoi de telles personnes se sont données la peine de venir ici.
Oui, je comprend les problèmes des mariages mixtes, les problèmes de régime alimentaire, le problème de rendre visite à des parents qui ne sont pas Orthodoxes, le problème des calendriers. Alors voici deux choses. La première, l'Eglise n'est pas un bâton qui est là pour nous décourager. Mais souvent, les gens se fabriquent leur propre bâton pour se battre eux-mêmes. Si nous rendons visite à un parent durant une période de jeûne et qu'il nous offre de la nourriture non-carémique, l'Eglise ne nous dit pas d'être des bigots auto-satisfaits et de refuser. Elle nous dit d'être humbles. Certains disent : "je ne peux pas manger cela car je suis saint." Oh oui, nous avons tous entendu cela, si pas dans ces termes-là, au moins dans cet esprit. Si l'oncle Alfred de votre épouse est terriblement malade, cloué sur son lit d'hôpital et désespérément seul et que la seule solution pour lui rendre visite, c'est le dimanche matin, alors l'Eglise nous dit d'aller lui rendre visite. C'est mieux que de refuser d'emmener votre épouse parce que vous avez besoin de la voiture pour aller "à mon église" et puis avoir une querelle familiale. Le bon sens commun et le discernement dans nos choix sont essentiels.
En ce qui concerne les mariages mixtes, le discernement est vital. J'ai vu des "convertis" Orthodoxes harceler et harceler leur conjoint pour devenir membre de l'Eglise Orthodoxe. Le résultat est toujours négatif. D'un autre côté, j'ai vu des gens attendre patiemment, 10, 20 ou 30 ans durant, sans ne fut-ce que mentionner la possibilité d'entrer dans l'Eglise Orthodoxe, et pour finir, l'autre conjoint demandait spontanément à y entrer. C'est l'exemple de patience Chrétienne du conjoint qui avait convertit.
Dans les petites paroisses Anglaises de l'Eglise Orthodoxe, certains des problèmes d'isolement rencontrés par beaucoup qui se joignent à l'Eglise Orthodoxe ont été résolus, au moins en partie. Si vous allez dans ce que j'appelle des "paroisses d'Eglise d'Etat", vous ne trouverez pas souvent du café ou du thé après l'Office, ou quelqu'un avec qui parler. Inversement, la plupart des paroisses anglaises ont une salle paroissiale. Là, après la Liturgie ou un Office de semaine, les Orthodoxes isolés, de quelqu'origine que ce soit, peuvent se rencontrer. Une personne venue chez nous, provenant d'Europe Orientale, voyant cela, dit : "Ici, c'est comme dans l'Eglise Ancienne". Bien sûr, elle ne voulait pas dire que nous étions "saints" ou quelque chose du genre, mais elle voulait dire que dans notre communauté, nous étions proches, nous nous connaissions les uns les autres.
Et ceci ne veut en rien dire qu'ici c'est "mieux" qu'en Europe Orientale; c'est simplement que nous avons à former une communauté, avec une salle paroissiale, avec café et thé, parce que sinon nous ne pouvons pas survivre en tant que petit groupe minoritaire confessant des valeurs spirituelles dans le grand désert spirituel de la Grande-Bretagne moderne [- ou quelqu'autre pays d'Occident; note du traducteur]. C'est notre survie, c'est notre famille et communauté de substitution dans la société actuelle, fragmentée, individualiste, consumériste et sans vie relationnelle. Ce n'est pas nécessaire dans certaines parties de l'Europe Orientale, parce que tout le monde y est Orthodoxe, donc la communauté Orthodoxe est tout autour de vous. Mais ici ce n'est plus le cas.

CONFESSION

A présent, j'aborderai un problème très particulier qui concerne spécialement l'Anglais contemporain, et en particulier, le caractère Anglican. La culture Protestante ambiante en Grande-Bretagne pour au moins les 6 dernières générations a rendu les gens très "coincés" et réservés, ce qui est en réalité une forme d'orgueil. Pour nombreux Anglais, il est très difficile d'aborder la Confession, un important Sacrement dans l'Eglise Orthodoxe. C'est pourquoi dans des cultures Protestantes un peu moins coincées, comme dans ces Etats-Unis imprégnés de culture de l'introspection, bien que les gens n'aillent pas se confesser, ils vont chez leur psychothérapeute. Là, ils peuvent tout dire, et puisqu'ils paient, ils peuvent s'y entendre dire qu'ils sont des gens bien comme il faut. La confession est différente de cela. C'est une question délicate, et je pense qu'il est bon de parler de vos réserves avec un prêtre en dehors de la confession avant même d'aller en confession. Apprenez d'abord à vous connaître mutuellement. Voici un certain nombre de choses à comprendre:
Premièrement, aucune confession n'est faite à un prêtre. C'est à Dieu, en présence d'un prêtre, qui est supposé essayer de donner quelques conseils judicieux.
La plupart des prêtres n'auront aucune objection à ce que vous vous confessiez auprès d'un autre prêtre, hors de votre propre paroisse. Certains se réjouiront même que vous le fassiez! Trouvez le bon confesseur, qui vous convienne. S'il vit fort loin, donnez-lui votre confession par téléphone, courrier électronique ou lettre. Il vous répondra et ensuite vous irez chercher l'absolution auprès de votre prêtre local qui est au courant de cet arrangement. C'est la solution utilisée par les épouses et enfants des prêtres. Elle pourrait l'être par vous.
Pour finir, comme je l'ai déjà dit, il n'y a rien de plus ennuyeux que le péché. Je suis toujours surpris lorsque des gens viennent en confession et s'attendent à ce que je me souvienne de leur dernière confession. J'oublie toujours les choses ennuyeuses. Un des meilleurs pères confesseurs que j'aie jamais rencontré était presque totalement sourd. Après avoir dit ma partie, dont il n'avait quasiment rien entendu, il me donnait quelques uns des meilleurs conseils que je n'aie jamais reçus.

PERSONNALITÉS

Il est inévitable que vous ne vous entendrez pas toujours avec tout le monde dans votre paroisse. Ainsi en est-il de la nature humaine. Mais ce n'est pas une raison pour vous en aller, claquant la porte, et ne restant pas Orthodoxe. Peut-être passez-vous trop de temps à l'église en dehors des Offices? Oui, nous prenons une tasse de café ou de thé après l'Office, mais vous n'êtes pas obligé de rester. Certains des meilleurs Orthodoxes ne restent pas! Peut-être que vos relations sont-elles trop proches avec les autres paroissiens? Est-ce que ces personnes-là ne sont pas dans la même situation? Si vous n'avez pas de centres d'intérêt communs, autres qu'avoir une Foi commune, pourquoi passer tant de temps avec eux? Passer trop de temps avec des gens avec qui vous avez si peu en commun en termes de caractère et de goûts est une bonne recette pour les conflits. Après tout, vous n'êtes pas marié avec eux.
Et il en est de même concernant votre relation avec le prêtre. Vous pouvez avoir quelque chose en commun en matière de personnalité. Mais peut-être pas. Peut-être ne le trouverez vous "pas assez monastique" ou peut-être le trouverez-vous trop "libéral" [laxiste, moderniste, ndt], ou peut-être tout simplement profondément ennuyeux. Bon, d'accord, mais aller à l'église n'a rien à voir avec une étroite amitié avec le prêtre et acheter les mêmes céréales pour petit-déjeuner que lui. Franchement, si vous savez ce qu'il mange au petit-déjeuner, alors vous le connaissez un peu trop bien.
Un autre domaine de conflits dans la vie paroissiale ce sont les assemblées et conseils paroissiaux. Dans la plupart des paroisses Orthodoxes, ils ont lieu une fois par an, après la Liturgie dominicale, durant le Grand Carême. Et cependant, j'ai entendu de certains groupes de convertis qu'ils se réunissent sans cesse, une fois par mois voire plus, discutant toujours des mêmes vieux trucs. C'est quelque chose qui vient de l'Anglicanisme, pas d'une pratique Orthodoxe. Franchement, cette sorte de vie est "presqu'incestueuse", beaucoup trop de proximité pour être à l'aise. La discussion de détails pointilleux n'est pas seulement ennuyeuse, mais c'est aussi une perte de temps. Pire encore, certains s'y impliquent de manière passionnée et s'attachent aux détails. Je me souviendrai toujours d'une personne, professeur d'Université, dans une réunion paroissiale il y a quelque 25 ans d'ici, qui déclara que si on repeignait le plafond de l'église en bleu, il n'y remettrait plus jamais les pieds.
En fait, il ne l'a pas fait. Il est mort peu après.

CONCLUSIONS

Que retiendrez-vous de cet exposé? J'espère les points suivants :
Nous rentrons dans l'Eglise et nous restons dans l'Eglise afin de sauver nos âmes, et rien d'autre. L'Eglise n'est pas un loisir, un jeu, un intérêt privé, un prétexte, ou même une communauté. C'est le Salut de nos âmes. Nous y réussissons en étant d'abord nous-mêmes et ensuite en étant le meilleur de nous-mêmes. S'il y a quoique ce soit d'autre, tout cela est secondaire. Nous ne devons jamais perdre cela de vue. Si nous le faisons, alors nous nous trompons et nous sommes sur la voie pour quitter l'Eglise.
Afin de sauver nos âmes, nous devons d'abord nous connaître nous-mêmes, recherchant et découvrant nos propres fautes, péchés et défauts. Ensuite, nous devons les prendre à bras le corps et les combattre, mais progressivement et en douceur, et commencer à les dompter, et ne jamais laisser tomber ce combat. Nous saurons que nous ne sommes pas occupés à cela à chaque fois que nous commencerons à nous occuper des fautes des autres. Si notre fierté personnelle est blessée au cours de la vie ecclésiale, Dieu merci. C'est pour ça que nous y sommes, pour devenir humble.

Je vous remercie pour votre attention.

Prêtre Andrew Phillips

Source:



ST MATERNE

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Cornelia Rees et l’ Archimandrite Gabriel Bunce: Nous devons retourner à nos racines!

Il y a une quinzaine d’années, j’ai eu une occasion unique de visiter l’ermitage d’un hiéromoine et théologien catholique dans les montagnes de Suisse. Il était bien connu pour ses écrits sur les saints Pères de l’Église chrétienne, et non moins bien connu (du point de vue occidental moderne), pour son mode de vie monastique inhabituel. Quelque peu familière de l’apparence que les monastères catholiques présentent généralement aujourd’hui, je ne m’attendais pas à me sentir tellement à l’aise comme moniale orthodoxe dans son ermitage catholique.

Après avoir gravi un chemin boisé de montagne jusqu’à une petite maison dans les arbres, nous avons été accueillis par un homme âgé austère, sa barbe grise flottant sur sa soutane noire. Sa tête était couverte d’un capuchon portant une croix rouge brodée sur le front. C’était comme si nous avions été transportés dans le désert égyptien, pour voir Saint Antoine le Grand. Tandis que lui et son compagnon d’ascèse Père Raphaël nous offraient le thé, nous avons parlé de l’Église d’Orient et d’Occident, et de l’Église orthodoxe russe. Mais il n’était pas question pour eux de rejoindre cette Église, cela aurait même créé un malaise d’en parler.

Nous sentions que nous étions entrés brièvement en contact avec un moine qui était un avec nous en esprit, bien qu’il ne fût pas dans notre Eglise, et nous nous sommes quittés avec la joie de cette agréable révélation, alors que Père Gabriel faisait le signe de la Croix sur nous à la manière orthodoxe.

Père Gabriel n’a jamais eu et n’a toujours pas de communication électronique avec le monde extérieur, et nous avons très peu entendu parler de lui ou eu contact avec lui après notre visite. Néanmoins, nous ne l’avons pas oublié, et dans l’intervalle, nous n’avons jamais cessé de penser à quel point ce serait bien, s’il était en communion avec nous, les orthodoxes. Mais jamais nous n’aurions essayé d’aborder ce sujet avec lui, nous sentions en quelque sorte que Dieu le guidait comme Il l’entendait.

Père Raphaël, un suisse, est décédé depuis, et Père. Gabriel est l’higoumène et le seul moine de ce qui est maintenant le monastère de la Sainte Croix, qui fait partie de l’Eglise orthodoxe russe. Il a été baptisé orthodoxe à la veille de la Dormition de la Mère de Dieu à Moscou, en août 2010. Il est maintenant l’Archimandrite mégaloschème Gabriel. Récemment à Moscou malgré un calendrier très exigeant, Père Gabriel a quand même pris le temps de parler avec nous.

***

-Père Gabriel, bien que vous ayez parlé de votre vie dans d’autres interviews, parlez-nous encore un peu de vous.

-Je vis à Roveredo, petit village d’environ 100 habitants. Mon monastère est au-dessus du village dans les bois, dans les montagnes de la région de Lugano, la partie italienne de la Suisse.

-Vous aviez été catholique depuis l’enfance?

-Oui, mais pas un catholique pratiquant toute ma vie. Mon père était luthérien, et ma mère catholique, et j’ai été baptisé catholique. Mais comme cela arrive souvent dans ces cas, aucun de mes parents ne pratiquait sa religion. Ni mon père ni ma mère n’allaient à l’église. Et moi non plus. Mais comme les jeunes gens agissent toujours à leur guise, j’ai redécouvert la foi de mon baptême. Au début, je suis allé à l’Eglise catholique, par moi-même. Mes parents ne m’ont pas encouragé, ils le toléraient seulement.

-Même votre mère?

-Elle était catholique croyante, mais en raison de son mariage avec un luthérien, elle perdit la pratique. Ce n’est que beaucoup plus tard, quand j’étais déjà moine, qu’elle est retournée à l’église et a commencé à pratiquer sa foi catholique. Mon père allait à contrecœur avec elle, au moins à Pâques ou Noël, parce qu’il ne voulait pas passer les vacances seul.

-Où êtes-vous né?

-Je suis né à Cologne, mais nous sommes partis de cette ville en raison de la guerre quand j’étais âgé de deux ans. Cette ville, vieille de près de 2000 ans, a été presque rasée. C’était comme Hiroshima. Environ quatre-vingts pour cent a été détruit, et les Américains ont même suggéré qu’elle soit reconstruite ailleurs: il semblait inutile d’essayer de reconstruire sur ces cendres. Mais les gens étaient très attachés à leur ville; la grande cathédrale était encore debout, bien que fortement endommagée. Les douze églises romanes [1] étaient terriblement endommagées aussi. Pendant dix ans, nous n’avons pas vécu à Cologne, mais dans une petite ville à la campagne. C’est seulement en 1953 qu’il fut possible pour nous de revenir. Donc, j’ai passé ma jeunesse à Cologne, et j’y suis allé au collège. J’aime toujours beaucoup cette ville.

La cathédrale gothique, merveille de l’architecture gothique, a été construite sur le lieu où toutes les cathédrales l’avaient été depuis les temps des premiers chrétiens. L’un des premiers évêques de Cologne était un proche collaborateur de l’empereur Constantin. Sous la tour nord est un baptistère du IVe siècle. Il y a une église Saint-Géréon à Cologne, où l’octogone est jusqu’à cinq ou six mètres. Il s’agit d’une église romane, du quatrième siècle, et elle a des reliques des martyrs romains. Il y a tellement de traces nombreuses de l’Église indivise, des débuts du christianisme, et par ces faits archéologiques même, j’ai été « poussé » à creuser plus profondément dans les fondements de l’Eglise. Je suis historien de formation, numismate.

-Est-ce que ces souvenirs vous font sentir le désir de « reconstituer » l’Europe avec l’Eglise du christianisme primitif?

-Bien sûr, je ne connaissais pas l’Eglise orthodoxe pendant longtemps. Je n’ai découvert l’existence de l’Orthodoxie que petit à petit. Certains de mes amis orthodoxes d’aujourd’hui m’ont dit que les catholiques savent que nous « existons », et rien de plus. Des gens simples demandent même: « Vous vénérez aussi la Mère de Dieu? »
Ceci arrive même cinquante ans après Vatican II, qui semblait « ouvrir les fenêtres » de ce qui était l’Église catholique très fermée, et leur connaissance de l’Orthodoxie est toujours très pauvre. Je devais découvrir ceci petit à petit pour moi. Je ne connaissais aucune communauté orthodoxe; il n’y avait pas d’églises orthodoxes dans les villes, parce que les Russes, au moins, célébraient dans les églises protestantes qui leur étaient données pour quelques heures le dimanche, comme c’est souvent le cas encore aujourd’hui. A Lugano, les orthodoxes russes ont acheté une petite église protestante qui était vide et inutilisée. Toutes les autres communautés orthodoxes, comme les Roumains, célèbrent dans les églises catholiques qui leur sont données pour qu’ils les utilisent. Mais maintenant, nous avons une petite église, qui doit être payée. Elle est progressivement transformée en église orthodoxe, avec une iconostase et tout le reste.
Donc, j’ai dû découvrir l’Orthodoxie petit à petit. Quand j’avais environ dix-neuf ans, après le lycée, je suis allé avec un ami à Rome, et là j’ai découvert la période chrétienne primitive: les catacombes, les vieilles églises, celles fondées par les saints Constantin et Hélène, et ainsi de suite. C’était très impressionnant. Je dois avouer que cela a renforcé ma conscience de moi-même en tant que catholique. Rome est terre apostolique : là est le tombeau de saint Pierre, là de saint Paul, Sainte Marie Majeure, Sainte Croix, Saint Jean de Latran… toutes ces églises paléochrétiennes, cette continuité archéologique incroyable. Mais c’est beaucoup plus tard que j’ai découvert que bien qu’il y ait une continuité au niveau de l’architecture, il n’y avait pas de continuité au niveau de l’Eglise apostolique, de la fondation.

Je n’ai découvert que plus tard que Sainte Marie Majeure et les autres églises ont toujours été les mêmes, mais cette continuité n’existe pas à d’autres niveaux, les niveaux les plus essentiels. Il en va de même avec les anglicans. Ils ont la cathédrale de Saint-Augustin à Canterbury sur un seul niveau, mais sur le plan théologique, il n’y a pas de continuité, il y a une cassure. Cependant, à l’époque, j’étais trop jeune pour être conscient qu’il y a tant de cassures et d’interruptions dans l’histoire de l’Église d’Occident. Je devais le découvrir par moi-même, progressivement.
Les gens me demandent souvent pourquoi je suis devenu orthodoxe, et s’il y a eu un moment crucial ou un événement dans cette évolution. Il y eut un moment crucial, et bien que je l’aie déjà dit, je le répète. Je devais le découvrir, d’abord sur le plan littéraire, à travers les livres, la musique, etc. Il en est de même pour le monachisme, j’ai eu à découvrir son esprit à travers les écrits des Pères du désert.
Mais j’ai découvert l’Orthodoxie réelle, vivante, à l’âge de vingt et un ans, quand j’étais en Grèce. J’étais étudiant, pas encore moine. Je ne pouvais pas encore entrer au monastère parce que mon père ne le permettait pas. J’étais trop jeune. Je remercie le ciel qu’il ne l’ait pas permis, car de cette manière j’ai eu l’occasion de visiter la Grèce avec d’autres étudiants, et d’y découvrir l’Orthodoxie vivante. J’ai vu de saints monastères, et j’ai même rencontré un saint moine. Je suis allé à la Liturgie.
C’était avant Vatican II. Les Grecs étaient extrêmement gentils et amicaux avec moi en tant que catholique. Aujourd’hui, ce serait sans doute différent, parce que les catholiques ont complètement changé envers les orthodoxes.

-Pour le meilleur ou pour le pire?

-Du pire au meilleur. Mais maintenant, les orthodoxes gardent leurs distances parce qu’ils se sentent envahis. J’ai visité les séminaires et les monastères en Grèce, et une fois, j’ai dit aux moines et aux étudiants, « Tout va bien ici, et j’aime bien, mais… il est dommage que vous soyez séparés de nous. » La réponse immédiate a été, « vous avez tort, c’est vous qui vous êtes séparés de nous, » et j’ai donc été confronté pour la première fois (je n’avais que vingt et un ans) à ce problème fondamental de la séparation qui est vue d’une manière différente en Orient et en Occident.
Qui a raison? A vingt et un ans, je n’avais pas les moyens de vérifier la réponse. Seulement peu à peu, je les ai obtenus, et ainsi j’ai découvert que, en fait, c’est l’Occident qui s’est séparé du socle commun. Il est la continuité archéologique, dans les célèbres églises de l’époque de Constantin et Hélène, par exemple, mais au niveau de la théologie essentielle, de la Liturgie, et de tout le reste, il n’y a pas de continuité. Mon petit livre, Vases d’argile, [2] parle un peu de l’aspect qui est très essentiel: à savoir qu’il y eut une interruption.

-Vous avez mentionné que vous avez lu le livre de l’historien allemand Johannes Haller [3] sur l’histoire de l’Eglise jusque dans les années 1500, ainsi que d’autres livres sur la papauté, comme celui de l’abbé Guettée. [4]

-Oui, en fait je suis en train de lire le livre de Haller maintenant. C’est purement un livre d’histoire, tandis que le livre de Guettée est polémique. Vous voyez, Haller était impartial, très calme, et il avait un accès gratuit à la bibliothèque du Vatican. Il s’agit d’un livre d’histoire objective, à l’esprit très calme, mais il est très puissant. Les faits sont accablants.

-Vous avez dit que vous êtes heureux de lire sur l’histoire de l’Église maintenant, et de ne pas l’avoir fait avant, car cela aurait pu causer la perte de votre foi. Pourriez-vous nous en dire plus? Vous pensez que vous aviez besoin d’être plus fort afin de faire face aux faits. Est-ce exact?

-Je pense que la foi chez les jeunes gens doit être préservée et protégée. Lorsque vous aurez une base solide, des critères suffisants dans votre esprit, et une foi forte, vous serez en mesure de juger.

-Vous voulez dire une base solide dans la foi chrétienne, et pas nécessairement dans la foi catholique?

-Oui, alors vous pouvez vous confronter à cette masse de faits historiques.

-Parce que vous pensez que ces faits pris en eux-mêmes peuvent être trop dévastateurs ou scandaleux pour les gens?

-Oui, bien sûr. Vous voyez, l’histoire n’est pas la théologie. L’histoire, c’est juste les faits, ce qui s’est passé. Le travail de Haller décrit tous les hauts et les bas… C’est fascinant, mais c’est de la véritable histoire. Cela vous fait vous demander…

-L’histoire, sans rien cacher?

-Oui, sans rien cacher; et la revendication du Pape de la primauté, d’être le chef de l’Église. C’est très étrange. Dès le IVe siècle, le pape Damase affirma que l’Église romaine (pas encore le Pape !) a la primauté sur toutes les autres Églises, à cause de ce que Jésus-Christ a dit à Pierre: « Tu es pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise » (cf. Mt. 16:08). Donc ils (Rome), ont très bien identifié cette pierre avec une institution, avec quelque chose de visible de l’Église romaine. Bien que de très nombreux Pères de l’Église, de l’Orient et de l’Occident, identifient cette pierre, comme saint Ambroise de Milan l’a fait dans l’année 382, avec la foi du peuple. C’est la confession de Jésus-Christ comme Fils du Dieu vivant. Ce n’était pas la foi personnelle de Pierre; il n’était pas meilleur théologien ou meilleur Apôtre que les autres Apôtres. Cela lui a été révélé par le Père. C’est la pierre qui ne peut être détruite.
Pierre prouve peu de temps après qu’il ne comprenait rien de cette confession. Il est appelé « diable ». Le Seigneur dit: « Arrière de moi, Satan » (cf. Mt. 16:23), et ainsi de suite. Non seulement saint Ambroise, mais les pères les plus importants de l’Orient et de l’Occident disent également la même chose. Pour l’Église catholique romaine, il est absolument évident que cette roche est la personne de Pierre. Et Pierre, selon la tradition est mort à Rome, et ce doit donc être l’Église romaine, et son successeur, l’évêque de Rome, qui est cette pierre. Mais Pierre alla en de nombreux endroits. Pourquoi faut-il que cela soit l’endroit où il est mort? Beaucoup de gens pourraient prétendre avoir sa tombe… mais il est mort à Rome, comme l’a fait saint Paul. Mais est-ce une raison suffisante pour que cette ville, qui fut la capitale de l’Empire romain à l’époque, devienne aussi le chef de toutes les Églises? S’il y a une ville qui pourrait prétendre à ce titre, ce serait Jérusalem, la ville où notre Seigneur est mort, et pas Pierre. A Jérusalem, il y a le tombeau de notre Seigneur, et là Il est ressuscité. Le chef de l’Eglise est en tout cas notre Seigneur.

-Cela m’a toujours semblé être un exemple dévastateur de ce qu’on appelle en russe « плотское мудрование »[5]- l’esprit charnel, une manière purement terrestre de penser.

-Oui, et il s’est immédiatement installé. Et ce qui est choquant dans cette histoire de la papauté par Haller, est précisément cet aspect du monde, comment les moyens spirituels, tels que l’excommunication et l’interdit, ont été utilisés en permanence, depuis des centaines d’années, simplement pour des raisons politiques. Et ce qui est encore plus choquant, c’est que les gens n’ont même pas pris la peine de respecter ces interdits. Des pays entiers étaient sous l’interdit; ce qui signifie pas de messe, pas de sacrements, pas de cloches, rien.

-Pourquoi?

-Pourquoi? Parce que le roi ne voulait pas céder à des prétextes territoriaux du pape. Le pape s’est toujours battu pour son propre état, qui est devenu de plus en plus grand, puis de plus en plus petit, et il existe toujours, de même que la fonction dans la Cité du Vatican. Ce fut toujours pour ces raisons politiques, territoriales. Mais la plupart de ces pays, des centaines de rois, d’évêques même, n’y ont tout simplement pas prêté la moindre attention. Ils ont continué à célébrer la messe, à dispenser les sacrements, et ainsi de suite.

-Alors, ils étaient techniquement dans la « désobéissance » au Pape?

-Parfaitement. Pour moi, c’était choquant. Même aujourd’hui, c’est choquant. Il est choquant que ces moyens spirituels soient utilisés pour des raisons politiques, purement matérielles, et que ceux qui ont été touchés par ces interdits ne s’en souciaient pas. Alors, vous pouvez imaginer que cela détruirait progressivement l’Eglise de l’intérieur. Vous comprenez mieux pourquoi le christianisme occidental s’est détruit et continue de se détruire de l’intérieur. Pas de l’extérieur.
C’est horrible, je dois le dire. C’est ce que j’appelle « sécularisation ». Il y a des papes qui se sont battus lors de batailles. C’était une chose ordinaire pour les cardinaux d’avoir des armées, et ainsi de suite. C’est la sécularisation. Cela signifie que l’Église a été la fermeture de son propre horizon sur elle-même pour inclure des intérêts de plus en plus laïques. Les Papes défendaient (c’est compréhensible) leur indépendance vis-à-vis de l’empereur, dont en fait, ils avaient besoin, parce que sans l’empereur, ils n’auraient plus été indépendants des ducs, du roi de Sicile, etc. Vous commencez à comprendre beaucoup de choses.

-Je suppose que vous lisez ce livre en langue allemande originale. Y a-t-il des traductions?

-C’est un classique, mais je ne sais pas, il y a des dizaines de livres de ce genre. Je ne citais ce livre que pour vous dire que, même maintenant, après, je suis toujours intéressé par ces questions, et à lire des livres qu’il m’était interdit de lire pendant mon temps de recherche. Je ne pense pas que cela aurait été très utile pour moi alors de toute façon, parce que j’aurais complètement perdu ma foi.

-Interdit par qui?

-Par mes professeurs de la faculté catholique de l’université. En Allemagne, la théologie est enseignée par l’Etat, et donc j’ai reçu ma formation théologique d’une université d’Etat. Donc, je continue à étudier juste pour approfondir ma compréhension des raisons de la séparation entre l’Orient et l’Occident. Bien sûr, vous pouvez comprendre beaucoup comme cela, mais il y a encore un grand mystère que je suis encore incapable de comprendre: Pourquoi Dieu a-t-Il permis cela?

-Vous pouvez dire que c’était la faute du Pape, mais les fidèles n’avaient pas le choix. C’est ce que je dis à mes amis maintenant. Je dis: « Écoutez, vous ne devriez pas critiquer ou condamner les catholiques. Ils sont tout simplement nés du mauvais côté de la rue. Ce n’est pas leur faute. Ils n’ont pas le choix. Ils n’ont jamais eu d’autre choix. Tout l’Occident appartenait au patriarcat romain, qui est progressivement devenu de plus en plus grand; ils ne faisaient pas partie des autres patriarcats. Dans tous les cas, ils n’en font pas partie aujourd’hui. C’est leur faute, ils sont simplement nés là.

-Ceci, cependant, fait venir à l’esprit une question que je me pose toujours. Je suis moi-même occidentale, une convertie à l’orthodoxie, je n’ai pas de racines orthodoxes en Orient, et donc ma question n’est pas destinée à être antioccidentale. Cependant, pourquoi sommes-nous [occidentaux] apparemment si enclins à la pensée terrestre, laïque dans le domaine de la religion, plus que l’Orient chrétien? Théoriquement, le même processus aurait pu se produire n’importe où.

-En théorie, oui, mais dans la pratique, cela n’est pas arrivé. Je pense que c’est parce que la sécularisation est un processus très long, et son expression la plus claire est le protestantisme, qui est un phénomène catholique interne.

C’est un phénomène interne catholique dans l’Église occidentale, qui a eu lieu après sa séparation de la partie orientale de l’Église. Il ne pouvait pas se développer avant. Je vais vous raconter une expérience vraiment terrible. Je parle de l’histoire, mais peut-être qu’il vaut mieux parler de ma propre « petite histoire » de soixante-trois ans. Je suis entré au monastère à vingt-deux ans, exactement l’année où le Concile Vatican II a été ouvert. Avec mon expérience grecque orthodoxe et ainsi de suite, je suis devenu moine à Chevetogne, [7] et nous étions vraiment plein d’espoir qu’alors l’Église romaine retournerait sur le chemin, et il y avait beaucoup de signes que c’est ainsi que cela se produirait. Paul VI avait un désir très fort et profond de réconciliation avec l’Eglise orthodoxe. Il était l’incarnation de ce Janus (double face) de l’Église d’Occident.

D’un côté, il voulait concélébrer la Liturgie avec le patriarche Athënagoras lors de leur rencontre à Jérusalem, et il apporta un calice d’or pour ce faire. Mais les œcuménistes (Dieu merci !) séparèrent ces deux vieillards, car après un tel acte, cela serait devenu pire que ce que c’était auparavant. Ainsi, ils n’officièrent pas ensemble. Il a proposé de donner le calice au patriarche. Mais il est bien prouvé qu’il voulait, à travers des réformes liturgiques, faire que la messe en latin devienne acceptable pour les protestants, ne pensant pas, ne sachant pas que ce serait dans le même temps devenu totalement inacceptable pour les orthodoxes.

Vous pouvez voir que l’Eglise catholique est entre ces deux positions opposées : orthodoxe d’Orient et protestante d’Occident. Mais l’évolution générale n’est pas allée vers l’Orient, mais vers l’Occident. C’est devenu une lente »autoprotestantisation » de l’Église, une « auto-sécularisation » romaine, avec toute la destruction, à la fois physique et spirituelle, que nous avons vue. Ce fut un véritable désastre historique de dimensions invisibles.

Vous voyez, le protestantisme est un virus catholique de l’intérieur. Et l’Eglise catholique romaine n’a pas d’anticorps contre ce virus. L’anticorps est l’Orthodoxie, qui n’a jamais été, depuis cinq cents ans, tentée par le protestantisme. Même s’il y a un patriarche œcuménique qui a des sympathies pour le calvinisme (comme cela arriva une fois), c’est local. Cela n’a aucune influence sur la conscience orthodoxe. C’est seulement limité, et c’est tout. L’Eglise orthodoxe a eu beaucoup d’occasions d’être infectée par le protestantisme et la laïcité, mais elle n’a pas succombé, uniquement en surface.

-Rhume, plutôt que cancer?

-Oui, un rhume, pas un cancer. C’est vraiment une tragédie de dimension historique. Beaucoup de catholiques sont conscients de cela maintenant, parce qu’ils ne considèrent plus l’Église orthodoxe comme une concurrente ou un adversaire. C’est pourquoi ils l’aident de toutes les manières à établir ses paroisses en Occident. Ils lui donnent leurs églises afin que les orthodoxes puissent servir les liturgies sur des autels catholiques, ce qui aurait été inimaginable avant.

-Soit dit en passant, le printemps dernier, il y avait une délégation de Russie présente à une célébration en Sicile, commémorant l’aide apportée par des soldats russes aux victimes du grand tremblement de terre de Messine en 1908. Les membres du clergé russe présents ont été invités à servir la Liturgie de la congrégation orthodoxe locale dans la Chapelle Palatine de Palerme.

-Ah, c’est bien. Les Russes célèbrent continuellement des Liturgies solennelles dans la cathédrale Saint-Nicolas à Bari. J’y ai vu une Liturgie célébrée par un métropolitain de Russie, environ 20 prêtres, avec un grand chœur. Et j’ai pensé, « C’est la liturgie requise par cette belle cathédrale. Mais quand ce fut fini, la messe en latin a commencé… et on a envie de pleurer. Vous voulez demander: »Que faites-vous ici? »
Dans un sens, c’est quelque chose hors de l’ordinaire, mais cela montre que de nombreux catholiques ne sont plus sûrs qu’ils ont raison.

-Parmi ceux qui sont hésitants, pensez-vous qu’ils pourraient aller dans le sens de l’Orthodoxie, ou pourraient-ils au contraire tout abandonner?

-La seule façon dont je vois ceci arriver, c’est que s’ils se tournent vers leur propre orthodoxie, parce que si Dieu opère un miracle sans précédent qui tourne tout le monde vers l’Orthodoxe byzantine, il y a toute une culture à l’œuvre pour l’empêcher. Ce n’est pas juste une question de textes, ou de formules.

Mais ils doivent retourner à leur propre orthodoxie, à leurs propres traditions. Pendant toutes ces années, quand j’ai écrit mes petits livres, mon but était le suivant: en tant que moine, aider les gens à avoir une vie spirituelle, à redécouvrir, à réintégrer leur propre héritage spirituel, qui est bien sûr le même que le nôtre, parce que nous avons les mêmes racines.

Mais le succès de mon entreprise, au moins parmi les moines, est proche de zéro. Surtout parmi les moines. Les livres sont lus par la plupart des laïcs, et non par des prêtres et des moines. Les moines sont ceux qui pratiquent le yoga, le zen, le reiki, et ainsi de suite. Quand vous dites cela aux moines russes ils sont choqués, ils ne peuvent pas imaginer ce qui se passe. Je ne les juge pas; Dieu merci, c’est notre Seigneur qui jugera le monde et pas moi. Mais cela signifie que les gens ne sont pas à la recherche d’une solution, d’une réponse dans leur propre tradition. Ils sont à la recherche à l’extérieur de celle-ci, dans les religions non chrétiennes.

Pour moi, les moines catholiques qui pratiquent la méditation Zen sont comme les moines zen qui prient le Chemin de Croix. C’est complètement absurde. Dans le bouddhisme, la souffrance a une origine différente; elle est surmontée d’une manière différente de la chrétienté. Il n’y a pas de Sauveur crucifié. Pourquoi devraient-ils méditer sur les Stations de la Croix? Bien sûr, ils ne le font pas.

-Et comment un moine chrétien, qui croit en un Dieu personnel, pourrait-il prier dans l’univers impersonnel du Zen?

-Dans les monastères, ils ont des jardins zen… mais pourriez-vous imaginer le Chemin de Croix dans un monastère Zen? Les moines bouddhistes à genoux devant les stations? C’est inimaginable.

Ils ont comme perdu leur identité propre.

Mais ce qui est si frappant, c’est qu’ils ne cherchent même pas à creuser leur propre terrain, pour trouver leurs propres racines, la source, qui a été comblée par des ordures. Ils semblent convaincus qu’il n’y a rien là, et qu’il n’y a jamais rien eu.

Nous devons donc chercher cette source aussi. Je me souviens très bien de ma jeunesse monastique: il y avait ceux dans le monastère qui estimaient qu’il n’y avait rien, que tout était sec. Puis vint un maître zen, un jésuite (très bien connu, il est mort il y a longtemps), et ce fut une révélation. Au moins, c’était quelque chose de spirituel… Ils n’avaient vu que le formalisme. Grâce à Dieu, j’avais découvert les saints Pères et la littérature monastique primitive avant mon arrivée au monastère. Ce n’était pas le monastère qui m’a enseigné. J’ai continué ma recherche dans le monastère.

-A Chevetogne?

-Oui. J’y suis allé parce que cela semblait plus proche de ce que j’ai découvert en Grèce. Pour dire la vérité, j’ai été envoyé là-bas. J’étais entré dans une abbaye bénédictine en Allemagne. Mon maître des novices, l’abbé, un saint homme, m’aimait beaucoup, et il pouvait voir que je n’étais pas au bon endroit. Il a sacrifié son novice prometteur et il l’a envoyé à Chevetogne, pour voir si cela était plus approprié.

Quand j’ai fait ma profession monastique lui-même est venu me rendre visite. C’était un saint homme. Mon confesseur, moine trappiste, a également été un saint homme. J’ai eu la chance de rencontrer plus d’un saint homme, même en Occident. Ils existent encore.

Je sens que mon propre chemin c’est de prouver, même pour les orthodoxes, qu’il est possible, même dans la tradition occidentale, de redécouvrir un terrain d’entente, et d’en vivre. Vous pouvez le faire, non par vous-même, bien sûr, mais seulement avec la grâce de Dieu. Mais je suis arrivé au point où je ne pouvais plus supporter de n’être qu’en communion spirituelle avec l’Eglise orthodoxe si proche de mon cœur. Je voulais une communion sacramentelle réelle. Par conséquent, je l’ai demandée.

-Croyez-vous que, sur ce chemin où l’on creuse jusqu’aux racines de sa propre tradition occidentale, certains se sentiront obligés inévitablement de passer à l’étape que vous avez franchie?

-C’est difficile à dire, car il ne serait pas techniquement possible pour tout le monde de le faire. En Occident, l’Église orthodoxe n’était pas si bien représentée. Maintenant, c’est en train de changer. J’ai beaucoup d’amis qui suivent le même chemin, ils sont « orthodoxes », mais pas d’une manière confessionnelle. Je ne sais pas s’ils deviendront jamais orthodoxes. Ma propre expérience m’a appris que vous ne trouverez pas toujours de l’aide du côté orthodoxe.

Le prosélytisme n’est pas normalement orthodoxe, et vous ne trouverez parfois même pas de l’aide concrète. J’ai même été découragé. C’était un théologien bien connu (je ne dirai pas qui)… j’étais jeune étudiant, et il m’a littéralement interdit à moi, et à d’autres moines de Chevetogne de devenir orthodoxes. Il a dit, non! Vous ne devez pas devenir orthodoxes! Vous devez souffrir dans votre chair le drame de la séparation. Je l’ai fait, parce que je n’avais pas d’autre moyen.

Je me suis adressé un autre métropolite orthodoxe russe pour avoir de l’aide: il ne m’a pas aidé. Il m’a repoussé. Et c’était la volonté de Dieu. Au bon moment, tout est allé vraiment bien. Vraiment. Comme une lettre à la Poste. Mais avant, cela semblait impossible.

-Je suis sûr que tout se passe selon la volonté et le plan de Dieu, mais pensez-vous que peut-être les orthodoxes devraient fournir davantage d’encouragement à ceux qui sont en recherche? A ceux qui sont en train de creuser profondément, mais qui n’arrivent pas aux racines?

-Ils devraient mieux connaître leur propre foi, et être capables de répondre à des questions. Ils ne devraient pas critiquer tout et tout le monde.

-Comme de nombreux convertis sont enclins à le faire.

-Oui, les convertis sont les juges les plus sévères. Mais, oui, ils devraient être en mesure de répondre à des questions essentielles. Cependant, je parle de ma propre expérience, en Suisse. Je suppose que c’est différent en Amérique, où il y a des centaines d’églises différentes, des dénominations protestantes, et elles sont tous égales, pour ainsi dire. Il existe également, malheureusement, des dizaines d’Eglises orthodoxes.

-Oui, l’Amérique a le problème inverse: trop de choix.

-C’est une source de confusion.

-Malgré cela, il est encore difficile pour certains Américains orthodoxes d’aller de l’avant et de dire: « Ceci est la véritable Église. »

-Néanmoins, c’est plus facile en Amérique parce qu’il n’y a pas d’Église « dominante ». Ce n’est pas comme en Italie, en Espagne ou même en Allemagne, où il y a deux Églises dominantes, la catholique et la protestante. Côte à côte, ou l’une sur l’autre ; en fonction de comment vous le voyez, l’Eglise catholique est une confession dominante. Toute activité orthodoxe serait mal reçue, je suppose, d’autant plus qu’ils dépendent de la bonne volonté de l’Église catholique. Pour obtenir une église, pour célébrer, lorsque vous êtes trop pauvres pour construire votre propre église, vous avez besoin de la bonne volonté des évêques catholiques. Mais je pense que la situation en Amérique est différente.

-Bien sûr, l’Eglise catholique est puissante en Amérique, mais en Amérique du Nord, ils sont entrés initialement dans un milieu protestant, anglo-saxon. Néanmoins, l’Eglise catholique a amené de nombreuses œuvres de bienfaisance, des hôpitaux, des écoles en Amérique, bien que beaucoup de gens oublient cela.

-Oui, mais ils ne devraient pas. Quoi qu’il en soit, je suis contre toute forme de prosélytisme, mais nous avons à répondre à des questions, à dire comment les choses sont, si les gens veulent savoir. Dieu appelle tout le monde en ce, disons, « bon endroit. »

Une dernière question. Les populations locales qui ne sont pas orthodoxes viennent-elles jamais passer dans votre monastère et vous questionner à ce sujet?

La population locale me connaît depuis trente ans, mais la vie monastique qui est mienne fut toujours très spécifique; et parce qu’ils ne connaissent pas les moines, il n’y a pas de moines (il y avait des frères franciscains là-bas, qui ne sont pas des moines), ils se sont toujours demandé quel genre de frères que nous étions.

Nous étions vêtus de noir, nous avions la barbe, nous avions l’habitude de porter des cuculles, et nous semblions assez démodés. Leur propre saint local du Ve siècle était également habillé comme nous, mais ils ne le connaissaient plus. Ils savaient que nous étions très proches de l’Orient chrétien, des saints Pères, et que ce que je dis aujourd’hui n’est pas différent de ce que j’ai toujours dit. C’est une chose que les gens ont remarqué quand je suis devenu orthodoxe.

Une dame, une simple femme au foyer sans formation universitaire, qui savait que nous sommes devenus orthodoxe, a déclaré, « Je veux juste que vous sachiez que vous serez toujours notre Père Gabriel, et vous faites ce que vous nous avez toujours appris à faire : à revenir à nos racines. L’Eglise orthodoxe est juste comme elle était au commencement. »

Donc, une personne simple sans études théologiques peut en comprendre le sens. Ils n’ont pas été choqués. Il n’y avait pas d’opposition contre nous. Il arrive parfois, alors que nous marchons dans les rues, que les gens disent: »Père, je peux vous poser une question? » Je dis, d’accord. « Êtes-vous un moine orthodoxe? » Je dis, oui. « Bravo! »

Ils ne sont plus habitués à voir des moines. Les seuls moines qu’ils voient sont des moines orthodoxes. Les frères franciscains portaient des vêtements profanes, de sorte que si vous ne les connaissiez pas personnellement, vous ne saviez pas qu’ils étaient frères. Mais les moines orthodoxes doivent toujours être identifiés comme tels. Et pour ces gens, ce n’est pas une provocation. Ils se sentent renforcés. Ils disent, très bien! Bravo! Je dois dire que je ne m’attendais pas à cette réaction.

Quand je fus intronisé comme higoumène de mon monastère (un bien grand mot pour une petite réalité), il y avait plusieurs catholiques présents, beaucoup d’entre eux moines bénédictins. Ils ont demandé s’ils pouvaient venir; ils voulaient être là. Ils étaient présents à la Liturgie orthodoxe, et je les ai présentés à l’évêque, qui les reçut aimablement. Cela n’a pas été perçu comme un acte d’hostilité contre eux, ou contre l’Église catholique, mais plutôt comme la conséquence finale de ce que j’avais toujours enseigné.

-Ils pouvaient voir votre intégrité dans ce domaine.

-Beaucoup d’entre eux souhaiteraient même faire la même chose, mais ils sont trop liés au monde dans lequel ils vivent; ou bien leur connaissance de l’Orthodoxie, de la tradition apostolique, est trop pauvre. Donc, nous devons revenir à nos racines.

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Sur l'Eucharistie

Père Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

L'Eucharistie vous perfectionne; elle ne pardonnera pas vos péchés.

L'homme qui se prépare peut communier souvent, mais il doit se donner un temps pour la repentance d'abord. Car en effet, qui est préparé pour une telle merveille?

Certains négligent le mystère de la confession et l'utilisent comme un prétexte pour communier.

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ORTHODOXOLOGIE

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Avoir un père spirituel

Saint Silouane, moine du Mont-Athos


Un débutant a besoin d’un guide spirituel, parce qu’avant la venue de la grâce du Saint-Esprit, l’âme doit soutenir un grand combat avec les ennemis et ne peut pas encore reconnaître quand c’est l’Ennemi qui lui apporte sa douceur.

Seul peut le discerner celui qui a personnellement goûté à la grâce du Saint-Esprit.

Qui a goûté au Saint-Esprit distingue la grâce à son goût.

Celui qui veut mener une vie de prière sans avoir de guide et pense, dans son orgueil, qu’il peut s’instruire seul dans les livres sans s’adresser à un starets, a déjà à moitié succombé à l’illusion.

Quant à l’homme humble, le Seigneur l’aidera.

S’il ne trouve pas de maître expérimenté, il ira chez son père confesseur, quel qu’il soit, et à cause de son humilité le Seigneur le protégera.

En l’absence de vrais maîtres spirituels, il faut s’abandonner à la volonté de Dieu dans l’humilité ; alors, le Seigneur éclairera par sa grâce.

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Préparation pour la Confession

Saint Jean de Kronstadt, Russie (+1908)

Méditation pour ceux qui s’apprêtent à se tenir devant le Créateur et la communauté de l’Église devant le mystère imposant de la sainte confession, à qui est ainsi donné le renouvellement d’un second baptême.

Moi, âme pécheresse, je confesse à Dieu Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, tous les actes mauvais que j’ai faits, dits ou pensés depuis le baptême, jusques à ce jour.

Je n’ai pas gardé les vœux de mon baptême, mais je me suis rendu indésirable devant la Face de Dieu.

J’ai péché devant le Seigneur par manque de foi et par des doutes concernant la foi orthodoxe et la Sainte Eglise, par l’ingratitude pour tous les dons importants et continuels de Dieu ; j’ai péché malgré Sa patience et à Sa providence pour moi, pécheur, par manque d’amour pour le Seigneur, ainsi que par la crainte, par le fait de n’avoir pas accompli les saints commandements de Dieu et les canons et règles de l’Église.

Je n’ai pas gardé l’amour de Dieu et de mon prochain et je n’ai pas fait assez d’efforts, à cause de ma paresse et de ma négligence, pour apprendre les Commandements de Dieu et les préceptes des Saints Pères. J’ai péché en ne priant pas le matin et le soir et au cours de la journée, en n’assistant pas aux offices, ou en ne venant à l’église qu’à contrecœur.

J’ai péché en jugeant les membres du clergé. J’ai péché en ne respectant pas les Fêtes, en rompant le jeûne, et par ma démesure dans l’absorption de nourriture et de boisson.

J’ai péché par orgueil, par désobéissance, par entêtement, par autosatisfaction, et par la recherche de l’approbation et de la louange.

J’ai péché par incrédulité, par manque de foi, par doutes, par désespoir, par découragement, par des pensées de violence, par le blasphème et les jurons.

J’ai péché par fierté, par une haute opinion de moi-même, par le narcissisme, par la vanité, par la suffisance, par l’envie, par l’amour de la louange, l’amour des honneurs et par la prétention.

J’ai péché en jugeant, par la médisance, par la colère, en me souvenant des offenses, par la haine et en rendant le mal pour le mal, par la calomnie, les reproches, le mensonge, la ruse, la tromperie et l’hypocrisie, par les préjugés, la controverse, l’entêtement et la réticence à céder à mon prochain, par jubilation, méchanceté, railleries, insultes et moqueries, par les commérages, en parlant trop et en parlant pour ne rien dire.

J’ai péché par le rire inutile et excessif, par les injures et le retour à mes péchés antérieurs, par un comportement arrogant, par l’insolence et le manque de respect.

J’ai péché en ne tenant pas mes passions physiques et spirituelles en échec, par ma jouissance des pensées impures, par la licence et l’impudicité en pensées, en paroles et en actes.

J’ai péché par manque d’endurance dans mes maladies et mes douleurs, par une dévotion aux commodités de la vie et en étant trop attaché à mes parents, mes enfants, mes parents et mes amis.

J’ai péché par le durcissement mon cœur, par une volonté faible et, en ne me forçant pas à faire le bien.

J’ai péché par avarice, par amour de l’argent, par l’acquisition des choses inutiles et par l’attachement immodéré aux choses.

J’ai péché par l’auto-justification, un mépris pour les avertissements de ma conscience et en ne confessant pas mes péchés par négligence ou par fausse fierté.

J’ai péché à plusieurs reprises par ma confession: en rabaissant, en justifiant et en gardant le silence sur mes péchés.

J’ai péché contre les Très Saints et Vivifiants Mystères du Corps et du Sang de notre Seigneur, en venant à la Sainte Communion sans humilité ou sans crainte de Dieu.

J’ai péché en acte, en parole et en pensée, sciemment ou inconsciemment, volontairement et involontairement, de manière réfléchie et sans réfléchir, et il m’est impossible d’énumérer tous mes péchés à cause de leur multitude. Mais je me repens vraiment de ces péchés et tous ceux que je n’ai pas mentionnés à cause de mon oubli, et je demande qu’ils soient pardonnés en vertu de l’abondance de la Miséricorde de Dieu.

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Pere Ephraïm d’Arizona sur la confession et la responsabilité spirituelle

La confession a donné à mon âme beaucoup de joie, parce que Dieu et les anges, qui l’attendaient, se sont réjouis. Tu as réussi à faire honte au Diable, lui qui se réjouit grandement quand quelqu’un cache ses pensées à son père spirituel.

Quand un serpent sort de sa tanière, il se précipite pour se cacher quelque part parce qu’il sent qu’il sera frappé – la même chose se produit avec une pensée diabolique, qui est comme un serpent venimeux. Quand une telle pensée quitte la bouche d’une personne, elle se disperse et disparaît, parce que la confession est humilité, et puisque Satan ne peut même pas supporter l’odeur de l’humilité, comment pourrait-il rester après une humble confession sincère?

Mon enfant, je te souhaite un bon début et un progrès prudent. N’aie pas honte devant moi. Ne me vois pas comme un homme, mais comme un représentant de Dieu. Dis-moi tout, même si tu as une mauvaise pensée sur moi, parce que je suis expérimenté au sujet des influences démoniaques, et je sais comment le Diable combat homme.

Je sais que les enfants spirituels ont des cœurs simples et que si les mauvaises pensées viennent à eux, cela est dû à la malice du Diable et à l’ego de l’enfant spirituel, qui est autorisé à tomber et à avoir des pensées contre son frère, afin que l’enfant spirituel puisse être plus humble. Par conséquent, ne t’inquiète pas. Je vais toujours me réjouir quand tu me parles librement et sincèrement , car sans confession franche, il n’y aura pas de progrès spirituel.

Mon enfant, n’aie pas de soucis. J’ai pris ton fardeau. Je te prie seulement d’être en paix. Tes paroles peuvent être seulement sur le papier, mais je sens la force, le sens et l’essence de ce que tu écris; J’entre dans l’esprit de tes mots. Je te prie d’être en paix à partir de maintenant. Tu es tout pardonné avec la confession que tu as faite. Satan a perçu ton caractère et te tourmente, mais sans que rien de grave n’ait eu lieu. Tout ce que tu écris (c’est à dire les pensées qui te torturent) est une astuce du Diable pour te faire désespérer, être affligé, et ainsi de suite. Jette tout ce qui t’est arrivé dans les profondeurs de la mer. Trace une nouvelle voie dans ta vie. Si tu continues à penser de la même façon, sache que tu vas devenir la risée des démons. Je te prie, de m’être seulement obéissant.

Après ta confession, tout a été pardonné, alors passe l’éponge. Ne gratte pas une blessure qui t’a fait tant souffrir. Ne sois pas trompé par la pensée que c’est de ta faute. Si vous ne l’avais pas amené chez les médecins, etc, alors ces pensées auraient raison de te combattre. Alors que, les choses étant ce qu’elles sont maintenant, tu as rempli ton devoir. Dieu a voulu le prendre, pour une raison que seule Son infinie sagesse connaît, tandis que tu envisages que tu l’as tué! Sois prudent avec cette pensée, sinon il peut se cacher dans ton cœur. Il s’agit d’une ruse du Diable pour te faire du mal, comme il sait le faire. Ce filou habile a noyé dans les profondeurs de l’enfer des multitudes innombrables par le désespoir. Lorsque quelque chose arrive et que le Diable voit qu’une personne est bouleversée par elle, son astuce consiste à empiler une multitude de pensées soi-disant légitimes afin de mener la pauvre personne dans une grande tempête et la noyer. (Comme dit le proverbe, un renard aime la bagarre). Et quand l’orage passe, elle voit qu’elle était en danger de se noyer dans une cuillère d’eau seulement.

Sois humble, et à partir de maintenant confesse-toi, car la confession contient la très sainte humilité, sans laquelle personne n’est sauvé. Le Diable se réjouit grandement quand il réussit à persuader une personne de cacher des pensées diaboliques. C’est parce qu’il va atteindre son but prémédité de détruire l’âme.

Je t’ai écrit au sujet de la conscience, de devoir veiller à ne pas faire quelque chose qui va donner lieu à des reproches et nous condamner. Garde à l’esprit que Dieu Qui voit tout et que rien n’est caché à Ses yeux. Alors, comment pourrais-je dire des mensonges devant Dieu? Ne sais-tu pas que les mensonges viennent du Diable, et que, en n’étant pas prudent, ils deviennent une pratique, une habitude, puis une passion, et ne sais-tu pas que les menteurs n’hériteront pas le Royaume de Dieu? (cf. Ap 21, 8). Crains Dieu. Dieu n’est pas content des offrandes matérielles quand nous négligeons de veiller sur notre cœur intérieur. Mais il est nécessaire de faire celles-ci [les offrande] également sans négliger de faire les autres. (cf. Mt 23:23). Veille sur ta conscience, car nous ne savons pas l’heure de notre mort. Et si nous ne remboursons pas à notre créancier (c’est-à-dire à notre conscience) tout ce que nous lui devons, elle nous accusera avec véhémence, et sans retenue. Alors -hélas!- notre bouche sera réduite au silence, n’ayant pas de réponse à donner.

Chaque nuit, examine la façon dont tu as passé la journée, et à l’examen du matin comment la nuit s’est passée, de sorte que tu saches où en sont les comptes de ton âme. Si tu constates une perte, essaie de la retrouver par la prudence et la vigueur. Si tu constates un bénéfice, glorifie Dieu, ton aide invisible. Ne laisse pas ta conscience te poindre pour longtemps, mais donne-lui rapidement ce qu’elle veut, de peur qu’elle ne t’amènes au juge et à la prison (cf. Mt. 5:25). Est-ce que ta conscience veut que tu t’occupes de ta règle de prière et retrouve la prière? Donne-lui ces choses, et voici, tu es délivrer de l’obligation d’aller devant le juge. N’affaiblis pas la voix salvatrice de ta conscience en l’ignorant, parce que plus tard, tu le regretteras en vain.

Pere Ephraïm d’Arizona

Source:



La Prière de Jésus

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La confession vivifiante

par 

l'Archimandrite Séraphim Alexiev


Tous les chrétiens sans exception doivent se repentir s’ils désirent être sauvés. Mais comment une Confession vraiment sincère doit-elle se dérouler ? Beaucoup ne savent pas cela. Voilà pourquoi il est nécessaire de discuter plus profondément la question. Nous examinons ici les trois parties de la Confession :

Que doit-on faire avant la Confession ?

Que devons-nous faire quand nous sommes avec le confesseur ?

Que devons-nous faire quand nous quittons la Confession ?

QUE FAIRE AVANT LA CONFESSION ?

Le premier et les dernier Apôtre du Christ ont gravement péché. Pierre a renié le Christ, Judas l’a trahi. Mais Pierre a été pardonné et Judas a péri. Pierre a retrouvé la dignité apostolique tandis que la condamnation du temps pèse toujours sur Judas. Qu’est-ce qui a sauvé Pierre et qu’est-ce qui a détruit Judas ? Qu’aurait dû faire le renégat ? Confesser son péché après l’avoir commis ? Techniquement parlant, il s’est confessé au moment où il s’est rendu chez les scribes et les Anciens en leur disant : "J’ai péché en livrant un innocent à la mort." Et Judas leur jeta les trente pièces d’argent dans le temple. N’est-ce pas suffisant ? Hélas non ! Une confession des péchés (ou aveu) ne sauve pas. Un cœur brisé et humilié doit être arrimé à une foi vivante en la grâce de Dieu. Judas a désespéré de son salut, voilà pourquoi il s’est pendu après sa confession. Son corps pendit à un arbre et son âme fut livrée aux tourments éternels.

Pierre n’a pas agi de même. Dans la cour, chez Caïphe, il a renié trois le Christ, son Maître et Bienfaiteur : "Je ne connais pas cet homme" (Mt. 26 :74). Toutefois, au troisième reniement, quand il a entendu le coq chanter, il s’est rappelé la prophétie du Christ, il a pris conscience de son péché et il a humilié son cœur. Il est sorti du jardin, il a quitté la compagnie des serviteurs du Grand Prêtre et, ce qui est plus important, il a versé abondamment des larmes d’amertume, des larmes sincères, authentiques, exprimant ainsi un profond repentir. Selon la Tradition, tout au long de sa vie, chaque qu’il entendait le chant du coq, Pierre se rappelait la gravité de son péché et ses yeux pleuraient telle une fontaine abondante. Pierre n’a pas désespéré, il a cru en la miséricorde divine et il a été sauvé.
Pierre nous donne une leçon de vie : se tourner à nouveau vers Dieu après avoir succombé au péché. C’est la foi en la miséricorde divine qui écarte le désespoir. Dieu est amour. Aussi grave que soit notre péché, Il le pardonne pourvu que nous nous repentions de tout notre cœur. Même si nos péchés atteignent les cimes montagneuses, ils sont engloutis dans l’océan de la miséricorde divine. Toutefois, si l’homme désespère, il est perdu. Le désespoir est l’œuvre et le triomphe du démon dans le cœur de l’homme. Prémunissons-nous en car, si nous y sombrons, personne ne pourra nous sauver.

Imitons le Saint Apôtre Pierre sous un autre aspect. Lorsqu’il a pris conscience de son péché, il a quitté immédiatement la cour damnée du Grand-Prêtre où il avait renié le Christ. Et toi, frère ou sœur, si tu désires te confesser et retourner à Dieu, quitte les lieux maudits du péché où tu es demeuré jusqu’à présent et où tu as renié le Christ, non pas trois fois, mais trente-trois fois. Sors en avec ton corps, ton cœur et ton esprit. Pierre a quitté les serviteurs du Grand Prêtre. Toi aussi, abandonnes l’amitié de ceux qui t’enseignent à pécher ou qui, sans intention délibérée, sont pour toi les supports de la tentation.

La morale la plus importante du comportement de l’Apôtre repenti est la suivante. Quand saint Pierre s’est trouvé seul, il rentra en lui-même. Il revécut l’horreur de son péché et il pleura amèrement, en souffrant. Quand tu vas te confesser, n’approches pas le prêtre sans t’être préalablement préparé. Tout d’abord, quittes le tumulte de la vie quotidienne. Abandonnez tout autre souci, rassembles ton esprits, et dis une courte prière, du fond du cœur. Rappele-toi tes péchés et retranscris-les éventuellement sur une feuille de papier de telle façon que tu ne les oublies pas dans ton embarras. Gardes conscience de l’impureté de ta vie avant la Confession. Rappele-toi les dix commandements, considères ceux que tu as transgressés, poses-toi la question de la gravité de tes péchés, examines ta conscience, juges par toi-même, pleures sur ta chute, et, dans cet état, rends-toi chez le prêtre. Alors tu pourra avoir conscience de recevoir un véritable pardon. "Un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas.". (Ps. 50 :17)

Pleurer sur les péchés commis, éprouver un repentir sincère, est absolument nécessaire si tu désires être pardonné de Dieu. En effet, le repentir consiste à verser des larmes, à éprouver un profond regret à cause de notre chute. Comme Saint Isaac le Syrien en témoigne, Dieu accepte la douleur de notre repentir comme une offrande de repentir. Voilà ce qu’il convient de faire avant de nous rendre chez le confesseur.

Pour conclure, "la Confession est précédée par la prière personnelle dans le silence et la solitude, prière de repentir accompagnée par l’examen sérieux des offenses commises à l’encontre du Seigneur, par le regret des fautes et la ferme décision, avec la grâce de Dieu d’y porter remède." C’est aussi une prière d’action de grâce aussi, car Celui que nous avons offensé, Celui qui a subi la passion pour les pécheurs que nous sommes, ne nous a pas abandonnés mais a suscité, par la grâce de l’Esprit-Saint, le mouvement de notre cœur pour qu’il se tourne avec confiance vers le Père des miséricordes."

QUE FAIRE LORSQUE TU TE TROUVES EN PRESENCE DU PRÊTRE ?

1. Lors de la Confession, tu pénètres dans l’infirmerie du Christ.

Ici, Dieu lui-même est le Médecin. Lui seul peut donner ou retirer la vie, juger et acquitter, punir et pardonner. Le prêtre n’est qu’un témoin et un représentant de Dieu. Te voilà maintenant debout visiblement devant le prêtre et invisiblement devant le Christ Lui-même. Tu t’approches avec crainte et tremblement du grand Mystère de la purification spirituelle. Le prêtre entend la confession mais c’est Dieu qui l’accepte. Le prêtre examine ton âme, mais c’est Dieu qui la guérit. Le prêtre prescrit le remède et Dieu opère le miracle du renouvellement spirituel.
En tant que chrétien, sois conscient de la portée de ta démarche. Par suite de ton insouciance ou de ta négligence, de ton ignorance ou de ta peur non fondée, tu pourrais t’en retourner non guéri.Si vraiment tu crains Dieu, sois sans crainte quand tu viens confesser tes péchés. Le Juge devant lequel tu te trouves est infiniment miséricordieux. Il est terrible, mais seulement pour ceux qui ne Le craignent pas ou qui refusent obstinément de se repentir.

2. La Confession doit être faite sans fausse honte.

Dans le monde, nous vivons, pour la plupart, dans une hypocrisie pharisaïque. Nous sommes comme ceci, mais nous désirons nous faire passer pour cela. Nous ne nous montrons pas extérieurement tels que nous sommes vraiment. Nous aimerions que les gens aient une bonne opinion à notre sujet. Nous cachons donc nos défauts et nous montrons nos qualités. Même si nous n’avons aucune qualité marquante, nous nous vantons de vertus imaginaires. Voilà pourquoi nous rencontrons souvent des gens qui, en cette vie, semblent bons extérieurement, mais qui ne le sont pas dans leur cœur. Ne nous mentons-nous pas ainsi les uns aux autres en ce bas monde ? Et devrions-nous mentir quand nous sommes debout pour la Confession ?

Il n’est pas facile de se présenter comme pécheur devant le prêtre quand nous prétendons être debout avec assurance devant tous les autres hommes. Nous avons honte de révéler nos faiblesses. Mais comment guérir si nous dissimulons notre maladie ? Nous surmontons notre honte quand nous allons nous faire examiner par notre docteur, voilà comment nous soignons le corps. Alors pourquoi sommes-nous honteux de nous rendre chez le prêtre pour soigner l’âme ? Ne réalisons-nous pas que cette fausse pudeur dresse un obstacle à l’accomplissement du salut de notre âme ? Ecartons donc la honte et saisissons la détermination. Il convient d’avoir honte au moment où nous péchons, et non pas lorsque nous nous en confessons. Dieu a relié la honte au péché et la détermination à la Confession. N’écoutons pas le démon qui corrompt l’ordre divin et inspire la honte lors de la Confession des péchés et la détermination à son service. Il a tout inversé afin de nous faire périr.

Un jour que l’illustre Socrate se promenait dans une rue d’Athènes, il vit un de ses étudiants sortant de la maison d’une prostituée. Le jeune homme vint couvert de honte devant son maître mais se retira rapidement à l’intérieur pour se cacher. "Jeune homme" lui dit Socrate, "il n’est pas honteux de sortir d’une telle maison, il est plutôt honteux d’y demeurer." Chrétien, le Christ te dit qu’il n’est pas honteux de dévoiler tes péchés en Confession, mais il est honteux d’y demeurer enfermé, c’est-à-dire de le dissimuler au prêtre. Saint Basile le Grand dit que le péché dissimulé consciemment empoisonne inexorablement et fatalement l’âme du pécheur. Comment, en effet, peut-on soigner une maladie si nous la dissimulons au médecin qui a le pouvoir de la guérir ?

Certains sont honteux de se confesser parce qu’ils occupent un poste élevé et appartiennent à l’élite. Considérons néanmoins l’exemple de l’Évêque Potamius. D’un âge respectable, modèle du célibat consacré, il était estimé pour ses vertus. Il arriva qu’il succombât au péché mais s’en releva aussitôt, tout en pensant se repentir devant le Concile des Evêques qui allaient se réunir dans sa ville. A l’ouverture du Concile, l’Évêque Potamius fut élu à la présidence. Il était en effet respecté de tous. Il commença à éprouver en son cœur un horrible combat entre la honte et le sentiment du repentir.

La honte lui disait d’un côté :

"Vas-tu vraiment te confesser en public ?" Le repentir l’appelle de l’autre côté :

"Pourquoi tardes-tu et ne fais-tu pas ce que tu as décidé de faire ?"

"N’as-tu pas honte devant les gens ?", raisonne la honte.

"Tu seras honteux devant Dieu !" conseille le repentir.

"Mais tu es un Prélat. Tu seras une tentation !" raisonne la honte.

"Précisément parce que tu es un Prélat, tu dois donner le bon exemple au monde" crie le repentir.

Finalement le repentir l’emporta et la honte prit la retraite.

Potamius se leva et confessa son péché devant tous. Même les anges au Ciel furent surpris par une telle confession. Si un Prélat n’a pas été honteux de confesser son péché devant tout un Concile, pourquoi serions-nous honteux d’exprimer secrètement nos péchés ? Lorsque David confessa ses péchés au prophète Nathan, il entendit aussitôt un mot réconfortant : "Dieu a écarté ton péché" (2 Rois 12 :13). Par contre, le péché non confessé laisse dans l’âme une blessure incurable, voire mortelle. Apprenons donc à nous confesser avec audace.

Pour conclure, la Confession des péchés requiert la simplicité. Le pénitent n’a pas à avoir honte, mais à se repentir, ce qui est bien différent. Le prêtre en présence de qui il confessera ses fautes est un pécheur comme lui, et qui le sait bien. "Le ministère du confesseur ne consiste pas à juger mais à compatir, à intercéder, à pardonner au nom du Seigneur et à déterminer les remèdes appropriés pour aider à la conversion" rappelle le Trebnik.

Le pénitent ne doit pas avoir peur de la gravité de ses fautes. Le larron a été pardonné. Pierre qui avait renié le Christ a été pardonné. Le pénitent ne doit pas craindre le confesseur même s’il est d’aspect sévère et rude. Car il est courant de constater que l’humilité, la sincérité, la simplicité de la Confession touchent celui-là même qui a été chargé de pardonner au nom du Seigneur. Souvent, la volonté d’obéir du pénitent incite son confesseur à la sagesse et la prudence. Comme le rappelle le Trebnik, le confesseur est tenu au secret de la façon la plus stricte. Non seulement il ne divulguera pas ce qui lui a été révélé, mais encore il ne changera pas son attitude habituelle envers le pénitent à cause de ce qui lui a été révélé. Sauf, bien sûr, dans le sens d’une plus grande charité. S’il s’avérait qu’un prêtre ait manqué à ce devoir, il serait nécessaire d’avoir recours à son Evêque pour que celui-ci prenne les dispositions prévues.

 3. Ne recherche pas d’excuses pour tes péchés.

Acceptons de souffrir en nous exposant volontairement. Cette souffrance est vivifiante et salvifique. L’aveu douloureux de nos fautes nous fait rougir de honte. Nous rougissons d’embarras lorsque nous exposons nos péchés au prêtre. L’aveu est comme une flamme qui brûle nos péchés et guérit notre âme. Rechercher des excuses et des justifications à nos fautes nous éloigne de l’humilité indispensable et de la possibilité de la guérison de notre âme par une confession sincère des péchés. Qu’est la Confession ? Le repentir. Et la personne qui se repent ne peut faire qu’une chose : pleurer et implorer miséricorde. S’il commence à chercher à tromper en se justifiant et en utilisant la ruse, le repentir s’évanouit. Dans le sacrement de Confession, un cœur repentant est très important.

Il est important de se rappeler tout cela, car beaucoup de chrétiens se confessent en essayant toujours de s’excuser d’une certaine manière. Même s’ils confessent leur péché, ils essaient par tous les moyens de le faire apparaître comme moins important et moins lourd en recherchant des circonstances atténuantes afin de le rendre plus innocent. Ils doivent savoir que le Tribunal céleste ne fonctionne pas de la même façon qu’un tribunal terrestre. Devant la Cour terrestre, le défendant essaie de paraître le plus innocent possible de telle sorte qu’il soit acquitté. Devant la Cour céleste, c’est le contraire : celui qui s’accuse davantage et acquitté d’autant plus facilement. N’est-ce pas dans ce but que Jésus-Christ nous appelle à Lui afin de nous pardonner nos fautes volontaires et involontaires ? Aucune religion n’enseigne un Dieu plein d’amour pour l’homme comme la nôtre.

Saint Jérôme, lorsqu’il vivait en Palestine et travaillait dans la grotte de Bethléem où notre Sauveur est né, eut une vision miraculeuse de la Nativité. Jésus-Christ lui apparut sous la forme d’un enfant qui lui demanda :

"Jérôme, si quelqu’un se présentait à toi de ma part et réclamait quelque chose, que Me donnerais-tu?"

"Mes vertus et mes prières" répondit saint Jérôme.

"C’est bien, et quoi encore ?"

"Mon cœur, mon âme, tout mon être."

"J’accepte cela aussi, mais je désire encore quelque chose d’autre de ta part."

"Mais que te donner d’autre, Seigneur ?" se demanda l’ascète.

"Donne-moi tes péchés !". Saint Jérôme commença à crier avec un cœur brisé. Il demande à travers les larmes :

"Pourquoi as-tu besoin de mes péchés, Seigneur ?"

"Pour les prendre sur moi."

Il lui a dit : "Donne-moi tes péchés". Jésus-Christ désire prendre nos péchés. Donnons-les Lui dans le sacrement de Confession, et Il nous pardonnera.

4. Ne dissimule absolument rien consciemment

Si, sans le vouloir, nous oublions un péché, il s’agit de le confesser la fois suivante. Dissimuler quelque chose qui embarrasse clairement notre conscience signifie que nous avons doublé notre péché : tout d’abord nous l’avons commis et ensuite nous l’avons dissimulé.
Ne caches pas ton péché à ton âme. C’est une maladie mortelle. C’est un ulcère qui, s’il n’est pas traité, peut t’envoyer au tombeau. Si tu dissimules tes péchés, tu donnes une grande faveur au démon qui te fait commettre un forfait et le dissimule ensuite dans ton âme comme étant son trésor, celui dont il se servira comme matière d’accusation contre toi. Confesses tout ce qui encombre ta conscience. Au mieux tu évacueras, de ton propre gré, les détritus de ton âme, au mieux celle-ci sera nettoyée avec la grâce divine. Quiconque pèche, s’allie avec le démon tandis que quiconque confesse son péché rompt son amitié avec le démon. Pour le démon, la Confession est une trahison. C’est la seule tricherie vertueuse.

Le Saint Évêque Ignace Briantchaninov nous enseigne que "par la confession des péchés, l’amitié avec les démons est rompue. La haine du péché est la preuve d’un repentir sincère et de la détermination de l’homme à mener une vie vertueuse. Si tu as pris l’habitude de pécher, confesses tes péchés plus souvent, et bientôt tu te libéreras de la captivité du péché. Ce sera avec facilité et joie, que tu suivras le Seigneur Jésus-Christ. Les amis d’un homme qui les trahit continuellement deviennent ses ennemis et s’en éloignent comme d’un traître qui les met continuellement en péril. Les péchés, eux aussi, s’éloignent de l’homme qui les confesse parce qu’ils reposent sur l’orgueil de la nature déchue et ne peuvent pas supporter d’être exposés."

5. Pour la Confession, ne recours pas à des généralités sans portée réelle.

Beaucoup, parmi ceux qui se confessent pour la première fois, apprennent ce qu’il faut dire au prêtre auprès duquel ils se confessent. Soit par timidité, soit par manque d’expérience, ils disent bien souvent des choses inappropriées et quittent la Confession sans en avoir vraiment bénéficié.

Une dame chrétienne avait décidé de se confesser et ne savait pas quoi faire. Elle demanda conseil à une autre dame qui lui dit :

"Dites : Je suis coupable de tout. Et c’est tout !"

"Oh ! alors, c’est très simple"

Elle se tint courageusement devant le serviteur de Dieu. Quand le prêtre l’interrogea à propos de ses péchés, elle dit calmement :

"Père, je suis coupable de tout !" et elle croyait alors en avoir terminé avec sa confession.

"Avez-vous volé des chevaux ?" lui demanda le prêtre avec curiosité.

"Si j’ai volé des chevaux ! ? Je n’ai jamais commis un tel péché." répondit-elle.

"Ah, ainsi vous n’êtes pas coupable de tout" dit le prêtre avec sagesse. "Il y a des gens qui volent des chevaux. Mais vous, semble-t-il, n’avez pas commis ce péché. Voyons donc précisément ce en quoi vous avez péché." Et c’est ainsi qu’il la conduisit à une véritable Confession.

 6. Confesse brièvement et avec précision le caractère de chaque péché.

Les généralités n’apportent aucun bénéfice au pénitent. Il s’agit de rendre compte à Dieu pour chacune de nos transgressions. Bien sûr, cela ne signifie pas qu’il doit commencer à raconter de longues histoires détaillées. Le prêtre est habituellement un homme fort occupé. Pendant les fêtes et particulièrement avant la Communion, beaucoup attendent leur tour pour se confesser à lui. Voilà pourquoi concision, exactitude et brièveté sont nécessaires. Afin d’accomplir cela, il est recommandé de transcrire au préalable les péchés sur une feuille de papier qui sera lue durant la Confession. N’attendons pas que le prêtre nous pose des questions. Le bénéfice sera d’autant plus grand si nous prenons l’initiative de raconter nos péchés. Si le confesseur nous interrompt afin de clarifier notre condition spirituelle et nous pose des questions, nous sommes invités à répondre directement et de façon exacte.

Certains rusent durant la Confession, pensant ainsi tromper Dieu. Ils se leurrent eux-mêmes en croyant ainsi tromper Dieu. Au lieu de décrire brièvement la nature de leurs péchés, par exemple : "Je hais mon voisin" ils vont discourir à propos de leur désir inapproprié de ne pas se compromettre en racontant des histoires longues et fastidieuses et par conséquent inutiles à propos de la haine que leur porte leur voisin, combien il leur a fait du tort, etc. Au lieu de dire : "J’ai volé telle chose à telle personne" ils expliqueront comment tel objet leur a été laissé. Ce n’est pas une confession mais une ruse folle devant Dieu.

7. Ne révèle pas les fautes d’autrui, mais seulement les tiennes. Dissimule autant que possible les noms des personnes qui t’ont tenté ou qui, par ta faute, ont péché avec toi.

Beaucoup de chrétiens ne se soumettent pas à cette règle naturelle et succombent à la situation peu raisonnable de parler seulement des péchés d’autrui ! "Elle, ma belle-fille a fait ceci ou cela. Mon mari est un grossier individu" ou "Ma femme ne m’obéit pas, elle a un sale caractère et elle me cherche continuellement querelle ainsi qu’à ma famille." "Un de mes amis, son nom est tel, vous le connaissez, Père, m’a gravement insulté. Et celui-là, Père, a fait cela". Ce n’est pas une confession que d’accuser les autres plutôt que soi-même. C’est plutôt un jugement sur autrui. Ceux qui font cela viennent chez le prêtre chargés de péchés et quittent encore plus chargés.

8. Ne va pas vanter tes vertus auprès du prêtre

D’autres, quand ils vont se confesser, au lieu d’exposer leur état de pécheur, - ce qui est naturel, nécessaire et bon - commencent d’une façon surprenante à se vanter :

"Père, je n’ai ni tué, ni volé. Je ne suis pas un ivrogne, je vis de façon respectable. Mes voisins et mes amis me respectent. Comme être humain, bien sûr, je dois avoir péché d’une certaine façon, à un certain moment, mais maintenant, je ne me rappelle de rien. Ma conscience est nette."

Cette horrible coquetterie est encore un plus grand péché que ceux que cette personne se vante de ne pas avoir commis ! Ce genre de personne est probablement totalement inconsciente qu’elle possède une intériorité, une âme. Ce n’est pas seulement une coquetterie, mais une tragédie car cette personne se trouve "bloquée" ou aveugle devant le prêtre. Elle a probablement noyé petit à petit son âme dans l’abîme du péché par un orgueil muet et complaisant. Beaucoup de gens parviennent à endormir leur sens moral. Demeurés trop longtemps éloignés de la grâce de Dieu distribuée par les sacrements de l’Église du Christ, ces gens croient qu’ils ne sont pas pécheurs parce qu’ils sont devenus insensibles. Le serviteur zélé du Christ, feu l’archiprêtre Eustache J. du village de... m’a raconté l’histoire suivante au sujet d’un homme de ce genre :

"Mon paroissien Boris. était un ivrogne. Il avait rompu avec l’Église et vagabondait toujours autour du bar. Il ne s’était plus confessé depuis longtemps et n’avait donc plus communié. Un soir, sa sœur, une chrétienne dévote, me rend visite. "Venez, Père, pour confesser et donner la communion à Boris. Il n’est pas malade, mais étant donné que je sais qu’il ne viendra pas chez vous, allez vers lui." J’y suis allé. Je lui ai expliqué combien il serait bon pour lui de se confesser. Mais il est demeuré silencieux. Je lui ai demandé ce qu’il a sur la conscience. Y a-t-il quelque chose qui le dérangeait. "Il n’y a rien. Ma conscience est nette" dit-il. "Mais comment est-ce qu’il n’y a rien ? N’êtes-vous pas un homme pécheur ?" "Je n’ai rien fait de mal". "Et désirez-vous prendre la communion ?" "Pourquoi pas ? Je prendrai la communion" répond-il avec indifférence. "Bien, demain, je viens chez vous avec les Saints Dons." Je suis retourné à la maison, mais quelque chose de très lourd pesait sur mon âme. La sœur de Boris. l’a préparé pour la Sainte Communion, elle l’a aidé à faire sa toilette, lui a donné des vêtements de rechange propres. Le lendemain, me voilà apportant les Saints Dons à la maison de Boris. Mais sur ma route, je rencontrai des connaissances qui m’informèrent que Boris. était mort inopinément durant la nuit. J’étais sidéré d’horreur. A moins qu’il ne s’agisse d’un manque de discernement spirituel de la part du prêtre, peut-être mais alors clairement, Dieu n’a pas permis à Boris. de prendre la Communion parce qu’il ne voulait pas se confesser et s’humilier devant Dieu en admettant qu’il était pécheur."

 9. Ne transfère pas le blâme sur autrui.

Au Paradis, nos ancêtres Adam et Eve ont péché. Ils ont mangé du fruit défendu de l’arbre. Dieu les appelle pour qu’ils se confessent, prêt à leur pardonner. "Adam, où es-tu ? Eve qu’as-tu fait ?" Oh ! s’ils avaient confessé leur péché avec bravoure ! S’ils avaient admis leur culpabilité. S’ils n’avaient pas rejeté le blâme l’un sur l’autre ! Si Adam s’était dit : "Dieu, pardonne-moi ! Je suis fautif !" et si Eve s’était dépêchée d’admettre : "Non, Seigneur, Adam n’est pas coupable parce que je lui ai donné le fruit défendu." S’ils avaient agi ainsi, ils n’auraient pas été expulsés du Paradis.

Mais que firent-ils ? Lorsque Dieu leur parla, ils commencèrent à se justifier et à transférer le blâme l’un sur l’autre.

"Adam, qu’as-tu fait ?"

"Pas moi, Seigneur, mais la femme que tu m’as donnée, elle est à blâmer."

"Ève, qu’as-tu fait ?"

"Pas moi, Seigneur, c’est le serpent, il m’a tentée."

Tous deux dissimulent leur faute. Voilà pourquoi ils furent expulsés du Paradis.

Mais beaucoup parmi nous ne font-ils pas comme Adam et Eve ? Quand tu vas te confesser, le prêtre demande : "Adam, dans quelle condition es-tu ?" "Ève, qu’as-tu fait ?" Si tu te justifies, si tu dissimules tes péchés, si tu blâmes les autres, ce n’est pas une Confession. Dans une véritable Confession, tu te présentes devant le prêtre tel que tu es. Tout en sachant que tu te compromets sans crainte, il s’agit de t’accuser de tes péchés avec soin, regret sincère, sans hypocrisie et avec la volonté de t’amender avec l’aide de Dieu.

10. Aie le désir de ne plus succomber au péché.

La couronne d’un repentir véritable est la ferme intention de ne plus pécher à l’avenir. Il y a des gens qui se confessent dans l’unique but de pouvoir communier, comme c’est la tradition dans l’Église orthodoxe. Ils sont guidés par la pensée que communier sans Confession est un péché grave pour l’âme. Hélas, ils ne décident pas dans leur cœur de commencer une nouvelle vie. Ils pensent : "Je vais pécher jusqu’à la prochaine Confession, et je me repentirai à nouveau ; s’il y a confession, le péché n’est pas si terrible." Et certains se dépêchent souvent malgré eux de commettre les péchés qu’ils désirent mais qu’ils n’ont pas encore commis avant de se confesser, de telle façon qu’ils puissent les rapporter lors de la prochaine Confession. Tout cela est odieux et abject devant Dieu. La Confession n’est pas bénéfique pour ceux qui suivent consciemment les caprices pécheurs de leur volonté pervertie en transgressant sciemment les commandements de Dieu. Un homme qui crée ainsi des habitudes pécheresses en lui-même se demandera en vain, par la suite, pourquoi la Confession ne l’aide pas à se corriger. Il ne parvient pas à se corriger pace qu’il ne le veut pas !

Saint Basile le Grand dit : Ce n’est pas celui qui dit : "J’ai péché" et après cela continue à pécher qui confesse son péché, mais c’est celui qui, selon les paroles du Psaume, a vu son péché et le hait. De quelle utilité est le souci du médecin pour le patient si ce dernier refuse obstinément de s’abstenir de ce qui est dangereux pour sa santé ? De la même manière, il n’y a pas lieu de pardonner les injustices d’un homme qui continue à les commettre. Celui qui continue à vivre dans la débauche ne retire aucun bénéfice à être pardonné du péché de débauche. Le sage Architecte de notre vie désire que celui qui a vécu dans le péché et a fait le serment de commencer une nouvelle vie, mette un terme à ce qui, dans son passé, l’a entraîné au péché et qu’il pose les fondations d’une nouvelle vie, celle d’un homme repenti.

Pour bénéficier de la Confession, nous devons nous résoudre fermement de ne plus pécher à l’avenir. Le repentir authentique est la souffrance que suscite notre conscience de la rupture d’amour avec Dieu, accompagnée de l’intense désir de ne plus répéter ce péché. Qui se permet de pécher arbitrairement, avec l’espoir qu’il se repentira, dit Saint Isaac le Syrien, triche avec Dieu. La mort le touche inopinément, et il ne vit pas jusqu’à l’accomplissement du temps qui lui est imparti pour se consacrer à la vertu. Pour bénéficier de la Confession, tu dois te résoudre à ne plus pécher dans le futur. Pour que cela se produise, au cours de la Confession, souhaites de tout ton cœur commencer une nouvelle vie. Si tu éprouves ce désir libérateur, aie confiance que Dieu nous aidera par tous les moyens possibles.

Pour conclure, la Confession est adressée à Dieu. Il connaît nos manquements bien mieux que nous-mêmes. Il s’agit donc que la Confession soit complète (ne pas avouer le moustique en dissimulant le chameau), exacte (en disant simplement les circonstances aggravantes), claire (sans user d’habiles périphrases), sobre (sans vaine complaisance dans l’aveu, non plus), et humble(acceptant comme un remède salutaire la pénitence éventuelle indiquée par le confesseur, même s’il s’agit de l’abstention momentanée de la communion eucharistique). Le véritable repentir amène le pénitent à n’incriminer que lui-même sans s’excuser ni, par de pseudo aveux, dénoncer et accuser d’autres personnes.

QUE FAIRE APRÈS AVOIR QUITTE LE CONFESSEUR ?

Après une Confession, il convient d’exécuter l’épitémie (la réparation) qui nous a été donnée : prosternation, prière intense, jeûne, lecture assidue de la Parole de Dieu, aumône, visite des malades, soin des orphelins. Il convient de prêter attention aux points suivants :

1. Si tu éprouves de l’inimitié contre quelqu’un, pardonne de tout ton cœur.

C’est ainsi que Dieu te pardonnera (Mt 6 :14,15). Sinon ta Confession est vaine. Thermistocle et Aristide, gouverneurs éminents d’Athènes, étaient des ennemis notables. Mais le pays confia à tous deux une fonction importante de l’Etat. Toutefois, pouvaient-ils abandonner leur inimitié ? Alors Aristide dit : "Thermistocle, voulez-vous abandonner votre inimitié, ici, à la frontière. Nous irons là où l’on nous appelle, nous accomplirons le travail, et si vous le désirez, quand nous reviendrons, nous renouvellerons notre inimitié." Et c’est ainsi qu’ils firent. Après avoir accompli le travail pour l’État, ils retournèrent d’où ils étaient venus et reprirent leurs hostilités !

N’en est-il pas ainsi avec les chrétiens qui ont une relation hostile avec leur prochain ? Ils se confessent, communient à la même Coupe, laissent leur hostilité à l’entrée de l’église, et quand ils la quittent, ils renouvellent leur inimitié. Cela constitue-t-il une Confession ? Ils commettent un plus grand péché en se confessant et en prenant la communion sans abandonner leur haine envers leurs ennemis personnels. Mettons donc fin aux inimitiés.

2. Ceux qui ont admis en Confession qu’ils avaient violé leur célibat ou l’honneur de leur famille, doivent quitter pour toujours la mauvaise voie. Ils ne peuvent aimer Dieu et le péché.
Un philosophe était allé faire du bateau en pleine mer. Une violente tempête manqua presque de renverser son bateau. Ce fut un miracle qu’il ait survécu. Il revint à la maison et, étant donné qu’une fenêtre de celle-ci donnait sur la mer, il l’emmura de telle façon qu’il ne puisse plus regarder la mer et succomber à l’attrait de naviguer.

Chrétien, combien de fois, toi aussi, tu as presque perdu ta vie et ton âme dans la mer de l’amour dissolu. Tu as été libéré miraculeusement. Maintenant évites-en les causes. N’empruntes plus cette route. Fermes les yeux de telle façon que la tentation ne pénètre pas dans ton cœur. Sinon, tu périras.

3. Si tu t’es emparé de la possession d’autrui, si tu as volé quelqu’un, rends ce qui ne t’appartient pas. Sinon, il n’y aura pas de pardon pour toi.

Si tu blasphèmes le saint Nom de Dieu, si tu renies la foi orthodoxe, si tu te mets en colère, si tu t’enfles d’orgueil, d’envie ou commets d’autres graves péchés, lorsque tu t’en repens, et que tu te confesses, tout t’est pardonné. Comme représentant de Dieu, le prêtre peut nous pardonner nos péchés contre Dieu, si nous nous repentons.

Par contre, si nous conservons, par exemple, la propriété d’autrui et le confessons sans la rendre, le prêtre n’a pas le droit de nous pardonner. Si nous gardons en nos mains la propriété d’un homme pauvre, comment le prêtre pourrait-il nous pardonner ? L’homme pauvre n’a pas choisi le prêtre comme son substitut et ne lui a pas donné le pouvoir de faire grâce à sa place pour ce qui a été volé.
Mais certains disent : "Je donne des aumônes dans les monastères ainsi qu’aux pauvres." 

Réfléchissons calmement : aucune loi, ni de Dieu, ni des hommes, ne permet à une premier homme de donner comme présent à un second la propriété d’un troisième. Pour cette raison, afin de recevoir le pardon de Dieu, retourne ce qui ne t’ appartient pas.

Résumons brièvement les règles d’une Confession salutaire. Avant d’aller voir le confesseur, examine soigneusement ta conscience. Ensuite, lorsque tu es en présence du prêtre, c’est-à-dire avoue ton péché, mets fin aux hostilités, et exécute la réparation, abandonnes ta vie impure et rends ce qui n’est pas à toi. Celui qui ne corrige pas son comportement après la Confession, ne se confesse pas, mais il parle en l’air, selon les paroles de saint Basile le Grand.

Extrait du livre de l'Archimandrite Séraphim Alexiev,
The Forgotten Medicine : The Mystery of Repentance.
(St. Xenia Skete Press, Wilwood CA, 1994).
Traduit de l'anglais par l'Archiprêtre Paul Pellemans.
Reproduit avec l'autorisation de l'Archiprêtre Paul Pellemans

Source:


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Le pain distribué comme antidoron est sanctifié auparavant, car il a été offert à Dieu

Saint Nicolas Cabasilas

Saint Nicolas Cabasilas ajoute ceci:

«Le pain distribué comme antidoron est sanctifié auparavant, car il a été offert à Dieu. Tous les participants chrétiens le reçoivent avec dévotion dans le creux de la paume droite et embrassent la main droite du prêtre qui vient de toucher et rompre le Corps tout saint du Christ, le Sauveur. Notre Église croit que la main du célébrant, comme elle a été tout entière sanctifiée, transmet cette sanctification à ceux qui la touchent et l’embrassent».

(Saint Nicolas Cabasilas, P.G. 150, 489 C.)

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Pour grandir dans la foi: Le conte des trois arbres

Même si nos plans ne semblent pas toujours coïncider avec ceux de Dieu, Lui sait ce qui est le meilleur pour chacun de nous et le résultat final dépasse nos espoirs les plus fous…

Il était une fois, tout en haut de la montagne, trois petits arbres qui rêvaient de ce qu’ils deviendraient quand ils seraient grands…

Le premier, regardant les étoiles, déclara :

—Quand je serai grand, je veux être le plus beau coffre du monde, rempli de trésors. Pour cela, je suis même prêt à être coupé.

Le deuxième arbre regarda le ruisseau et soupira :

—Moi, je veux être un grand navire et transporter des rois et des reines.

Le troisième petit arbre regarda la vallée et dit :

—Je veux rester ici en haut de cette montagne et grandir si haut que lorsque les gens me regarderont, ils lèveront les yeux et penseront à Dieu.

Les années passèrent et les petits arbres devinrent grands. Un jour, arrivèrent trois bûcherons qui coupèrent les trois arbres, tous impatients d’être transformés en ce dont ils rêvaient. Mais les bûcherons n’ont pas l’habitude d’entendre et de comprendre les rêves… Dommage !

Le premier arbre fut transformé en une mangeoire pour animaux, recouverte de foin.

Le deuxième devint un simple petit bateau de pêche et, tous les jours, il transportait des personnes et des poissons.

Et le troisième arbre, celui-là même qui rêvait de rester tout en haut de la montagne, fut coupé en grosses poutres, empilées dans un entrepôt.

Et tous trois se demandaient, désabusés et tristes :

—Pourquoi ça ?

Mais, une certaine nuit, pleine de lumières et d’étoiles, où l’air bruissait de mille musiques, une jeune mère plaça son Nouveau-Né dans cette mangeoire. Et soudain, le premier arbre sut qu’il renfermait le plus grand trésor du monde !

Le deuxième arbre, des années plus tard, transporta un homme qui s’était endormi dans le bateau ; mais quand la tempête se leva et que la petite barque allait sombrer, l’homme se leva et dit : « Paix ! ». Et en un éclair, le second arbre sut qu’il transportait le Roi du ciel et de la terre.

Quelques temps plus tard, un vendredi matin, le troisième arbre fut surpris quand ses poutres furent assemblées en forme de croix et qu’un homme fut cloué sur elles. Il se sentit horrible et cruel. Mais le dimanche déjà, le monde entier vibrait de joie et le troisième arbre sut que, dessus, un homme avait été cloué pour le Salut de l’humanité et qu’en la regardant les gens se souviendraient toujours de Dieu et de son Fils Jésus-Christ.

Les arbres avaient eu des rêves… Mais leurs réalisations étaient mille fois plus grandes et plus sages que ce qu’ils avaient imaginé.

Nous avons nos rêves et de nos plans qui, parfois, ne coïncident pas avec les plans de Dieu pour nous ; et, presque toujours, nous sommes surpris par sa générosité et sa miséricorde. Il est important pour nous de comprendre que tout vient de Dieu, de croire et d’avoir la foi, car Il sait très bien ce qui est le mieux pour chacun de nous !

Auteur anonyme

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De la paix des simples et de la prospérité des sots

Saint Nicolas Vélimirovitch

"Car la résistance des stupides les tue, et la sécurité des insensés les perd" (Proverbes 1:32).

Est-ce que la paix tue? Oui, la paix sans Dieu tue. Est-ce que la prospérité détruit? Oui, la prospérité sans Dieu et contraire aux lois de Dieu peut détruire. Simples sont ceux qui cherchent une telle paix et ceux qui courent après une telle prospérité sont des sots. Car, en substance, ils ne cherchent pas la paix mais plutôt l'épée et ne courent pas après la prospérité, mais plutôt après la destruction.

Qu'est-ce que la paix des simples et qu'est-ce que la prospérité des sots? La paix des simples, c'est la paix physique et la prospérité des insensés, c'est la fête physique. Le roi Hérode voulait une telle paix et il a été consommé par les vers. Jézabel voulait une telle prospérité et son chien l'a consommée.

De quel nom appellerons-nous un homme qui, en décidant de construire une maison, pense qu'il mettra le toit dans l'air d'abord et ensuite érigera les murs et ensuite jettera les fondations de la maison? Nous l'appellerons un niais et un sot. Pareils sont tous ceux qui tentent d'établir la paix dans le monde sans paix intérieure et d'établir la prospérité extérieure pour les hommes, sans la prospérité intérieure.

La foi chrétienne est la seule qui construit sur une Fondation et la Fondation c'est le Christ, roc ferme et indestructible. Ainsi, la foi chrétienne pour la paix et la prospérité des hommes se fonde sur le Christ. Une paix intérieure, bénie et joyeuse est construite sur le Seigneur Christ et sur cette paix, la paix extérieure est construite.

Il en est ainsi de la véritable et durable prospérité. Il est toujours préférable de dire que la vraie paix et la prospérité véritable est comme une maison bien construite et la paix extérieure et la prospérité sont comme les ornements extérieurs de la maison. Toutefois, si les ornements extérieurs tombent, la maison sera maintenue, mais si la maison est détruite, les ornements seront-ils ensuite suspendus dans l'air?

Ô mes frères, l'enseignement chrétien est le seul enseignement raisonnable sur la paix et la prospérité. Tout le reste n'est que folie et sottise. Car, comment les serviteurs pourraient-ils construire une maison sur la propriété du Maître sans la permission du Maître et sans son aide?

Ô Seigneur, source de la paix véritable et la véritable prospérité éternelle, sauve-nous de la paix des simples et de la prospérité des insensés.

A toi est la gloire et la reconnaissance à jamais. Amen!

Source:


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CANON DE SUPPLICATION À LA MÈRE DE DIEU (ENFANTS)

Ode 1 – en ton 1

« Ta droite victorieuse, magnifique en sa force, s’est couverte de gloire ; car, ô Seigneur immortel, grâce à ta puissance, elle a broyé les ennemis en ouvrant pour Israël une voie nouvelle au profond de la mer ! »

Refrain : Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Incompréhensible est le mystère de ta personne déifiée, ô Mère de Dieu : les ténèbres qui voilent notre intelligence et notre cœur, purifie-les par la lumière du saint Esprit afin que nous te chantions : Réjouis-toi, Vierge Mère de Dieu, réjouis-toi !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Digne de la plus haute admiration est la gloire de ta triple virginité, ô Vierge : les puissances angéliques la chantent et la célèbrent dans les cieux ! Donne-nous, à nous pécheurs, la grâce de ton Fils et ton Dieu qui magnifie sa Mère très pure !

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

Ta conception fut miraculeuse, ô Marie ! Joachim et Anne ont exulté et ont glorifié la miséricorde du Seigneur à leur égard. Accorde-nous le souffle de la gratitude et de la louange pour les enfants que le Seigneur accorde à notre indigne prière, car en toi se réjouit toute créature !

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

Abraham offrit son fils unique par obéissance au Seigneur : voyant son abnégation, le Père céleste accepta l’offrande de son cœur brisé, et lui permit d’immoler son agneau au lieu d’Isaac. Nous aussi, ô Mère de miséricorde, par l’Esprit qui habite en toi, purifie-nous de toute possession à l’égard de nos enfants.

Ode 3

« Toi qui seul connais la faiblesse de la nature humaine, lui étant devenu semblable, dans ta compassion, revêts-moi de la force d’en-haut, pour que je chante devant toi : Saint est le temple spirituel de ta gloire immaculée, Seigneur ami des humains ! »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Ô bien nommée Buisson ardent, ton amour pour ton Fils et ton Dieu est plus brûlant que celui des séraphins ; et ta compassion pour les humains les réchauffe et les fortifie. Viens en aide aux parents éprouvés par les souffrances de leurs enfants et sauve-les du désespoir !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Tu fis des chérubins ton trône, ô Vierge reine ! De leurs innombrables yeux ils contemplent la lumière incréée de la Divinité et toi, ô Marie, tu es Celle qui voit Dieu. Nous aussi, malgré nos péchés, grâce à ta prière et selon notre foi, il nous sera donné de voir l’amour du Seigneur pour nos petits enfants !

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

Toi qui montres la Voie, ne te lasse pas de désigner à notre espérance et à notre louange ton Fils et ton Dieu. C’est Lui, notre Sauveur, qui appela près de lui les petits enfants pour les bénir avec amour et nous les donner en exemple de pureté.

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

Reine des anges, Gabriel s’adressa à toi de la part du Seigneur : qu’à nous aussi pécheurs revienne le charisme de te célébrer pour l’union de la divinité et de l’humanité qui s’opère en toi, nous qui confessons la vraie foi.

Sauve de tout danger tes serviteurs, car c’est en toi qu’après Dieu, ô Mère, nous trouvons un abri, unique Rempart, inébranlable Protection !

Dans ta bienveillance, penche-toi sur les souffrances de mon corps, Mère de Dieu toute digne de nos chants ; viens de mon âme guérir la douleur !

Cathisme, ton 2

Fervente avocate, inexpugnable Rempart, Source de miséricorde et Refuge de l’univers, vers toi nous crions sans répit : Mère de Dieu et Souveraine, empresse-toi, délivre-nous de toute adversité, car seule tu te hâtes d’accorder ton secours !

Ode 4

« Montagne ombragée par la grâce de Dieu, le prophète Habacuc t’a reconnue de son regard de voyant. De toi, a-t-il prédit, sortira le Saint d’Israël pour notre salut et notre restauration. »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Orante est ton nom ! En tout temps et en tout lieu, tu es celle qui élève vers le Seigneur tes mains très pures pour le supplier et le louer au nom des croyants et de tous les humains, les pécheurs et les justes. En cette heure bénie, intercède, en ton sacerdoce maternel, pour tous les enfants qui souffrent en ce monde !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Mère de toute protection, ta maternité est un voile qui couvre l’humanité d’une chaleureuse et divine compassion : protège, garde, convertis et sauve tes serviteurs, les parents qui mettent leur confiance en toi et en ton Seigneur !

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

Vierge de tendresse, ouvre-nous la porte de la tendresse divine, ô Marie et donne-nous d’aimer les petits enfants de l’amour dont les aime le Christ, car notre cœur est égoïste et sec.

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

Les jeux de nos enfants sont l’image de la sagesse incréée ! Ton Fils et ton Dieu joua comme enfant avec sa Mère très pure en sa sainte et véritable humanité. Donne à nous, les pères et les mères selon Dieu, la sagesse qui éduque et qui éveille à la miséricorde divine !

Ode 5

« Par l’éclat de ton avènement, Tu as illuminé les confins de l’univers en les éclairant, ô Christ, par la splendeur de ta croix : fais briller aussi la lumière de la divine connaissance dans les cœurs qui te chantent selon la vraie foi ! »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Tu allaites ton créateur devenu en toi être humain véritable. De ton sein très pur et virginal, fais couler aussi le lait de la divine consolation sur les pères et les mères brisés par la souffrance de leurs enfants.

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Tes caresses, ô Mère du Christ Dieu, ont réjoui ton enfant par l’humanité de ton amour. Rends-nous dignes d’avoir part à une telle tendresse afin de consoler et de réjouir tout enfant éprouvé en son âme ou en son corps.

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

A l’annonce et devant les signes futurs de la Passion de ton enfant chéri, tu tremblas de frayeur, ô Mère très sainte ! Tu connais l’angoisse et la détresse des parents devant l’épreuve de leur enfant : aide-les par ta compréhension maternelle et sauve-les du découragement !

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

Tes entrailles se sont serrées quand tu sus quelle souffrance souffrait ton divin enfant : sois proche, nous t’en prions, de nos souffrances, quand notre cœur se fend de douleur !

Ode 6

« Le fond de l’abîme nous entourait, et nous n’avions personne pour nous délivrer ; nous étions comptés comme brebis d’abattoir. Sauve ton peuple, ô notre Dieu, car Tu es la force des faibles et leur relèvement ! »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Dans une grotte, à Bethléem, tu mis au monde et tu abritas le Dieu que tu avais conçu. Dans la grotte de notre cœur, ô Marie, fais habiter aussi ton Seigneur très doux et très humble !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Il est digne en vérité de te célébrer, ô Mère de Dieu ! De façon incompréhensible pour les anges et pour les humains, tu conçus humainement le Dieu de l’univers. Inconnaissable est la virginité que tu gardas dans la conception et dans l’enfantement : en te magnifiant, nous glorifions Celui qui en toi engendra son Fils unique et Verbe !

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

Ô Vierge au triple sceau, tu connais la virginité et l’innocence des tout-petits. Intercède pour eux dans leur souffrance et réjouis-toi pour leur joie, car ils n’ont rien pu faire de mal !

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

En nourrisson, tu fus portée sur les bras de sainte Anne ta mère, et Joachim, ton père béni, rendait au Seigneur l’action de grâce due à ta conception miraculeuse. Ils virent en Esprit les souffrances que tu porterais et ne cessèrent pour autant leur louange !

Sauve de tout danger tes serviteurs, car c’est en toi qu’après Dieu, ô Mère, nous trouvons un abri, unique Rempart, inébranlable Protection !

Dans ta bienveillance, penche-toi sur les souffrances de mon corps, Mère de Dieu toute digne de nos chants ; viens de mon âme guérir la douleur !

Kondakion en ton 6

Protectrice assurée des chrétiens, + Médiatrice sans défaillance devant le Créateur, / ne dédaigne pas la voix suppliante des pécheurs !// Mais dans ta bonté+ hâte-toi de nous secourir, / nous qui te crions avec foi:// « Sois prompte dans ton intercession, + et empressée dans ta prière, ô Mère de Dieu, / Secours constant de ceux qui t’honorent ». //

Ode 7

« Nous les fidèles, nous reconnaissons en toi, ô Mère de Dieu, la fournaise spirituelle. Et de même qu’Il a sauvé les trois Jeunes Gens, le Très-Haut a renouvelé en ton sein le monde entier, le Seigneur Dieu de nos Pères, digne de louange et de gloire ! »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Source de vie, tu mis au monde celui qui est la Vérité, la Voie et la Vie. Tu conçus et enfantas le vrai médecin de nos âmes et de nos corps : prie-le, ô Mère, pour tous ceux qui servent et soignent par sa grâce les enfants souffrants !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Comme en un jardin clos, le Seigneur trouva en toi sa demeure et son repos. Veuille, ô Paradis spirituel, accorder à tous les parents qui te supplient, la grâce de s’abandonner dans la foi à ton Fils et ton Dieu !

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

Tu es la Joie des affligés ! Ecoute, ô Mère, les cris et les plaintes des enfants tourmentés ! Tu connais leur innocence et leur jeunesse : épargne-leur la maladie de l’âme et du corps et sauve-les de toute douleur ; sois la joie de leurs parents et de toute notre fraternité affligés !

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

En toi se réjouit toute créature, car tu es celle qui nous fais connaître Jésus, ton Seigneur et ton Dieu, notre Seigneur et notre Dieu. Montre-le-nous présent dans l’affliction des tout-petits !

Ode 8

« Dans la fournaise, comme en un creuset, brillèrent les enfants d’Israël par l’éclat de leur piété plus pure que l’or fin ; et ils se mirent à chanter : Bénissez le Seigneur, toutes ses œuvres ! Louez-le ! Exaltez-le dans tous les siècles ! »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Inacceptable est le tourment des enfants. Toi-même, ô Vierge, le supplice de ton Fils te déchirait les entrailles : Comment souffres-Tu, disais-tu, Toi qui est la vie et l’allégresse de l’univers ? Sur l’agonie des parents et des enfants, verse, ô Compatissante, le baume de ta tendresse !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Sans raison est la douleur des tout-petits, car ils n’ont rien pu faire de mal ! Nos péchés sont innombrables et nous accablent : prie, ô Vierge, pour notre conversion et notre pardon !

Bénissons le Seigneur, Père et Fils et saint Esprit !

Entendant l’appeler la voix de son Dieu, Samuel enfant répondait : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! A nos enfants aussi, ô Mère de la Sagesse, donne l’écoute de la Divinité et le souffle prophétique !

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

Toute-Sainte est ton nom, ô Vierge, car l’Esprit, Saint, Seigneur et Vivifiant, sanctifia et déifia ton sein très pur par la conception du Verbe et Fils unique de Dieu. Sanctifie-nous par ta protection, nous qui, par amour pour nos enfants, nous réfugions près de toi !

Ode 9

« Pour image de ton enfantement, nous avons le buisson ardent qui brûlait sans être consumé ; en nos âmes, nous te prions d’éteindre la fournaise des tentations, pour qu’alors, ô Mère de Dieu, sans cesse nous te magnifiions ! »

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

A l’âge de trois ans tu fréquentais le temple de ton Seigneur. Adolescente, si jeune encore, tu reçus dans ta virginité la semence divine du Fils de Dieu et Fils de l’Homme. Tu connus par le vieillard Siméon qu’un glaive traverserait ton cœur de vierge mère et, avec audace et avec foi, tu disais au Seigneur : Qu’il m’advienne selon ta parole !

Très sainte Mère de Dieu, sauve-nous !

Le Seigneur Jésus Christ ton divin et humain fils montra aux enfants son amour paternel. Ta maternité nous révèle l’amour du Père céleste. Inspire-nous, ô Mère, la paternité et la maternité, non seulement selon la chair, mais selon l’Esprit saint, pour porter, consoler et guider nos enfants sur le chemin de sainteté !

Gloire au Père et au Fils et au saint Esprit !

Coryphée de tous les saints, Chef de file et Tête de tous ceux qui intercèdent devant le Trône du Très-Haut, Prototype de toute sainteté humaine, Modèle des martyrs et des justes de tous les temps, avec saint Nicolas, l’ami des enfants, intercède pour les tout-petits que menacent la maladie et la mort !

Et maintenant et toujours et dans les siècles des siècles : Amen !

Mère de Dieu digne de toutes les louanges, Montagne non taillée de main d’homme, Portée dans les bras de sainte Anne, Mère de la Supplication et du Refuge, Grande Humilité, Consolatrice de nos peines, dont le voile et la ceinture protègent la sainte Eglise de Dieu, Joie inattendue, Calice du salut, Guide et Pédagogue de nos âmes, toi qui bénis de trois mains, Fleur immarcescible, écoute les prières de supplication et de louange des pères et des mères éprouvés en leurs enfants !

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Sur L'amour

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Nous avons besoin d'aimer beaucoup! Car le Christ nous l'ordonne!

Soyons attentifs car l'amour est le critère du Jugement [dernier]!

Quand le Christ nous a demandé d'aimer, Il nous a aussi donné la force de le faire.

Nous devons aimer notre affliction [tristesse] et ceux qui l'ont causée.

Vous êtes libres, et vous avez la possibilité de vous élever [développer] si vous n'avez pas de haine.

Nos cœurs doivent toujours être libres pour le Christ.

Ce monde n'est pas mauvais; nous sommes fautifs car nous ne savons pas aimer.

La haine de son prochain est l'œuvre la plus diabolique.

Si vous essayiez d'aimer les gens comme vous aimez le Christ, alors vous ne verriez plus les torts de votre prochain.

Sachez que l'amour pour les ennemis est un commandement. Nous devons les supporter dans notre cœur.

Une question est justifiée, et posons-la nous tous: "Dois-je aimer ou non...?" - Car c'est un commandement, mon frère! Ne pense pas que notre Sauveur a parlé seulement pour les gens de son temps ou pour Ses apôtres. Non... Il a parlé pour tous les hommes et pour l'éternité.
  
Pères, la grande bataille est de guérir les blessures, et non pas d'appliquer des pénitences [épitimies]. Nous souillons Son sacrifice sur le Golgotha lorsque nous refusons d'absoudre ceux qui ont des péchés graves quand ils se repentent.

Les canons de l'Eglise sont un excellent guide. Mais on doit les utiliser avec souplesse [economia/ économie].

Il est dit que le cerf ne court pas bien pour deux raisons: quand il est trop gras, ou quand il est trop faible. Trop d'ascétisme peut affaiblir quelqu'un, mais l'indifférence et le non-engagement peuvent aussi "engraisser" un homme.

Personnellement, je ne suis pas pour les pénitences qui nécessitent beaucoup de temps et d'effort physique.

La pénitence signifie la possibilité de se repentir, de ne plus commettre ce péché, de lutter pour ne pas tomber à nouveau.

Une bonne pénitence, c'est de regarder le pénitent comme quelqu'un que l'on aime!

Nous avons besoin d'un ... état continu d'amour.

Nous devons avoir "le besoin" d'aimer. Il n'y a jamais quelqu'un près de vous par hasard [en vain]. Il est là, par la Providence de Dieu.

Un père spirituel est responsable de la faiblesse de son enfant.

Source:


ORTHODOXOLOGIE

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Le Seigneur distribue Sa grâce à ceux qui s’imposent les fatigues d’un pèlerinage

Saint Jean Maximovitch (+1966)

"Dans Sa bonté, le Seigneur distribue Sa grâce à ceux qui s’imposent les fatigues d’un pèlerinage: le pèlerinage ne rapproche pas Celui Qui est partout, mais les efforts des pèlerins rendent ceux-ci dignes de Sa manifestation, non par eux-mêmes mais parce qu’Il les accepte dans Sa miséricorde."

—Saint Jean (Maximovitch), Archevêque de Shangaï, Bruxelles et San Francisco.

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Le mystère de Dieu est celui de l’Amour qui chasse toute peur

Saint Benoît recommandait à ses moines d’« avoir chaque jour devant les yeux la menace de la mort » (Règle, ch. IV).
On parle peu de la mort dans le monde moderne. Mais toute la tradition chrétienne nous apprend que, pour devenir sages, il faut nous faire à l’idée que nous n’avons pas ici-bas de « cité permanente » (He 13, 14)…
Les sages des temps passés et présents nous enseignent qu’il faut garder la mort présente à l’esprit pour avoir une juste perspective sur la vie… Pour qui est attaché au monde, parler de la mort est difficile. En vérité, la principale illusion qui nous attache aux biens de ce monde procède d’un point de vue diamétralement opposé : non pas la sagesse de se savoir mortel, mais le pur fantasme que nous sommes immortels, à l’abri de la défaillance physique.
Mais la sagesse de la tradition incarnée par saint Benoît enseigne que la reconnaissance de notre faiblesse physique nous rend capables de percevoir aussi notre fragilité spirituelle. Il y a une profonde connaissance en nous tous, si profonde en vérité qu’elle est la plupart du temps enfouie, qu’il nous faut établir le contact avec la plénitude de la vie et avec la source de la vie.
Il nous faut établir le contact avec la puissance de Dieu et, d’une manière ou d’une autre, ouvrir les fragiles « vases de terre » que nous sommes à l’amour éternel de Dieu, un amour inextinguible.
La méditation est un chemin de puissance parce qu’elle est le moyen de comprendre notre nature mortelle. C’est le moyen d’avoir clairement conscience de notre propre mort. Ceci parce qu’elle est le chemin qui transcende notre mortalité. Elle est le chemin, au-delà de la mort, vers la résurrection, vers une vie nouvelle et éternelle, la vie qui jaillit de notre union avec Dieu.
Dans son essence, l’Évangile chrétien proclame que nous sommes invités maintenant, aujourd’hui, à faire cette expérience. Nous sommes tous invités à mourir à notre vanité, à notre égoïsme, à nos limites. Nous sommes invités à mourir à notre exclusivisme. Nous sommes invités à tout cela parce que Jésus nous a précédés dans la mort et est ressuscité des morts.
Cette invitation à mourir est aussi une invitation à naître à une vie nouvelle, à une communauté, à une communion, à une vie pleine et sans peur. Je crois qu’il serait difficile de dire si les gens craignent davantage la mort ou la résurrection. Mais, dans la méditation, nous nous défaisons de nos peurs parce que nous prenons conscience que la mort est mort à la peur et que la résurrection est naissance à une vie nouvelle.
Chaque fois que nous nous asseyons pour méditer, nous entrons dans cet axe de mort et de résurrection.
Ceci parce que, dans notre méditation, nous dépassons notre vie et toutes ses limitations pour entrer dans le mystère de Dieu. Nous découvrons, chacun d’entre nous par sa propre expérience, que le mystère de Dieu est le mystère de l’amour, de l’amour infini – de l’amour qui chasse toute peur.

Source:


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Devenir et rester un Chrétien Orthodoxe

Prêtre Andrew Phillips 

INTRODUCTION

Nous entendons parfois des gens raconter comment ils en sont venus à rejoindre l'Eglise Orthodoxe. Bien que chaque histoire soit intéressante, et parfois même extraordinaire, je pense que les histoires racontant comment des gens sont restés de fidèles Chrétiens Orthodoxes malgré les tentations seront de plus grande utilité. Comme il est écrit dans l'Evangile : "C'est à votre constance que vous devrez votre salut" (Luc 21,19).

De plus, je n'ai pas intitulé cet entretien "Comment entrer dans l'Eglise Orthodoxe" mais "Comment devenir et rester un Chrétien Orthodoxe."

Car rejoindre l'Eglise Orthodoxe ou devenir un membre de l'Eglise Orthodoxe, cela concerne des changements externes, et ce n'est pas la même chose que "devenir un Chrétien Orthodoxe," qui concerne des changements intérieurs. Et rester un Chrétien Orthodoxe est encore plus important, c'est pourquoi j'ai consacré 3 fois plus de temps à cette partie-là qu'à comment devenir Chrétien Orthodoxe.

DEVENIR ORTHODOXE – CONVERSION ET INTÉGRATION

Définissons d'abord nos termes en parlant d'un nombre de mots qui sont utilisés dans ce contexte. Tout d'abord, il y a la phrase nulle "Orthodoxe de naissance." Cela n'existe pas. Personne n'est "né Orthodoxe", nous sommes tous nés païens. C'est pour cela que nous exorcisons d'abord puis baptisons. Plus acceptables sont les termes, "né dans une famille Orthodoxe" et "Orthodoxe depuis le berceau". Il est intéressant de noter que les gens qui utilisent avec condescendance des termes comme "Orthodoxe de naissance" appellent les enfants des "convertis".. des "convertis". En fait, bien sûr, dans leur langage erroné, les enfants de "convertis" sont "Orthodoxes de naissance"!
Ensuite il y a le mot "converti." Lorsque des gens disent qu'ils sont convertis, je leur demande d'abord : "Convertis à quoi?" Au folklore grec? A l'alimentation russe? Au pharisianisme? A la nostalgie d'un Anglicanisme ou d'un Catholicisme-romain démodés? A un passe-temps intellectuel de syncrétisme?

Il est vrai, en un sens, que nous sommes tous, toujours, des convertis, parce que nous avons tous à constamment nous convertir au Christ. C'est le sens du Psaume 50. Le roi-prophète David aussi fut un converti, un "né de nouveau", après son grand péché. Hélas, le mot "converti" n'est en général pas utilisé dans ce sens spirituel mais dans un sens séculier.

J'espère que quand les gens s'appellent eux-mêmes "convertis", ils veulent dire qu'ils sont convertis au Christianisme (qui est le mot correct pour Orthodoxie). J'espère aussi que quand ils disent qu'ils sont "convertis", cela signifie qu'ils ont été très récemment reçus dans l'Eglise. Hélas, je dois admettre que ce n'est pas toujours le cas. Les années passant, j'ai rencontré des gens qui étaient entrés dans l'Eglise Orthodoxe 10, 20, 30 ans auparavant voire plus, et qui étaient encore des "convertis" et même qui s'appelaient eux-mêmes "convertis". Et ceci même dans le cas de certains clercs, prématurément ordonnés.

Ca me dépasse, car cela signifie que même après des années comme membres "de nom" de l'Eglise Orthodoxe, ils ne sont pas encore devenus Chrétiens Orthodoxes, ils n'ont pas encore intégré l'Eglise, ils n'ont pas encore grandit naturellement dans l'Orthodoxie, et il ne mènent toujours pas un genre de vie Orthodoxe, ils n'ont pas encore acquis cet instinct d'Orthodoxie, qui signifie que l'Orthodoxie est leur unique demeure spirituelle, qu'elle est leur os et leur sang, qu'ils respirent l'Orthodoxie parce que leurs âmes sont Orthodoxes. Ils souffrent de l'affliction spirituelle de la "convertitis". Ils sont restés néophytes. Ils n'ont accompli que ce que le diable voulaient qu'ils accomplissent – être incomplets. C'est pourquoi les Russes, faisant un jeu de mot sur le mot russe "konvert", qui signifie une enveloppe, disent plutôt vrai en parlant de certains convertis : "le problème avec le 'konvert', c'est qu'il est soit souvent vide, ou souvent décollé."

Il peut y avoir bien des raisons à cet état de convertitis. Ce peuvent être des gens qui sont rentrés dans l'Eglise Orthodoxe et n'ont pas trouvé de paroisse où aller, au moins avec des Offices dans une langue qu'ils pourraient comprendre. Par exemple, j'ai rencontré des gens qui avaient été Orthodoxes depuis 40 ans mais n'avaient jamais participé à une Vigile Pascale dans leur propre langue! J'ai rencontré des gens qui étaient Orthodoxes depuis 5 ans et n'avaient jamais assisté à la moindre Vigile Pascale, parce que leur communauté Orthodoxe locale n'a que 10 Liturgies par an et uniquement des samedis matin! J'ai rencontré des gens qui étaient Orthodoxes depuis 60 ans et n'avaient jamais été à des Vêpres ou un Office de Vigile! En d'autres mots, de telles personnes n'ont jamais eu l'opportunité d'apprendre et de s'intégrer. Cependant, il y a malheureusement aussi d'autres raisons pour lesquelles des gens ne s'intègrent pas dans la vie de l'Eglise.

LES MOTIFS DE CONVERSION

En principe, le clergé ne devrait recevoir quelqu'un au sein de l'Eglise Orthodoxe que pour des raisons positives. Le fait est qu'il y a des gens qui souhaitent rejoindre l'Eglise Orthodoxe pour des raisons négatives, par exemple par dégoût pour une dénomination ou un membre de son clergé. C'est de la psychologie, pas de la théologie, et en plus, pas très saine, ni très Chrétienne, comme psychologie.

Je me souviens comment dans les années 1970, celui qui est à présent l'évêque Kallistos me raconta comment un groupe de convertis lui avaient demandé d'écrire un livre dénonçant toutes les hérésies de l'Anglicanisme. Les convertis en question, et ils étaient en effet convertis, étaient bien entendu tous des ex-Anglicans! Ils n'avaient pas compris que leur motivation, à tous, provenait de leurs problèmes psychologique personnel, de leur réaction, qu'ils étaient occupés à masquer derrière leur zèle passionné. C'est fort justement que l'évêque Kallistos refusa d'écrire quelque chose de négatif. En tout cas, aucun Orthodoxe n'aurait acheté le bouquin, parce qu'il n'aurait pu être de quelqu'utilité que ce soit pour des néophytes ex-Anglicans. Ce fut un livre en moins à réduire en pâte.

Habituellement, un prêtre sait découvrir si les motivations de ceux qui souhaitent rejoindre l'Eglise Orthodoxe sont négatives rien qu'en attendant de voir si ces gens viennent aux Offices religieux. Habituellement, ces gens super-zélés qui aiment lire à propos de la Foi ou parler de la Foi dans des forum ou ailleurs, sont ces mêmes personnes qui font de l'absentéisme à l'église. Leur zèle se passe tout dans la tête ou dans leurs émotions, pas dans leur coeur et âme, et dès lors pas dans leur vie et leur pratique.

Ensuite, il y a ceux qui ont été attirés à l'Eglise par une découverte durant un voyage. J'appelle ces gens des "Orthodoxes de Vacances." Leur attirance n'est souvent pas vers le Christ, mais vers une culture étrangère et exotique – et au plus exotique, au mieux c'est. Menant une vie très monotone, l'Eglise Orthodoxe leur donne quelque chose pour rêver, habituellement leurs prochaines vacances en Crête ou quelque part du genre. A nouveau, un prêtre sait facilement découvrir si leur intérêt est sérieux en regardant s'ils viennent à l'église. En général, ils ne viennent pas, parce qu'ils ne sont pas en vacances! Hélas, certains d'entre eux ont été reçus dans l'Eglise par des prêtres manquant de discernement, dans leur lieu de villégiature, que ce soit en Roumanie, Russie, Grèce, Chypre, au Mont Athos ou ailleurs.

Ne connaissant rien de la Foi Orthodoxe, ils se présentent sur le pas de votre porte et vous avez à leur expliquer que bien qu'ils soient membres de l'Eglise Orthodoxe, ils ne sont en réalité pas encore devenus Orthodoxes. Souvent, de toute manière, de telles personnes peuvent bien vous téléphoner, mais en général ne viendront jamais à un Office à l'église, parce qu'ils auront cessé de pratiquer avant de s'être préparés à venir à l'église.

Ensuite il y a ces gens qui viennent avec leur propre agenda, souvent des "je-sait-tout", qui ont lu tous les livres existant sous le soleil, mais n'ont pas encore la moindre idée de la lettre A de l'ABC Chrétien. Et ils arrivent avec leurs desiderata qu'ils souhaiteraient imposer! "Oui, je veux rejoindre l'Eglise Orthodoxe, mais à condition qu'elle aie d'abord été 'réformée' et 'modernisée'!" - "Oui, c'est bon ainsi, mais je voudrais qu'on rajoute quelques hymnes occidentaux avant le Canon!", ou "Je ne rejoindrai l'Eglise Orthodoxe que lorsqu'elle célébrera Pâque en même temps que ma tante Suzanne qui est Protestante!", ou "Tout est parfait sauf que vous utilisez beaucoup trop de cierges. Retirez ces cierges et je rejoindrai l'Eglise Orthodoxe." "Je ne deviendrai Orthodoxe que si vous avez une icône de st. François d'Assise!" "Je ne rejoindrai l'Eglise Orthodoxe qu'à condition que tout le monde y vote pour le parti politique XYZ et aille en vacances en Toscane!". Ce sont peut-être des exemples extrêmes, mais ce sont des exemples authentiques. Ce sont tous des exemples de manque d'humilité. Aucun prêtre ne devrait recevoir des gens pareils au sein de l'Eglise pour la simple raison qu'ils n'aiment pas et n'acceptent pas l'Eglise et Son Maître le Christ.

Il n'y a qu'un seul critère pour entrer dans l'Eglise Orthodoxe, et c'est parce que vous êtes convaincus que c'est pour votre Salut personnel, pour votre survie spirituelle, parce que c'est la sainte Volonté de Dieu pour vous, parce que vous savez que c'est votre demeure spirituelle, et que quelqu'en soit le prix, vous ne pourrez jamais être rien d'autre.

COMMENT RESTER ORTHODOXE – L'ATTACHEMENT AUX APPARENCES

Récemment, un prêtre qui avait reçu des gens dans l'Eglise au cours des 20 dernières années me raconta que la liste de gens qu'il avait reçu et qui avaient fait défection était plus longue que celle de ceux qu'il avait reçus et qui avaient persévéré. Ce prêtre est relativement prudent quand il s'agit de recevoir les gens, mais je connais 2 autres paroisses où la liste des défections est au moins 20 fois plus longue que celle des persévérants. Dans les 2 cas, je doit admettre que c'est la politique de la paroisse qui est à remettre en cause. Présentez-vous y et demandez, et vous serez automatiquement reçus dans l'Eglise endéans les 2 semaines, sans la moindre instruction.

Mais pourquoi alors est-ce que des gens abandonnent la pratique de la Foi à laquelle ils ont choisit d'appartenir de leur plein gré? Si nous examinons cette question, peut-être pourrons-nous apprendre quelques leçons qui sont utiles pour nous et qui pourrons nous aider à rester un fidèle Orthodoxe.

Tout d'abord, nous devons nous examiner nous-mêmes. A quoi sommes-nous en fait attachés dans l'Eglise? Il y en a qui disent : "C'était si merveilleux à l'église aujourd'hui! Le chant était si beau, l'encens sentait si bon!" Des paroles pareilles me font penser qu'il est peu probable que cette personne revienne. De telles personnes semblent avoir un feu intérieur qui éclate dans un jaillissement d'enthousiasme et d'émotion. Mais comme tous les feux vifs, ils brûlent vite et ne laissent que des cendres froides. Cet attachement aux apparences et à l'exotisme est dangereux, parce que nous passons à côté de l'essentiel.

L'attachement aux apparences peut s'étendre aux vêtements, langues, nourriture et folklore étrangers. Je me souviens d'une paroisse russe en Belgique, on savait directement qui y étaient les convertis; les hommes portaient des barbes de paysans Russes du 19ème siècle, et les femmes portaient des longues jupes sans élégance et semblaient porter une nappe de table sur la tête. Vous saviez qui étaient les Russes parce qu'ils étaient habillés normalement. Dans une paroisse grecque ici, il y avait 2 prêtres, un Grec et un converti. Vous reconnaissiez directement qui était le convertit parce qu'il portait d'énormes robes à large manches et un énorme chapeau-cheminée sur sa tête. Le Grec ne portait qu'une tunique.

Dans une autre paroisse russe, les Russes parlaient toujours de chanter, de Noël et de Pâques, mais les "convertis" (et c'est bien ce qu'ils étaient) parlaient de "psalmodier" et "La Nativité" et "Pascha." Un vrai Russe, né en Union Soviétique, me raconta un peu cruellement pourquoi il aimait le convertit de sa paroisse "parce qu'il me fait marrer avec tout son folklore." Le zèle non-éclairé est toujours ridicule. Le zèle doit être canalisé afin d'atteindre quelque chose de positif.

J'ai un ami Chypriote Grec, né et élevé à Londres, qui me raconta que son plat préféré était le steak et la tourte aux rognons, et que c'était la première chose qu'il mangeait à Pâques lorsque le jeûne était finit. Je lui ai demandé s'il mangeait parfois dans un restaurant grec. Il répondit : "Oh non, ça c'est juste bon pour les Anglais." Il me raconta aussi comment à Londres, dans les mariages entre Chypriotes, les invités avaient l'habitude d'attacher des billets de banque aux vêtements du nouveau couple, une sorte de cadeau de mariage. Lorsque pour la première fois il vit un mariage à Chypre, alors qu'il avait 25 ans, les gens là-bas ne firent pas cela. Pourquoi? Parce qu'ils avaient cessé de le faire dans les années 1960, considérant cela comme une sorte de coutume paysanne primitive. En d'autres termes, ils avaient cessé de le faire après que la plupart de leurs compatriotes Chypriotes Grecs avaient émigrés à Londres, mais ceux à Londres avaient conservé la vieille coutume des années 1950. Et voilà que les convertis veulent imiter cette coutume morte.

A cet égard, j'ai rencontré récemment un autre "convertit" qui venait de rentrer de vacances en Grèce, et en parlait avec beaucoup d'enthousiasme comme étant une "terre sainte" pleine de "saintes personnes," parce que "les Orthodoxes sont saints". Hé bien, je ne peux que supposer qu'il a dû passer tout son séjour dans d'excellents monastères – en passant, tous les monastères ne sont pas excellents. Je recommanderais à de telles personnes d'aller visiter les prisons grecques. Elles sont pleines d'Orthodoxes – des voleurs, des assassins, des violeurs, des proxénètes, des escrocs Orthodoxes. Vous pouvez le dire, ils sont tous Orthodoxes! Voyez-vous, la nature humaine est la même dans le monde entier.

Ce que je veux dire c'est que si nous nous attachons aux apparences, alors nous devrions d'abord nous demander à nous-mêmes : à quelles apparences sommes-nous donc attachés? Si nous ne faisons pas preuve de discernement, nous pourrons en effet avoir l'air fort bête. Toutes les apparences ne sont naturelles que si elles reflètent ce qui est en nous. Si le Christianisme Orthodoxe est en nous, alors nos apparences seront celles de tout Chrétien Orthodoxe. Nous gagnerions certainement à prendre l'habitude de visiter d'autres paroisses Orthodoxes, des pays où il y a beaucoup d'églises Orthodoxes, observant et analysant notre aspiration à l'authenticité. La pire des choses ce sont ces petites communautés de "convertis", refermées sur elles-mêmes, et qui ne voient jamais rien d'autre. Ils peuvent finir par avoir des pratiques qui n'existent nulle part ailleurs sur terre, et cependant penser être "plus Orthodoxes" que qui que ce soit d'autre! A nouveau, l'humilité est la solution pour guérir cette maladie, et l'humilité commence avec le réalisme, pas avec la fantaisie. Aucune spiritualité n'a jamais été fondée sur de la fantaisie. Sans une sobre humilité, il y a toujours l'illusion, qui est suivie par le découragement et la dépression. C'est la loi spirituelle.

Voir la réalité d'églises Orthodoxes est un excellent remède contre la maladie des fantaisies. Se rappeler que certaines Eglises Orthodoxes sont des Eglises d'Etat, et que bien d'autres ont des mentalités d'Eglise d'Etat. Une expérience qui donne à réfléchir, c'est la rencontre avec un certain nombre de ces diacres, prêtres et évêques qui se vantent de combien "ils gagnent" comme salaire, qui sont "hors service" à partir de 17h et les lundis et jeudis, et qui ne peuvent dès lors pas y célébrer de funérailles, qui disent qu'être dans le clergé c'est un bien meilleur boulot que ce qu'ils auraient autrement dû faire parce qu'ils n'étaient pas trop brillants à l'école et que l'alternative c'était être larbin dans une usine.. Mais c'est la réalité. Le contact avec cette réalité peut être de grand secours pour mettre un terme au zèle non-éclairé, aux ghettos de convertis, à tout ce que j'appelle "l'effet de serre".

Cela ramène les gens les pieds sur terre, et cela leur rappelle que c'est là où il devrait se trouver, car notre religion est la religion de l'Incarnation. Ce que les autres pensent et font, ce ne sont pas nos affaires, notre tâche c'est le salut de notre propre âme.

A cet égard, une des principales raisons pour laquelle certains convertis ne cessent pas d'être des convertis et ne deviennent pas Orthodoxes, c'est parce qu'ils n'ont pas de travail. Le besoin de gagner votre pain quotidien, d'être avec d'autres personnes, est un excellent moyen pour que les gens commencent à vivre leur Foi (au lieu de juste y réfléchir). Ceci peut éviter ce qu'on appelle les tentations de la gauche et de la droite. Les tentations de gauche sont le laxisme, la faiblesse, le compromis, l'indifférence. Les tentations de droite sont : juger sévèrement les autres, le zèle méprisant du Pharisien, "le zèle non-éclairé." Ces tentations sont d'un danger équivalent et doivent être autant combattues les unes que les autres. Toutes amènent à un gaspillage d'une quantité énorme de temps et d'énergie dans des distractions telles que la discussion sur des problèmes sans intérêt genre l'oecuménisme, plutôt que de prier. Vivre dans la société est le moyen qui nous permet d'apprendre à nous connaître nous-mêmes, voir nos défauts et éviter de nous fourvoyer dans des problèmes théoriques.


INTÉRÊT SUPERFICIEL

Certains sont vraiment imbus d'eux-mêmes! Certains sont vraiment pleins de suffisance et se gonflent. D'abord – si vous le leur permettez – ils vont vous détailler l'histoire de leur vie, et ensuite ils vont vous raconter les derniers ragots à propos du prêtre X, de l'évêque Y, et ensuite de la juridiction Z. Et cela quand bien même ils ne connaîtraient pas l'ABC de la Foi d'un enfant. Cependant, le fait est que le Christianisme, et c'est ce dont nous parlons, ce n'est rien de tout cela. Si vous n'avez pas de contact avec la réalité, alors vous n'apprendrez jamais les choses réelles. La vie de l'Eglise n'a rien à voir avec toute cette absurdité. Il n'y a rien de plus ennuyeux que de discuter de la personnalité et des activités d'autrui, clergé ou laïc, sauf bien sûr du péché les concernant, car le péché est toujours ennuyeux, c'est toujours la même chose. Posez la question à quelqu'un qui écoute des confessions.

La vie d'Eglise, c'est : qui va faire le café? Qui va faire la vaisselle? Qui va s'occuper des fleurs? Qui va tondre la pelouse? Qui va préparer et cuire les prosphores? Qui va nettoyer les toilettes? Saint Nectaire accomplissait cette dernière tâche alors qu'il enseignait à Athènes, quand bien même il portait l'imposant titre de "métropolite de Pentapole". Alors comment pourrions-nous nous en plaindre? Après tout, c'est une des premières tâches confiées aux novices dans les monastères.

Bien entendu, ce ne sont pas les principales tâches dans la vie de l'Eglise. Continuons :
La vie d'Eglise, c'est : Qui va apprendre à chanter? Qui va venir à tous les Offices à l'église? Qui va respecter tous les jeûnes de l'Eglise? Qui va lire chaque jour ses prières matinales et vespérales? Qui va se préparer consciencieusement pour la confession et la Communion? Qui va lire tous les jours les lectures prévues de l'Evangile et de l'Epître?

Et en fait, si vous voulez la réalité brute, qui choquera certains "convertis":
La vie d'Eglise c'est aussi : qui paiera les factures?

Oui, la vie d'Eglise, cela concerne l'engagement, la chose qui manque le plus dans notre culture actuelle, tiédasse et médiocre. Etre un Chrétien, et je vous le rappelle, c'est tout ce que le mot "Orthodoxe" signifie, c'est très difficile.
Depuis le Christ, personne n'a jamais dit autre chose. Sans un engagement ferme, nous ne resterons jamais Orthodoxe. Etre Chrétien, c'est aimer Dieu et aimer son prochain. Si nous ne sommes pas préparés à ne fut-ce qu'à l'essayer et le mettre en pratique, alors ça n'ira jamais. Malheureusement, certains pensent qu'être un Chrétien Orthodoxe – je sais, c'est un raisonnement vide, un cercle vicieux – ça ne concerne pas l'amour de Dieu et de son prochain. Ils pensent qu'il s'agit de lire des bouquins, d'avoir des opinions, de condamner autrui, de manger de la nourriture étrange, d'être intolérant, ou de porter des vêtements bizarres. Notre Seigneur n'a jamais rien dit de tout cela. Il a dit : "Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres" (Jean 13,34).

Le fait est que tous les Chrétiens étaient autrefois Chrétiens Orthodoxes, mais la plupart n'ont pas compris et ont chuté.
Le Christianisme Orthodoxe, ce n'est pas être reçu dans l'Eglise Orthodoxe et puis dire : "Ca y est, j'y suis arrivé."

C'est entrer dans l'Arène, c'est se trouver sur la Croix. J'ai souvent entendu des Anglicans dire : "Je sais que l'Orthodoxie, c'est l'authentique, mais je n'y parviendrais jamais." Je suppose que cela a au moins le mérite de l'honnêteté. Je pense toujours à ces paroles de ce saint prêtre, Clément d'Alexandrie, au 3ème siècle : "Si l'homme n'est pas couronné par le martyre, veillez à ce qu'il ne soit pas loin de ceux qui le sont."

La solution, c'est de lire l'Evangile selon saint Jean, d'avoir une règle de prière quotidienne. "Le Royaume des Cieux est pris par la force", dit l'Evangile.

NOSTALGIE

La nostalgie se définit par un attachement au passé. Ce n'est pas Chrétien, quand bien même nous trouverions naturel et humain d'avoir de l'indulgence envers nous-mêmes de temps à autres. Le problème est que cela nous détourne de vivre dans la réalité du temps présent, ce que nous sommes supposés faire.
Certains par exemple vous dirons qu'ils ne peuvent pas rester Orthodoxes parce que cela signifie qu'ils ne pourraient plus faire ce qu'ils avaient l'habitude de faire – aller au bistrot les samedis soirs, ne plus manger de viande les Dimanches durant les jeûnes. D'autres vous diront qu'ils trouvent non-hygiénique le fait d'embrasser des Icônes, des reliques, la main du prêtre (et même prendre la Communion) – ils n'ont jamais eu l'habitude de le faire. On se demande pourquoi de telles personnes se sont données la peine de venir ici.
Oui, je comprend les problèmes des mariages mixtes, les problèmes de régime alimentaire, le problème de rendre visite à des parents qui ne sont pas Orthodoxes, le problème des calendriers. Alors voici deux choses. La première, l'Eglise n'est pas un bâton qui est là pour nous décourager. Mais souvent, les gens se fabriquent leur propre bâton pour se battre eux-mêmes. Si nous rendons visite à un parent durant une période de jeûne et qu'il nous offre de la nourriture non-carémique, l'Eglise ne nous dit pas d'être des bigots auto-satisfaits et de refuser. Elle nous dit d'être humbles. Certains disent : "je ne peux pas manger cela car je suis saint." Oh oui, nous avons tous entendu cela, si pas dans ces termes-là, au moins dans cet esprit. Si l'oncle Alfred de votre épouse est terriblement malade, cloué sur son lit d'hôpital et désespérément seul et que la seule solution pour lui rendre visite, c'est le dimanche matin, alors l'Eglise nous dit d'aller lui rendre visite. C'est mieux que de refuser d'emmener votre épouse parce que vous avez besoin de la voiture pour aller "à mon église" et puis avoir une querelle familiale. Le bon sens commun et le discernement dans nos choix sont essentiels.
En ce qui concerne les mariages mixtes, le discernement est vital. J'ai vu des "convertis" Orthodoxes harceler et harceler leur conjoint pour devenir membre de l'Eglise Orthodoxe. Le résultat est toujours négatif. D'un autre côté, j'ai vu des gens attendre patiemment, 10, 20 ou 30 ans durant, sans ne fut-ce que mentionner la possibilité d'entrer dans l'Eglise Orthodoxe, et pour finir, l'autre conjoint demandait spontanément à y entrer. C'est l'exemple de patience Chrétienne du conjoint qui avait convertit.
Dans les petites paroisses Anglaises de l'Eglise Orthodoxe, certains des problèmes d'isolement rencontrés par beaucoup qui se joignent à l'Eglise Orthodoxe ont été résolus, au moins en partie. Si vous allez dans ce que j'appelle des "paroisses d'Eglise d'Etat", vous ne trouverez pas souvent du café ou du thé après l'Office, ou quelqu'un avec qui parler. Inversement, la plupart des paroisses anglaises ont une salle paroissiale. Là, après la Liturgie ou un Office de semaine, les Orthodoxes isolés, de quelqu'origine que ce soit, peuvent se rencontrer. Une personne venue chez nous, provenant d'Europe Orientale, voyant cela, dit : "Ici, c'est comme dans l'Eglise Ancienne". Bien sûr, elle ne voulait pas dire que nous étions "saints" ou quelque chose du genre, mais elle voulait dire que dans notre communauté, nous étions proches, nous nous connaissions les uns les autres.
Et ceci ne veut en rien dire qu'ici c'est "mieux" qu'en Europe Orientale; c'est simplement que nous avons à former une communauté, avec une salle paroissiale, avec café et thé, parce que sinon nous ne pouvons pas survivre en tant que petit groupe minoritaire confessant des valeurs spirituelles dans le grand désert spirituel de la Grande-Bretagne moderne [- ou quelqu'autre pays d'Occident; note du traducteur]. C'est notre survie, c'est notre famille et communauté de substitution dans la société actuelle, fragmentée, individualiste, consumériste et sans vie relationnelle. Ce n'est pas nécessaire dans certaines parties de l'Europe Orientale, parce que tout le monde y est Orthodoxe, donc la communauté Orthodoxe est tout autour de vous. Mais ici ce n'est plus le cas.

CONFESSION

A présent, j'aborderai un problème très particulier qui concerne spécialement l'Anglais contemporain, et en particulier, le caractère Anglican. La culture Protestante ambiante en Grande-Bretagne pour au moins les 6 dernières générations a rendu les gens très "coincés" et réservés, ce qui est en réalité une forme d'orgueil. Pour nombreux Anglais, il est très difficile d'aborder la Confession, un important Sacrement dans l'Eglise Orthodoxe. C'est pourquoi dans des cultures Protestantes un peu moins coincées, comme dans ces Etats-Unis imprégnés de culture de l'introspection, bien que les gens n'aillent pas se confesser, ils vont chez leur psychothérapeute. Là, ils peuvent tout dire, et puisqu'ils paient, ils peuvent s'y entendre dire qu'ils sont des gens bien comme il faut. La confession est différente de cela. C'est une question délicate, et je pense qu'il est bon de parler de vos réserves avec un prêtre en dehors de la confession avant même d'aller en confession. Apprenez d'abord à vous connaître mutuellement. Voici un certain nombre de choses à comprendre:
Premièrement, aucune confession n'est faite à un prêtre. C'est à Dieu, en présence d'un prêtre, qui est supposé essayer de donner quelques conseils judicieux.
La plupart des prêtres n'auront aucune objection à ce que vous vous confessiez auprès d'un autre prêtre, hors de votre propre paroisse. Certains se réjouiront même que vous le fassiez! Trouvez le bon confesseur, qui vous convienne. S'il vit fort loin, donnez-lui votre confession par téléphone, courrier électronique ou lettre. Il vous répondra et ensuite vous irez chercher l'absolution auprès de votre prêtre local qui est au courant de cet arrangement. C'est la solution utilisée par les épouses et enfants des prêtres. Elle pourrait l'être par vous.
Pour finir, comme je l'ai déjà dit, il n'y a rien de plus ennuyeux que le péché. Je suis toujours surpris lorsque des gens viennent en confession et s'attendent à ce que je me souvienne de leur dernière confession. J'oublie toujours les choses ennuyeuses. Un des meilleurs pères confesseurs que j'aie jamais rencontré était presque totalement sourd. Après avoir dit ma partie, dont il n'avait quasiment rien entendu, il me donnait quelques uns des meilleurs conseils que je n'aie jamais reçus.

PERSONNALITÉS

Il est inévitable que vous ne vous entendrez pas toujours avec tout le monde dans votre paroisse. Ainsi en est-il de la nature humaine. Mais ce n'est pas une raison pour vous en aller, claquant la porte, et ne restant pas Orthodoxe. Peut-être passez-vous trop de temps à l'église en dehors des Offices? Oui, nous prenons une tasse de café ou de thé après l'Office, mais vous n'êtes pas obligé de rester. Certains des meilleurs Orthodoxes ne restent pas! Peut-être que vos relations sont-elles trop proches avec les autres paroissiens? Est-ce que ces personnes-là ne sont pas dans la même situation? Si vous n'avez pas de centres d'intérêt communs, autres qu'avoir une Foi commune, pourquoi passer tant de temps avec eux? Passer trop de temps avec des gens avec qui vous avez si peu en commun en termes de caractère et de goûts est une bonne recette pour les conflits. Après tout, vous n'êtes pas marié avec eux.
Et il en est de même concernant votre relation avec le prêtre. Vous pouvez avoir quelque chose en commun en matière de personnalité. Mais peut-être pas. Peut-être ne le trouverez vous "pas assez monastique" ou peut-être le trouverez-vous trop "libéral" [laxiste, moderniste, ndt], ou peut-être tout simplement profondément ennuyeux. Bon, d'accord, mais aller à l'église n'a rien à voir avec une étroite amitié avec le prêtre et acheter les mêmes céréales pour petit-déjeuner que lui. Franchement, si vous savez ce qu'il mange au petit-déjeuner, alors vous le connaissez un peu trop bien.
Un autre domaine de conflits dans la vie paroissiale ce sont les assemblées et conseils paroissiaux. Dans la plupart des paroisses Orthodoxes, ils ont lieu une fois par an, après la Liturgie dominicale, durant le Grand Carême. Et cependant, j'ai entendu de certains groupes de convertis qu'ils se réunissent sans cesse, une fois par mois voire plus, discutant toujours des mêmes vieux trucs. C'est quelque chose qui vient de l'Anglicanisme, pas d'une pratique Orthodoxe. Franchement, cette sorte de vie est "presqu'incestueuse", beaucoup trop de proximité pour être à l'aise. La discussion de détails pointilleux n'est pas seulement ennuyeuse, mais c'est aussi une perte de temps. Pire encore, certains s'y impliquent de manière passionnée et s'attachent aux détails. Je me souviendrai toujours d'une personne, professeur d'Université, dans une réunion paroissiale il y a quelque 25 ans d'ici, qui déclara que si on repeignait le plafond de l'église en bleu, il n'y remettrait plus jamais les pieds.
En fait, il ne l'a pas fait. Il est mort peu après.

CONCLUSIONS

Que retiendrez-vous de cet exposé? J'espère les points suivants :
Nous rentrons dans l'Eglise et nous restons dans l'Eglise afin de sauver nos âmes, et rien d'autre. L'Eglise n'est pas un loisir, un jeu, un intérêt privé, un prétexte, ou même une communauté. C'est le Salut de nos âmes. Nous y réussissons en étant d'abord nous-mêmes et ensuite en étant le meilleur de nous-mêmes. S'il y a quoique ce soit d'autre, tout cela est secondaire. Nous ne devons jamais perdre cela de vue. Si nous le faisons, alors nous nous trompons et nous sommes sur la voie pour quitter l'Eglise.
Afin de sauver nos âmes, nous devons d'abord nous connaître nous-mêmes, recherchant et découvrant nos propres fautes, péchés et défauts. Ensuite, nous devons les prendre à bras le corps et les combattre, mais progressivement et en douceur, et commencer à les dompter, et ne jamais laisser tomber ce combat. Nous saurons que nous ne sommes pas occupés à cela à chaque fois que nous commencerons à nous occuper des fautes des autres. Si notre fierté personnelle est blessée au cours de la vie ecclésiale, Dieu merci. C'est pour ça que nous y sommes, pour devenir humble.

Je vous remercie pour votre attention.

Prêtre Andrew Phillips

Source:



ST MATERNE

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Colère et pardon

Mieux vaut être tenté souvent par la colère et se hâter de demander pardon à celui que l'on reconnaît avoir offensé, que d'être plus lent à s'irriter et se laisser plus difficilement amener à demander pardon.
Aussi, gardez-vous des paroles dures; s'il s'en échappe de votre bouche, ne tardez pas à tirer le remède de cette même bouche qui a provoqué la blessure.

—Règle de Saint augustin

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Orthodoxie à la Réunion

Communauté orthodoxe à l’île de la Réunion, Afrique

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Sans la résurrection, pas de christianisme

Saint Justin Popovitch

Les gens ont condamné  Dieu à mort ; par Sa résurrection, Il les a condamnés à l'immortalité. Pour L'avoir frappé, Dieu les a étreint en retour ; pour les insultes, [Il a donné en retour] des bénédictions, pour la mort, l'immortalité.

Jamais les hommes n'ont montré plus de haine envers Dieu que quand ils L'ont crucifié ; et Dieu n'a jamais montré Son amour envers les gens plus que quand Il est ressuscité. L'humanité a voulu faire que Dieu soit mort, mais Dieu, par Sa résurrection, a rendu les gens vivants ; le Dieu crucifié est ressuscité le troisième jour et ainsi Il a tué la mort!  Il n'y a pas plus de mort. L'immortalité entoure l'homme et le monde entier.

Par la résurrection de l'Homme-Dieu, la nature de l'homme est irréversiblement dirigée vers la route de l'immortalité, et la nature de l'homme devient destructive de la mort elle-même. Car jusqu'à la résurrection du Christ, la mort était destructrice pour l'homme ; depuis la résurrection du Christ, la nature de l'homme devient destructive dans la mort.

Si l'homme vit dans la foi en l'Homme-Dieu ressuscité, il vit au-dessus de la mort, il est inaccessible pour elle ; la mort est sous les pieds de l'homme. Mort, où est ton aiguillon? Enfer, où est ta victoire? Et quand un homme qui croit en Christ meurt, il ne laisse que son corps comme ses vêtements, dans lequel il sera habillé de nouveau au jour du Jugement Dernier.

Avant la résurrection de l'Homme-Dieu, la mort était la seconde nature de l'homme ; la vie était la première et la mort seconde. L'homme s'est habitué à la mort comme à quelque chose de naturel. Mais après sa résurrection, le Seigneur a tout changé, et il était naturel, jusqu'à la résurrection du Christ, que les gens deviennent mortels, donc après la résurrection du Christ, il était naturel que les gens soient devenus immortels.

Par le péché, l'homme devient mortel et temporel ; par la résurrection de l'Homme-Dieu, il devient immortel et éternel. C'est là que réside la force, en cela que réside le pouvoir, en cela que réside la puissance de la résurrection du Christ.

Sans la résurrection, il n'y a pas de christianisme. De tous les miracles, c'est le plus grand ; tous les autres miracles commencent et finissent avec lui. De là a germé la foi et l'amour et l'espoir et la prière et l'amour envers Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Dr. Justin Popovic
Condemned to Immortality
A meditation on the Resurrection
Publié par + JFV 

Source:


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Car la mort peut venir demain

Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église

Sermon 150

Les Épicuriens, qui n'espèrent aucune autre vie au-delà du tombeau, qui ne connaissent que les jouissances de la chair, tiennent ce langage : «Mangeons et buvons, car nous mourrons demain» (1Co 15,32)... Mais les chrétiens, pour qui une autre vie, et une vie plus heureuse, doit commencer après la mort, doivent bien se garder de dire cela. Rappelez-vous, effectivement, cette vérité : «Nous mourrons demain», mais ajoutez: «Jeûnons et prions, car la mort peut venir demain».

Mais j'exige encore autre chose, une troisième condition, je ne veux pas passer sous silence ce qu'il faut observer par-dessus tout : que votre jeûne serve à rassasier la faim du pauvre. Si vous ne pouvez pas jeûner, appliquez-vous d'autant plus à nourrir celui dont la faim apaisée vous obtiendra votre pardon. Voici donc ce que les chrétiens doivent dirent: «Jeûnons, prions, donnons aux pauvres, car nous mourrons demain».

Source:


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Sur la prière

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Dieu est très riche! Et Il nous attend! ... Il attend que nous demandions!

Où que vous soyez, et chaque fois que vous êtes tentés, priez et ne vous découragez pas!

Toute personne qui veut acquérir le don de la prière doit se taire et prier.

Nous parlons beaucoup de la prière. C'est la seule chose qui ne peut être discutée, mais qui doit être pratiquée.

Un profond silence est une prière profonde. Et une prière profonde est comme un profond silence.

Chaque instant est un moment [dans l'éternité] et chaque soupir peut devenir une prière.

Nous ne devons pas cesser de prier, même avec l'esprit.

Si vous priez, vous êtes toujours présents à vous-mêmes.

Source:


ORTHODOXOLOGIE

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De la Prière

Saint Silouane L’Athonite (+1936)

Celui qui aime le Seigneur se souvient toujours de lui, et le souvenir de Dieu fait naître la prière. Si tu ne te souviens pas du Seigneur, tu ne prieras pas non plus. Sans prière, l’âme ne demeurera pas dans l’amour de Dieu, car c’est par la prière que vient la grâce du Saint Esprit. Par la prière, l’homme se garde du péché, car l’esprit en état de prière est absorbé par Dieu. Avec humilité, il se tient devant la Face du Seigneur que son âme connaît. […]

Dieu donne la prière à celui qui prie ; mais la prière que nous accomplissons uniquement par habitude, sans avoir le cœur brisé à cause de nos péchés, n’est pas accueillie par le Seigneur.

J’interromps pour un instant mes propos sur la prière.

Mon âme languit après le Seigneur ; je le cherche avec ardeur et mon âme ne supporte pas de penser à autre chose.

Mon âme languit après le Seigneur vivant, et mon esprit s’élance vers lui comme vers son propre Père céleste. Le Seigneur nous unit à lui par l’Esprit Saint. Le Seigneur est doux à mon cœur, – il est notre joie, notre allégresse et le roc de notre espérance.

Seigneur, dans ta miséricorde viens à la recherche de ta créature, et montre-toi aux hommes par le Saint-Esprit, comme tu te révèles à tes serviteurs.

Réjouis, Seigneur, par la venue de ton Esprit Saint, toute âme affligée. Fais, Seigneur, que tous les hommes qui te prient connaissent le Saint-Esprit.

Nous, tous les hommes, humilions-nous par amour du Seigneur et pour le Royaume des Cieux. Humilions-nous, et le Seigneur nous fera connaître la force de la « prière de Jésus «. Humilions-nous, et l’Esprit divin lui-même instruira notre âme.

Demande conseil à des hommes expérimentés, si tu en trouves, et interroge humblement le Seigneur ; à cause de ton humilité, le Seigneur te donnera l’intelligence.

Lorsque notre prière est reçue par le Seigneur, l’Esprit divin en témoigne dans l’âme ; Il est doux et paisible ; mais autrefois je ne savais pas si le Seigneur avait accepté ou non ma prière, et à quel signe on peut le reconnaître.

Ô homme ! Apprends l’humilité du Christ, et le Seigneur te donnera de goûter la douceur de la prière. Si tu cherches la prière pure, sois humble, sois sobre, confesse-toi sincèrement, et la prière t’aimera. Sois obéissant, soumets-toi de bon cœur aux autorités, sois content de tout, et alors ton esprit se purifiera des vaines pensées. Souviens-toi que le Seigneur te voit et sois dans la crainte de blesser ton frère ; ne le juge pas, ne le peine pas, même par l’expression de ton visage, – et alors le Saint-Esprit t’aimera et t’aidera en tout.

Le Saint-Esprit ressemble à une mère pleine de tendresse. Comme une mère aime son enfant et le protège, ainsi le Saint-Esprit nous protège, nous pardonne, nous guérit, nous instruit, nous réjouit ; l’Esprit Saint est connu dans la prière accomplie avec humilité.

Celui qui aime ses ennemis connaîtra sans tarder le Seigneur par l’Esprit Saint ; celui, par contre, qui ne les aime pas, je ne veux même pas écrire à son sujet. Mais je le plains, car il se tourmente lui-même, fait souffrir les autres, et ne connaîtra pas le Seigneur.

L’âme qui aime le Seigneur ne peut pas ne pas prier, car elle est attirée vers lui par la grâce qu’elle a connue dans la prière.

Les églises nous sont données pour la prière ; dans les églises, on célèbre les offices selon les livres liturgiques ; mais tu ne peux pas emporter l’église avec toi et tu n’as pas toujours de livres, tandis que la prière intérieure est toujours et partout avec toi. Dans les églises, on célèbre les services divins, et le Saint-Esprit est présent ; mais la meilleure église de Dieu, c’est l’âme. Pour celui qui prie en son âme, le. monde entier devient un temple ; mais cela n’est pas donné à tous.

Bien des hommes prient des lèvres et aiment prier à l’aide de livres de prière. Cela est bien ; le Seigneur accueille leur prière et répand sur eux sa grâce. Mais si l’on prie en pensant à autre chose, le Seigneur n’écoutera pas une telle prière.

celui qui prie par habitude n’éprouve pas de changements dans sa prière, mais celui qui prie de tout son cœur connaît bien des épreuves dans la prière : il se trouve en lutte avec l’Ennemi, en lutte avec lui-même, avec ses passions, en lutte avec les hommes ; et en tout cela, il s’agit d’être vaillant.

Les souffrances et les dangers ont appris à beaucoup d’hommes à prier.

Un jour, un soldat vint me trouver dans le magasin de vivres [saint Silouane était « économe » du monastère de Saint-Pantéléïmon, responsable des aspects matériels du monastère] ; il se rendait à Salonique. Mon âme le prit en affection, et je lui dis : « Prie le Seigneur, et tes peines seront allégées. » Il me répondit : « Je sais prier. Je l’ai appris à la guerre, lorsque j’étais dans les batailles. Je suppliais le Seigneur de me garder en vie. Les balles pleuvaient, les obus éclataient, et peu d’hommes survécurent ; je pris part à de nombreux combats, mais le Seigneur m’a gardé. » Tout en parlant, il me montra comment il priait, et d’après l’attitude de son corps on pouvait voir qu’il était entièrement plongé en Dieu.

Beaucoup d’hommes aiment lire de bons livres, et c’est bien ; mais prier est mieux que tout. celui, par contre, qui lit de mauvais livres ou des journaux, est frappé de la faim de l’âme. Son âme est affamée, parce que la nourriture de l’âme et ses délices sont en Dieu. En Dieu se trouve sa vie et sa joie.

Si tu veux prier, l’esprit uni au cœur, et si tu n’y parviens pas, dis la prière avec les lèvres et fixe ton esprit sur les mots de la prière, comme il est dit dans l’Échelle [de saint Jean Climaque]. Avec le temps, le Seigneur te donnera la « prière du cœur «, sans distraction, et tu prieras avec facilité. Certains, dans l’œuvre de la prière, ayant forcé leur intelligence à descendre dans leur cœur, l’ont abîmé à tel point qu’ils ne pouvaient même plus prononcer la prière avec les lèvres. Mais, toi, connais la loi de la vie spirituelle : les dons ne sont accordés qu’à l’âme simple, humble et obéissante. À celui qui est obéissant et retenu en tout – en nourriture, en paroles et en mouvements – le Seigneur donnera la prière, et elle s’accomplira avec facilité dans son cœur.

La prière incessante procède de l’amour, mais on la perd par les jugements, les vaines paroles et l’intempérance. celui qui aime Dieu peut penser à lui jour et nuit, car aucune occupation ne peut empêcher d’aimer Dieu. Les Apôtres aimaient le Seigneur sans que le monde ne les dérange, et cependant ils se souvenaient du monde, ils priaient pour lui et ils s’adonnaient à la prédication. Pourtant il fut dit à saint Arsène : « Fuis les hommes « ; mais l’Esprit divin nous enseigne, même dans le désert, à prier pour les hommes et pour le monde entier.

Dans ce monde, chacun a sa tâche : l’un est roi, l’autre est patriarche, un autre cuisinier, forgeron ou instituteur, mais le Seigneur aime tous les hommes, et celui qui est pris par un plus grand amour de Dieu recevra aussi une plus grande récompense. Le Seigneur nous a donné le commandement d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre intelligence et de toute notre âme. Mais comment peut-on aimer sans prier ? C’est pourquoi l’intelligence et le cœur de l’homme doivent toujours être libres pour la prière.

On désire penser à celui que l’on aime, parler de lui, être avec lui. L’âme aime le Seigneur comme son Père et son Créateur, et se tient devant lui dans la crainte et dans l’amour : dans la crainte, parce qu’il est le Seigneur ; dans l’amour, parce que l’âme reconnaît en lui son Père. Il est miséricordieux, et sa grâce est plus douce que tout.

Moi aussi, j’ai reconnu qu’il est facile de prier, car la grâce de Dieu nous aide. Le Seigneur nous aime et nous donne de nous entretenir avec lui dans la prière. Les forces me manquent pour décrire combien le Seigneur nous aime. Par le Saint-Esprit, on connaît cet amour, et l’âme de celui qui prie connaît le Saint-Esprit.

Certains disent que la prière fait tomber dans l’illusion spirituelle ; c’est une erreur. L’illusion provient d’une présomptueuse confiance en soi et non de la prière. Tous les saints ont beaucoup prié et appellent les autres hommes à la prière. La prière est la meilleure activité pour l’âme. Par la prière, on parvient à Dieu ; par elle, on demande l’humilité, la patience et tout autre bien. celui qui parle contre la prière n’a manifestement jamais goûté combien le Seigneur est bon. Aucun mal ne vient de Dieu. Tous les saints ont prié sans cesse ; ils ne restaient pas un instant sans prière.

L’âme, en perdant l’humilité, perd en même temps la grâce et l’amour envers Dieu, et alors la prière ardente s’éteint ; mais lorsque les passions s’apaisent dans l’âme, et que celle-ci acquiert l’humilité, le Seigneur lui donne sa grâce. Alors, elle prie pour ses ennemis comme pour elle-même, et c’est pour le monde entier qu’elle prie avec des armes brûlantes.

Extrait de : Archimandrite Sophrony, Starets Silouane,
Moine du Mont Athos 1866-1938, Présence, 1973.



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Vivre la Divine Liturgie

Protopresbytre Stéphane Anagnostopoulos

http://patir-e-raim0.webnode.gr/news/protopresbytre-stephane-anagnostopoulos-vivre-la-divine-liturgie-la-divine-liturgie-orthodoxe-interpretee-et-commentee-selon-la-tradition-et-les-experiences-de-nombreux-pretres-moines-et-laics-orthodoxes1/

La divine liturgie orthodoxe interprétée etcommentée selon la Tradition et

les expériences denombreux prêtres, moines et laïcs orthodoxes

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Sur l'humilité

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

L'homme humble ne se reconnaît jamsi lui-même en tant que tel... car il ne serait pas humble!

L'humilité est la seule puissance qui peut libérer l'âme humaine et les nations.

Il y a une seule voie à suivre: l'humilité!

Le Christ était humble, alors qui sommes-nous pour ne pas l'être ...?

Voulez-vous vaincre le mal: Humiliez-vous et ne jugez pas. Ensuite, vous serez libre.

L'humilité vous mène à Dieu, mais l'amour goûte Dieu!

Humiliez-vous pour que la Grâce abonde en vous.

L'humilité est le sang de la vie. On ne peut pas être sauvé sans elle.

L'homme ne peut jamais dire "Je suis humble!"

L'humilité est l'art de descendre en vous-même et d'y rester.

Parfois, la Grâce vous abandonne, afin que vous puissiez vous humilier devant Dieu!

Source:


ORTHODOXOLOGIE

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Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011) et les animaux

«Je ne pense pas que j’ai omis de demander à quiconque en confession s’il ou si elle avait torturé ou tué des animaux» racontait-il.

Un jour, il pleuvait et un chat avec quatre chatons vint près de ma cellule. N’ayant nul endroit où s’abriter, le chat vint auu puits près de ma cellule, et resta là à miauler sous la pluie.

Durant la nuit, je réfléchis. » comment se fait-il que je demande à tous en confession s’ils ont torturé des animaux, et je vais laisser ce chat sous la pluie?!»

Et je suis allé, dans l’obscurité, et sous la pluie, et j’ai trouvé le chat, mais seulement trois chatons, le quatrième manquait. Pouvez-vous imaginer cela?… Le jour suivant, je me suis retrouvé avec le chat dans le sanctuaire: il était venu me remercier!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après
St Herman of Alaska’s 
Eternity in the Moment
reprenant
Între timp și veșnicie: Viata Părintelui Arsenie Papacioc
Bucharest 2015

Source:


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Sur le salut

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Dieu fait plus pour notre salut que Satan pour notre destruction.

Hors de l'Eglise, point de salut! L'enfer existe uniquement en dehors de l'Eglise.

Celui qui peut faire le bien, mais ne le fait pas, commet le péché.

Seul le Diable ne peut pas être sauvé.

Sans la Grâce de Dieu, il est impossible d'être sauvé seulement par ses actions, peu importe à quel point vous pouvez être un grand ascète.

C'est la Croix qui a sauvé l'humanité! Pas la justice de Dieu ou de Ses miracles, mais Sa croix! Quand Jésus a été crucifié, Satan a été vaincu.

Je ne vois pas comment le jeûne seul peut nous donner l'espoir du salut. L'humilité profondément enracinée dans nos cœurs et être libre de tout ressentiment, voilà notre espoir de salut.

Ce que nous demandons d'abord, c'est la volonté de surmonter les tentations. Et en priant Dieu, Sa Grâce ne nous abandonnera pas.

Le ciel est plein de pécheurs repentants.

Nous devons lutter pour que le monde soit sauvé, avec tout ce que nous avons, de sorte que chaque jour, nous puissions atteindre l'éternité. Voilà notre idéal.

Notre Sauveur n'a pas été crucifié seulement pour une "catégorie" de péchés, mais pour tout ce qui signifie le péché sur la terre. Et Il a donné à chacun la force d'éviter l'enfer, mais Il est descendu aux enfers. Et ceux [qui sont] en enfer Il les aime aussi. Mais ils sont fouettés par Son amour, par Sa justice. Et qu'est-ce que le Christ n'a pas fait pour nous sauver de l'enfer?

La peur de la mort n'est pas causée par la mort, mais par la vie. Si vous voulez ne pas craindre la mort, vivez comme un chrétien! Seuls ceux qui ne vivent pas en Christ, ont peur de la mort!

L'homme, dans son orgueil et sa souffrance insensés, veut tout le ciel en un instant!

Il n'y a pas de sens ou de but, s'il n'y a pas de Dieu.

Nous aussi nous pouvons vaincre le monde, pas par notre puissance, mais par la Sienne.

Rien n'est perdu aussi longtemps que notre foi est vivante!

La vie est trop précieuse pour être dépensée dans la vanité.

Source:


ORTHODOXOLOGIE

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Sur le mariage et la famille

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Quand nous disons pendant les prières du saint sacrement du mariage que la femme doit être soumise à son mari, le mari doit également tenir compte qu'il lui est dit dans la même prière qu'il doit l'aimer [comme le Christ aime l'Eglise/ Ephésiens 5:25]. S'il ne l'aime pas, elle ne lui obéira pas. L'homme, en n'écoutant pas cette parole, devient responsable de l'entêtement de la femme. La femme doit également ne pas oublier que cette obéissance est le chemin du salut. Et si l'homme est le chef [de la famille], alors la femme en est le cœur, et ce cœur est fait par Dieu afin qu'Il puisse trouver le repos en elle!

Rien de mieux qu'une femme bonne et rien n'est pire qu'une femme déchue. Alors, époux, vous devez œuvrer de tout votre pouvoir pour la transfigurer.

L'amour joint tout dans un couple. C'est là le symbolisme de l'anneau de mariage.

Un mariage fait seulement le plaisir n'a pas de sens. Le mariage signifie atteindre ensemble l'éternité.

C'est la femme mariée qui donne naissance, élève et éduque un enfant.

Nous ne pouvons en aucune façon accepter qu'une femme ait un avortement… C'est une affaire grave, car elle va tuer une personne non-baptisée. Nous devons toujours nous demander ce que le Christ aurait fait dans ce cas?

La famille reste le meilleur instructeur.

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ORTHODOXOLOGIE

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Sur la vie monastique

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

L'entrée dans un monastère est une entrée dans le Ciel, et quitter le monastère, c'est quitter le paradis.

Aucune école ne peut se comparer à la formation monastique!

Dans le monastère, on est séparé de sa personnalité humaine pour entrer dans le règne angélique. Cela signifie que par la perte de soi-même, on est éveillé.

Si l'on veut embrasser la vie monastique, on ne peut pas le faire pour l'amour du monastère; mais on doit devenir "le monastère!"

Il n'y a pas de Grâce sans bénédiction de l'higoumène... si j'ai une joie à mon âge [94 ans], c'est parce que je ne fais rien sans bénédiction.

Ce que Satan hait le plus, ce sont les monastères. Il est capable d'engager le monde entier contre vous, pour que vous n'entriez pas au monastère. Lorsque vous décidez d'y aller, ne regardez pas en arrière!

On ne peut pas entrer au monastère pour toute autre raison que le spirituel... Alors, seulement après que vous soyez morts à vous-même, venez au monastère.

Ce n'est pas une chose petite ou insignifiante que de vivre dans un monastère, confiant dans votre but et sans murmurer.

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ORTHODOXOLOGIE

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Sur la Charité / la miséricorde

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Avec Dieu, il n'y a pas de mauvais passé là où il y a maintenant un bon présent.

Quand Dieu vous pardonne, cela signifie qu'Il vous pardonne pour l'éternité.

Dieu ne nous garde pas parce que nous sommes dignes, mais parce qu'Il est très miséricordieux.

Mes frères, n'ignorez pas la main qui mendie, ou celle qui offre de l'aide.

La charité, ce n'est pas seulement de donner quelque chose. Cela signifie accepter l'homme assis à côté de vous, sans le jeter hors de votre esprit.

En ayant pitié des autres, nous montrons notre ressemblance au Christ.

Le mendiant tend la main non pas pour demander, mais pour vous donner le royaume des cieux, et vous ne le remarquez pas!

Rappelons-nous, mes frères: les mendiants sont des personnages bibliques!

Voulez-vous devenir riche? Donnez tout ce que vous avez! Et vous recevrez le centuple!

L'homme ne compte pas beaucoup quand il reçoit, mais il se souvient quand il donne.

Apprenez à vivre non seulement pour vous-même, mais à vivre pour tous ceux qui sont avec vous.

La miséricorde de Dieu ne supprime pas l'enfer [le jugement dernier].

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ORTHODOXOLOGIE

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Sur la sagesse du monde

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Il est difficile pour un intellectuel de vivre une vie de prière.

Dieu ne se révèle pas à l'esprit vif, mais au cœur humble et pur qui est constamment ouvert à Lui.

Les philosophes ont seulement créé quelques notions, mais ils ne résolvent aucun problème.

L'intelligence et de l'éducation n'ont aucune valeur si elles ne sont pas au service de l'amour.

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https://orthodoxologie.blogspot.com/2002/01/staretz-arsenie-arsene-papacioc.html

ORTHODOXOLOGIE

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Sur l'Église


Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Le salut existe seulement dans le Christ et en Son Eglise orthodoxe.

Si vous êtes orthodoxe, vous devez tenir fermement à ses enseignements, sinon vous allez tomber dans l'hérésie.

Nous ne pouvons pas même renoncer à un iota de la vérité orthodoxe. Ceci est une grande question qui concerne Dieu. Il en fut ainsi avec la chute du catholicisme romain! 

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ORTHODOXOLOGIE

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À propos de Satan

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

Pour le Diable, nous ne devons pas donner d'explications!

Nous ne pouvons pas parler du Diable, sans parler de Dieu. Dans la création, de Dieu le Diable est toléré.

Croyez-vous que le Diable soit libre? Non! Il est le plus lié, car il n'est pas en Christ... Alors n'ayez pas peur de lui. Il est toléré, ce n'est pas une puissance.

C'est une grande erreur que d'entrer en conversation avec le Diable. Nous ne devons parler qu'avec Dieu.

Si vous voulez le chasser, dites: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi", et parlez à Dieu. La puissance de Son Nom vous débarrassera de lui. Cela sied au Diable que d'entrer en dialogue, car cela signifie que vous le reconnaissez. Ainsi, par la prière, nous l'ignorerons.

Si nous examinons tout d'abord la question de l'enfer, alors nous ignorons le Ciel!

Marcher sur un chemin qui est faux- le péché signifie l'enfer.

L'orgueil est un état diabolique, un état absolument diabolique.

Aucune autre passion ne rapproche l'homme de la ressemblance au Diable que ne le fait l'orgueil.

Si vous n'écoutez pas ceux que Dieu a désignés pour vous, il est facile de comprendre que vous préfériez obéir à Satan.

Lucifer a chuté désespérément. La plus grande chute, et avec seulement deux mots: "je suis..."

Indirectement, le Diable confesse Dieu à travers les tentations.

Il n'y a aucune relation entre le bien et le mal. Notre Sauveur dit: "Donnez-moi tout votre cœur!" Mais le Diable dit: "Je n'ai besoin que d'un de vos doigts." Mais par lui, bientôt il va prendre tout votre être. Vous tout entier.

Le péché amène l'humilité. Donc, il est entendu que le Diable joue un "rôle" indirect dans notre salut, car il révèle nos infirmités, et en cela, il nous aide à grandir. S'il se rendrait compte quelle aide il est pour notre salut, il nous troublerait moins...

Quelle que soit la raison de votre affliction, elle vient seulement des démons. La Grâce de Dieu ne vient pas là où il y a le chagrin ou la tristesse, parce que vous ne sauriez pas quoi faire avec elle, et vous la gaspilleriez.

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Le monachisme

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

La vie monastique ne peut être définie par aucune citation.

Aucun terme philosophique peut expliquer le monachisme.

La vie monastique est ... une entrée au paradis.

Ce n'est pas une petite chose que de servir le Christ et Sa Mère Très Pure toute sa vie!

Si nous nous donnons à Dieu, Il ne nous abandonnera pas!

Les moines ne sont pas parfaits, mais ils sont en chemin pour essayer de l'être.

La croix du moine est de couper sa volonté propre, de renoncer à ce qu'il aime, pour réaliser ce qui n'est pas commode.

La vie [commune] cénobitique de renoncer à sa volonté est une œuvre excellente dans la création de Dieu.

Couper sa volonté doit être l'objectif principal du moine, et non la solitude où il peut faire ce qu'il veut, et non pour recevoir une récompense. Si on esquive l'obéissance, on est égaré, et on ne peut pas se développer.

Si vous ne respectez pas votre père spirituel [staretz] vous serez asservis!

L'état de désobéissance est diabolique.

Où que vous soyez, restez vigilants alors vous vivrez comme dans le désert... Vous avez besoin de savoir comment vivre comme un ermite, alors que [physiquement] vous êtes au milieu du monde!

Nous ne pouvons pas parler de l'hésychasme en ayant des gâteaux sur sa table.

Il n'y a pas ermitage si on ne porte pas la douleur de [tout] le monde dans son cœur!

Renoncer au monde peut également avoir lieu dans l'âme du laïc. La Sainte Écriture s'applique à tout le monde. Tout le monde a reçu les Commandements.

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ORTHODOXOLOGIE

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Souffrance, mort et résurrection

Saint Ignace Briantchaninov

Deux disciples bien-aimés du Seigneur Lui demandèrent des trônes de gloire – Il leur donna sa Coupe (Matthieu 20, 23). La Coupe du Christ, c’est la souffrance.
La Coupe du Christ permet à ceux qui y communient de participer sur terre au règne béni du Christ, et leur prépare dans les Cieux les trônes de la gloire éternelle.
Tous, nous sommes sans réplique devant la Coupe du Christ ; personne ne peut s’en plaindre ou la refuser, car Celui qui nous commanda d’y goûter l’a bue Lui-même le premier.
Ô arbre de la connaissance du bien et du mal ! Au Paradis tu as tué nos premiers parents ; tu les as leurrés par le charme des jouissances sensuelles et par les illusions de la sagesse. Rédempteur des hommes déchus, le Christ apporta sur terre sa Coupe de salut à ceux qui étaient tombés et avaient été exilés du Paradis. L’amertume de cette Coupe purifie le cœur de la coupable, de la funeste jouissance du péché ; l’humilité qui découle d’elle – de cette Coupe – détruit l’orgueilleuse sagesse de la chair. Celui qui la boit avec foi et patience, reçoit de nouveau la vie éternelle qui nous fut enlevée – et elle l’est encore – parce que nous avons mangé du fruit défendu.
Je prendrai la Coupe du Christ, la coupe du salut (Psaume 115,4). Un chrétien prend cette Coupe lorsqu’il supporte les afflictions terrestres avec l’humilité puisée dans l’Évangile.
Saint Pierre se précipita avec une épée nue au secours du Dieu-homme entouré de malfaiteurs, mais le très doux Seigneur dit à Pierre : Rentre le glaive dans le fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? (Jean 18,11). Toi aussi, lorsque les tribulations t’assailliront, dis-toi pour consoler et fortifier ton âme : " La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? "
Elle est amère, cette Coupe ! Au premier regard jeté sur elle, tous les raisonnements humains s’effondrent. Remplace les raisonnements par la foi, et bois courageusement cette Coupe d’amertume : c’est le Père qui, dans sa bonté et sa sagesse, te la donne. Ce ne sont ni les Pharisiens, ni Caïphe, ni Judas qui l’ont préparée, et ce n’est pas Pilate et ses soldats qui la donnent ! " La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? "
Les Pharisiens trament de noirs desseins ; Judas trahit ; Pilate ordonne le meurtre inique, et ce sont les soldats du gouverneur qui l’exécutent. Tous, ils se sont préparés une perte assurée par leurs méfaits ; quant à toi, ne te prépare pas une perdition tout aussi assurée par ta rancune, par ton désir et tes rêves de vengeance, par ton indignation contre tes ennemis.
Le Père céleste est tout-puissant et omniscient. Il voit ton affliction, et s’Il trouvait qu’il est nécessaire et utile de la détourner de toi, Il le ferait assurément. L’Écriture et l’histoire de l’Église témoignent que le Seigneur a dans de nombreux cas permis que des afflictions frappent ceux qu’il aime ; et dans de nombreux cas, Il les a écartées d’eux, en accord avec ses insondables jugements.
Lorsque la Coupe paraîtra devant toi, ne regarde pas les hommes qui te la présentent ; élève ton regard vers le Ciel et dis : " La coupe que m’a donnée le Père, ne la boirai-je pas ? "
" Je prendrai la coupe du salut. " Je ne peux pas repousser cette Coupe, gage des biens célestes, éternels. L’apôtre du Christ m’enseigne la patience lorsqu’il dit : Il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu (Actes 14,22). Comment rejetterais-je la Coupe, moyen pour parvenir à ce Royaume et le faire croître en moi ? Je prendrai la Coupe, elle est un don de Dieu.
La Coupe du Christ est un don de Dieu. Il vous a été donné, écrit le grand apôtre Paul aux Philippiens, non pas seulement de croire au Christ, mais encore de souffrir pour Lui (Philippiens 1,29).
Tu reçois la Coupe apparemment de la main des hommes. Que t’importe que ces hommes agissent avec justice ou au contraire injustement ? Ton affaire à toi, c’est d’agir avec justice, conformément au devoir d’un disciple de Jésus : prendre la Coupe avec reconnaissance pour Dieu, avec une foi vivante, et la boire courageusement, jusqu’au bout.
Lorsque tu reçois la Coupe de la main des hommes, souviens-toi qu’elle est la Coupe non seulement de l’Innocent, mais encore du Très-Saint. Te souvenant de cela, répète à ton propre sujet et au sujet des autres pécheurs qui souffrent comme toi les paroles que le bienheureux et sage larron prononça lorsqu’il fut crucifié à la droite du Dieu-homme en Croix : Pour nous c’est justice, nous payons nos actes [...] Souviens-toi de moi, Seigneur, lorsque tu viendras dans ton Royaume (Luc 23,41-42).
Ensuite, tourne-toi vers les hommes et dis-leur : " Bienheureux êtes-vous, vous qui êtes les instruments de la justice et de la miséricorde divines, oui, bienheureux dès maintenant et à jamais. " Toutefois, s’ils ne sont pas en état de comprendre et d’accepter tes paroles, ne jette pas les perles précieuses de l’humilité sous les pieds de ceux qui ne peuvent les apprécier, et dis ces paroles uniquement en pensée et dans ton cœur. Ainsi seulement tu accompliras le commandement de l’Évangile qui dit : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous persécutent (Matthieu 5,44).
Prie le Seigneur pour ceux qui t’ont offensé et outragé ; demande-Lui que ce qu’ils t’ont fait leur soit rendu en récompenses temporelles et éternelles, et qu’au jugement du Christ cela leur soit compté comme un bienfait. Même si ton cœur ne veut pas agir ainsi, contrains-le : seuls, en effet, ceux qui font violence à leur cœur pour accomplir les commandements de l’Évangile peuvent hériter le Ciel (cf. Matthieu 11,12).
Si tu n’as pas la volonté d’agir de la sorte, c’est que tu ne veux pas vraiment être disciple du Seigneur Jésus-Christ. Rentre attentivement en toi-même et examine-toi : n’aurais-tu pas trouvé un autre maître, ne te serais-tu pas soumis à lui ? Or le maître de la haine, c’est le diable. C’est une terrible transgression que d’offenser ou de persécuter son prochain : le crime le plus terrible, c’est de commettre un meurtre. Mais celui qui hait son persécuteur, son calomniateur, son délateur, son assassin, et qui nourrit en lui de la rancune contre eux et se venge d’eux commet un péché très proche du leur. C’est en vain qu’il se présente à lui-même et aux autres comme un juste. Quiconque hait son frère est un homicide (1 Jean 3,15), proclame le disciple bien-aimé du Christ.
Une foi vivante dans le Christ enseigne à recevoir la Coupe du Christ ; or, la Coupe du Christ inspire de l’espérance dans le cœur de ceux qui y communient, et l’espérance dans le Christ donne au cœur force et consolation.
Quel tourment – quel infernal tourment – que de se plaindre, de murmurer contre la Coupe prédestinée d’En-Haut ! Le murmure, l’impatience, la pusillanimité, et singulièrement le désespoir, sont des péchés devant Dieu, – ils sont les horribles rejetons de l’incrédulité pécheresse. C’est un péché que de murmurer contre son prochain quand il est l’instrument de nos souffrances mais c’est un péché plus grand encore, quand la Coupe descend vers nous directement du Ciel, de la droite de Dieu.
Celui qui boit la Coupe en rendant grâces à Dieu et en bénissant son prochain est parvenu au repos sacré, à la bienheureuse paix du Christ : maintenant déjà, il jouit du paradis spirituel de Dieu.
Les souffrances temporelles ne signifient rien en elles-mêmes : nous leur attribuons de l’importance à cause de notre attachement à la terre et à tout ce qui est corruptible, et en raison de notre indifférence pour le Christ et l’éternité.
Tu es prêt à supporter l’amertume et le goût désagréable des médicaments ; tu supportes la douloureuse amputation et cautérisation de tes membres ; tu supportes les tourments prolongés de la faim, la longue réclusion dans ta chambre ; tu supportes tout cela afin de restaurer la santé perdue de ton corps qui, une fois guéri, redeviendra sans aucun doute malade, et va assurément mourir et se décomposer. Supporte donc l’amertume de la Coupe du Christ qui procure la guérison et la béatitude éternelle à ton âme immortelle.
Si la Coupe te paraît insupportable, apportant la mort, cela te démasque : bien que tu te dises chrétien, tu n’appartiens pas au Christ. Pour ses vrais disciples, la Coupe du Christ est une coupe de joie. Ainsi, après avoir été battus avant de comparaître devant le conseil des Anciens d’Israël, les apôtres s’en allèrent du Sanhédrin, tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom du Seigneur Jésus (Actes 5,41).
Le juste Job reçut d’amères nouvelles. L’une après l’autre, elles vinrent frapper son cœur qui resta ferme. La dernière d’entre elles fut la plus terrible : tous ses fils et toutes ses filles avaient été subitement frappés d’une mort violente et cruelle. Dans sa grande affliction, le juste Job déchira ses vêtements et répandit des cendres sur sa tête. Puis, mû par l’humilité et la foi qui vivaient en lui, il se jeta à terre et adora le Seigneur en disant : Nu, je suis sorti du sein maternel, nu, j’y retournerai. Le Seigneur avait donné, le Seigneur a repris. Comme il a semblé bon au Seigneur, ainsi est-il arrivé : que le Nom du Seigneur soit béni (Job 1,21, selon la Septante).
Avec simplicité de cœur, confie-toi à Celui qui compte même le nombre des cheveux de ta tête (cf. Matthieu 10,30) : Il connaît quelle est la mesure de la Coupe salutaire qui doit t’être donnée.
Tourne souvent ton regard vers Jésus devant ses meurtriers comme devant les tondeurs un agneau muet, Il n’ouvrit pas la bouche (Isaïe 53,7 ; cf. Proscomédie de la Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome) ; Il fut livré à la mort comme une douce brebis menée à l’immolation (ibid.). Ne détourne pas les yeux de Lui, et tes souffrances se transformeront en une douceur céleste, spirituelle ; les blessures de ton cœur seront guéries par les plaies de Jésus.
Restez-en là, dit le Seigneur à ceux qui voulaient le défendre au Jardin de Gethsémani, et Il guérit l’oreille coupée de celui qui était venu L’arrêter (cf. Luc 22,51).
Penses-tu donc, répliqua le Seigneur à celui qui avait tenté de détourner de Lui la Coupe par l’épée, que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? (Matthieu 26,53).
À l’heure de la tribulation, ne cherche pas une aide humaine ; ne perds pas un temps précieux, n’épuise pas les forces de ton âme en recherchant cette aide impuissante. Attends l’aide qui vient de Dieu : à son commandement et en temps voulu, des hommes viendront et t’aideront.
Le Seigneur garda le silence devant Pilate et Hérode, Il ne prononça aucune parole pour se justifier. Toi, de même, imite ce saint et sage silence lorsque tu vois que tes ennemis te jugent avec l’intention de te condamner coûte que coûte, qu’ils jugent dans le seul but de dissimuler leurs mauvais desseins sous le couvert d’un jugement.
Que la Coupe vienne à toi précédée et annoncée par un progressif amoncellement de nuages, ou qu’au contraire elle te soit subitement apportée par une violente bourrasque, dis à Dieu : " Que ta volonté soit faite ".
Tu es un disciple, un fidèle et un serviteur de Jésus. Jésus a dit : Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et où je suis là aussi sera mon serviteur (Jean 12,26). Or, Jésus a passé sa vie terrestre dans les souffrances depuis sa naissance jusqu’à la tombe, il fut persécuté ; depuis le moment où Il fut emmailloté dans des langes et placé dans une crèche, la malice Lui prépara une mort violente. Ayant atteint son but, elle ne se tint pas pour satisfaite : elle s’efforça d’extirper Son souvenir même de la surface de la terre.
C’est par le chemin de souffrances temporelles que tous les élus du Seigneur sont, à sa suite, passés dans la bienheureuse éternité. Il ne nous est pas possible, à nous qui demeurons dans les jouissances charnelles, de demeurer en même temps dans un état spirituel. C’est pourquoi à ses bien-aimés le Seigneur offre continuellement sa Coupe ; par elle il les maintient dans leur mort pour le monde et entretient leur capacité de vivre de la vie de l’esprit. Saint Isaac le Syrien a dit " On reconnaît l’homme sur qui Dieu veille particulièrement : il lui envoie toujours des afflictions " (Œuvres spirituelles, Desclée de Brouwer, p. 75).
Prie Dieu d’écarter de toi toute infortune, toute tentation. Il ne faut pas se jeter témérairement dans l’abîme des tribulations : ce serait une orgueilleuse suffisance. Mais lorsque les afflictions viennent d’elles-mêmes, ne les crains pas, ne t’imagine pas qu’elles sont venues fortuitement, par un simple concours de circonstances. Non, elles sont permises par l’insondable Providence de Dieu. Plein de foi et animé par le courage et la magnanimité qu’elle engendre, nage sans crainte au milieu des ténèbres et de la tempête qui fait rage vers le havre paisible de l’éternité : c’est Jésus Lui-même qui, invinciblement, te guidera.
Assimile par une pieuse et profonde méditation la prière que le Seigneur adressa au Père dans le jardin de Gethsémani, à l’heure extrêmement pénible qui précéda sa passion et sa mort sur la Croix. Muni de cette prière, va à la rencontre de toute affliction et triomphe d’elle. " Mon Père ", priait le Sauveur, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme Tu veux (Matthieu 26,39).
Prie Dieu d’éloigner de toi les tribulations et, en même temps, renonce à ta volonté propre comme à une volonté pécheresse et aveugle. Livre-toi, ton âme et ton corps, ta situation présente et future, livre tes proches chers à ton cœur à la très sainte et très sage volonté de Dieu.
Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est prompt, mais la chair est faible (Matthieu 26,41). Lorsque tu es accablé de souffrance, il te faut multiplier les prières pour t’attirer une grâce particulière de Dieu. Ce n’est qu’avec l’aide d’une grâce particulière que nous pouvons surmonter les malheurs temporels.
Ayant reçu d’En-Haut le don de la patience, veille avec attention sur toi-même afin de garder, de retenir en toi la grâce divine, sinon le péché va imperceptiblement se glisser dans ton âme ou dans ton corps, et chasser la grâce divine.
Si par négligence et inattention tu laisses le péché pénétrer en toi, en particulier celui auquel notre chair est encline et qui souille à la fois le corps et l’âme, la grâce se retirera de toi, te laissant nu et solitaire. Alors la tribulation, permise pour ton salut et ta perfection, s’abattra brutalement sur toi ; elle t’accablera de tristesse, d’acédie et de désespoir, comme quelqu’un qui détient le don de Dieu sans lui témoigner la vénération voulue. Hâte-toi par un repentir sincère et résolu de rendre à ton cœur la pureté et par la pureté le don de patience, car celui-ci, comme don du Saint-Esprit, ne repose que dans les purs. Les saints martyrs chantaient une hymne de joie dans la fournaise ardente, marchant sur des clous, sur des épées tranchantes, plongés dans des chaudrons d’eau ou d’huile bouillante. C’est ainsi que ton cœur jubilera lorsque par la prière tu auras attiré à toi la consolation de la grâce, et que tu la garderas en toi par une vigilante attention à toi-même ; oui, même au milieu d’infortunes et de terribles malheurs, ton cœur entonnera avec joie une hymne de louange et d’action de grâces à Dieu.
Purifié par la Coupe du Christ, l’intellect est gratifié de visions spirituelles : il commence à voir l’universelle Providence divine, invisible aux esprits charnels ; à voir la loi de la corruption à l’œuvre en toute chose périssable ; à voir l’immense éternité proche de chacun ; à voir Dieu dans ses grandes œuvres – dans la création et la re-création du monde. La vie terrestre se présente à lui comme une pérégrination dont la fin s’approche à grands pas, dont les événements sont des songes, dont les bienfaits sont une éphémère séduction des yeux, un inconstant mais désastreux leurre pour l’intellect et le cœur.
Quel fruit produisent pour l’éternité les tribulations temporelles ? Lorsque le Ciel fut montré au saint apôtre Jean, l’un des habitants célestes lui fit voir une foule immense d’hommes rayonnants et vêtus de blanc célébrant leur salut et leur béatitude devant le trône de Dieu, et lui demanda : " Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? – Et moi de répondre, dit Jean le Théologien : Monseigneur, c’est toi qui le sais. Alors l’habitant du Ciel dit au Théologien : Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, le servant jour et nuit dans son temple ; et Celui qui siège sur le trône étendra sur eux sa tente. Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés ni par le soleil ni par aucun vent brûlant. Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux (Apocalypse 7,13-17).
Séparation d’avec Dieu, tourments éternels en enfer, commerce éternel avec le diable et avec les hommes démoniaques, flammes, froid glacial, ténèbres de la Géhenne, voilà ce qu’on peut à juste titre appeler tribulation. Oui, c’est bien cela : une grande, horrible et insupportable tribulation. Et ce sont les délectations terrestres qui conduisent à cette grande tribulation éternelle.
La Coupe du Christ, elle, préserve et sauve de cette tribulation quiconque la boit avec action de grâces et avec louange pour le Dieu qui, dans sa bonté, accorde à l’homme par l’amère Coupe d’afflictions temporelles sa miséricorde infinie et éternelle.

Extrait de la revue Buisson Ardent, no. 2 (1996).
Traduction inédite par l’Archimandrite Syméon.
Reproduit avec l'autorisation de la revue Buisson Ardent.
Le texte original, en russe, est publié 
dans Expériences ascétiques, Jordanville, NY, 1957.

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Sur la souffrance chrétienne

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)


Mon cher, la souffrance est un don de Dieu!

La mission du Christ sur terre était de sauver le monde par la souffrance, donc la souffrance apporte beaucoup d'humilité.

C'est une erreur de fuir sa propre souffrance. On est vraiment libre que lorsque l'on lutte, lorsque l'on est présent sur la Croix.

La souffrance apporte la sagesse profonde et nous fait réfléchir plus sérieusement à notre salut.

Une question se pose: comment notre cœur répond-il à la souffrance autour de nous? La plus grande chose qui nous sera demandée au Jugement Dernier est pourquoi avons-nous pas prêté plus attention à notre prochain?

Sur le péché de l'homosexualité

Dieu l'a puni par le feu! (Genèse 19: 24-25). C'est le péché le plus grave! Il est dit que ce péché accélère la Fin!

Je veux dire que ces péchés apportent le Jugement plus tôt dans le monde entier. Sauve-toi mon frère, car beaucoup chutent... Selon la parole des saints Pères ce péché très grave, de la sodomie (homosexualité), hâte le Jugement... Nous sommes maintenant à un stade avancé, car l'Occident a déjà accepté officiellement la sodomie [ mariages de même sexe] !

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ORTHODOXOLOGIE


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Autres Pensées

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)


Je ne suis pas triste d'être un vieil homme! Je ne fais rien pour moi. Tout ce que je fais, je le fais pour Dieu et pour Ses enfants.

Je ne suis pas tout à fait en faveur d'une grande ascèse. Je penche plus pour une grande vigilance! Car ce n'est pas l'ascèse [en soi] que Dieu veut de nous, mais nos cœurs brisés et humbles, et Sa présence continue dans nos vies.

J'ai vécu beaucoup de choses dans la vie et j'ai vu les merveilles de Dieu; "Je vis le Dieu invisible, j'en eus l'expérience!" Notre monde d'aujourd'hui vise à ne voir que Son contour; il veut Le toucher sous une forme charnelle.

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ORTHODOXOLOGIE


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Miscellanées

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)


La Mère de Dieu représente la race humaine.

Habituons-nous à l'autorité des paroles de la Sainte Écriture.

La paix est supérieure à la justice.

Il n'y a rien que le Christ ait dit, qui ne puisse être accompli.

Notre vie est notre témoignage! Et nous devons confesser la vérité, partout où nous sommes.

Peu importe où [qui] nous sommes, nous sommes tous pris au dépourvu, et c'est seulement par la grâce de Dieu que nous faisons les choses que nous faisons.

Si on est vindicatif, on sera redevable à Dieu. Mais si on résiste au mal alors Dieu nous "possède." 

Nous devons réfuter immédiatement toutes les pensées qui viennent à l'esprit, et elles viendront jusqu'à notre dernier souffle.

Dieu ne tardera pas à nous apporter son aide si nous avons purifié nos cœurs.

Souvent, on se compare avec un homme que l'on dit mauvais! Pourquoi ne pas essayer de se comparer aux saints Pierre et Paul, ou bien à saint Silouane de l'Athos?

Si on va demander l'avis d'un évêque ou d'un homme de Dieu [higoumène], sachons que la réponse viendra de Dieu, pas de cet évêque ou de cet higoumène. Si on se plaint à ce sujet, sachons que c'est Dieu que nous avons calomnié.

Le staretz Cleopa était un grand Père! Un grand chancelier avec beaucoup de connaissances! Il a créé une ère spirituelle. Il penchait davantage vers une œuvre ascétique avec un jeûne rigoureux, des prières et des larmes de repentir; je suis plus pour la vigilance [le réveil].

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ORTHODOXOLOGIE

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Autres Conseils

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)


Croyez en Dieu, aimez l'Église et suivez les Pères [spirituels] de l'Église. Menez votre vie sur le chemin de l'humilité. Acquérez un bon renom auprès de Christ. Persévérez plus dans la prière. Vous ne serez libre que lorsque vous ferez face avec amour à ceux qui vous haïssent! Restez toujours en Christ pour l'éternité…

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ORTHODOXOLOGIE

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Qu'est-ce que la prière?

Saint Arsène Papacioc de Roumanie (+2011)

- Qu'est-ce que la prière, le Père?

- La prière est tout, en fait. 

La prière c'est d'avoir son cœur à l'intérieur du cœur de Dieu. C'est une sorte d'éducation que l'on doit "imposer" à soi-même - être présent avec son cœur à l'intérieur de Dieu, peu importe tout ce qu'il arrive à la personne de dire pendant ce temps. 

La prière est un silence profond et un état qui dépasse l'imagination humaine. Cela consiste à parler avec Dieu - mais pas avec des mots humains. C'est quelque chose qui va complètement au-delà de soi-même. La prière est nécessaire... la prière est notre vie.

Un profond silence est une prière profonde. Et une prière profonde est comme un profond silence.

Source:

https://orthodoxologie.blogspot.com/2002/01/staretz-arsenie-arsene-papacioc.html

ORTHODOXOLOGIE

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